dimanche 25 novembre 2012

Des violences faites aux femmes

Dans une usine de textile au Bengladesh, un incendie a tué une centaine de personnes. L'usine emploie  plus de mille personnes, principalement des femmes, et ne respecte pas les normes de sécurité. C'est parce que les issues de secours étaient trop étroites que tant de personnes sont mortes. Cette usine fournit des marques telles que H&M. Ne suffirait-il pas de boycotter H&M pour faire évoluer les conditions de travail de ces femmes ? Et pourquoi ne boycotterait-on pas TOUTES les marques qui ne respectent pas - directement ou par le biais de leurs sous-traitants -des conditions de travail et de rémunération décentes pour leurs salarié(e)s  partout dans le monde ? Et si on faisait une loi pénalisant les client(e)s de H&M ? Non ? Vous vous récriez ? Pourquoi ?  On pourrait pourtant classer les conditions de travail dans cette usine au Bengladesh dans la catégorie des violences faites aux femmes. Pourquoi pas ? Il y a une différence de nature, dites-vous, entre une enseigne commerciale et un réseau de proxénétisme ? Mais est-ce vraiment certain ? Après tout, un réseau de proxénétisme est aussi - et avant tout - une entreprise commerciale. Ne pourrait-on pas soutenir que, dans les deux cas, il y a exploitation d'individus qui ne peuvent pas faire autrement ?

Pour vraiment abolir la prostitution, il faudrait abolir tout marché, jusqu'à la possibilité de faire du troc. Or, le capitalisme a triomphé. Tout s'achète et tout se vend : les semences végétales, les organes humains, la gestation pour autrui, pourquoi pas un service sexuel ?  Il se trouve des prostitué(e)s pour vouloir exercer leur activité librement : au nom de quelle morale les en empêcherait-on ? Les abolitionnistes rétorquent qu'il y a peu de prostituées indépendantes et qu'il faut abolir la prostitution pour sauver les femmes enrôlées de force. En ce cas, le débat devrait porter moins sur la prostitution que sur les organisations criminelles. Mais ce serait pour l'Etat une manière d'avouer son impuissance face aux mafias. Mieux vaut s'en prendre aux clients, plus faciles à épingler. La prostitution disparaîtra peut-être des rues de Paris mais elle refleurira dans les salons de massage, sur Internet et/ou à quelques milliers de kilomètres, la distance n'est plus un problème. Et on ne voit pas comment la prostitution, même un instant éradiquée de notre territoire, ne réapparaîtrait pas en un clin d'oeil puisqu'on est en pleine récession. A supposer qu'une politique prohibitionniste puisse être la solution,  le moment est mal choisi.

Bien que le mouvement abotionniste soit porté par les féministes, la prostitution ne concerne pas uniquement les femmes et toutes ne sont pas contraintes de se prostituer par un réseau de proxénétisme. Il existe des prostitués hommes ; il y a des prostituées femmes indépendantes qui revendiquent le droit d'exercer leur activité de manière indépendante ; c'est peut-être avant tout un problème de gangstérisme,  d' "entreprises" illégales et/ou de contrôle de l'immigration. Les prohibitionnistes, aussi bien intentionnés soient-ils, rappellent un peu la médecine allopathique qui traite les symptômes faute de savoir s'attaquer aux causes. Quant aux personnes qui en viennent à se prostituer, elles seront condamnées à une clandestinité accrue, donc à plus de dangers. Au fait, quelle reconversion proposera-t-on aux futur(e)s ex-prostitué(e)s ? Mademoidame Valaud-Belkacem aurait-elle oublié de penser à ce détail ?






mardi 13 novembre 2012

Mademoidame ou mad-maman ?

L'une des grandes conquêtes du vingtième siècle a été de dissocier la sexualité de la reproduction. Ce progrès, curieusement, semble avoir des limites. S'il est admis qu'une femme a le droit d'avoir des relations sexuelles sans encourir de grossesse, il est tout aussi communément entendu qu'elle doit avoir au moins un enfant au cours de sa vie. Comme si la maternité demeurait l'alpha et l'oméga de la féminité. Il faut que j'évoque ici les multiples pressions que j'ai subies entre trente et quarante ans - y compris de la part de médecins à qui je ne demandais rien - pour me persuader d'avoir un enfant. J'avais beau expliquer que je n'en éprouvais pas le désir, tous ces gens s'efforçaient de me convaincre du contraire. Et les jugements de pleuvoir comme des grêlons : je n'étais pas normale, j'étais égoïste, j'allais rater ma vie, je m'en mordrais les doigts... Mon petit ami de l'époque rêvait d'avoir une petite fille à mon image ; il avait mis une photo de moi bébé sur sa table de nuit. Quand les gens qui me faisaient la morale apprenaient cela, ils devenaient comme fous. Certains allaient jusqu'à me demander si  j'avais des envies de cruauté envers les enfants - comme si l'absence de désir de maternité impliquait une haine féroce et active des enfants. En voulant juste choisir ma vie, je déchaînais l'hystérie...
Bien qu'Elisabeth Badinter ait montré, dans L'Amour en plus, que le supposé "instinct maternel" est une construction historique et que les enfants n'ont pas toujours fait l'objet d'un culte béat, les mentalités ont du mal à suivre. Nos contemporains s'accrochent désespérément à l'équation femme = mère. Si encore on se contentait d'un seul enfant par femme. Il ne devrait plus échapper à personne, en cette fin 2012, que les ressources de la terre sont limitées, qu'un milliard d'êtres humains crève déjà de faim, et que le monde tourne de plus en plus au moyen de machines. Plus de machines = moins d'emplois, donc une concurrence accrue entre les êtres et les peuples, le tout dans un environnement écologique déjà fortement dégradé. Nous avons le choix entre une décroissance démographique globale d'une part, et la guerre et le fascisme d'autre part. Rappelez-vous vos cours d'histoire, l'exaltation de la maternité sous le nazisme, sous Vichy, dans l'Italie de Mussolini. Vous y êtes ? Rien n'est plus politique, Mesdemoidames et Messieurs, que le statut des femmes.
Pour finir avec le sourire, voici un exposé nudiste de Théophile de Giraud sur les dangers de la surpopulation : http://vimeo.com/35596500