samedi 23 février 2013

Des demoidames qui en ont

Il faut une sacrée dose de courage pour se dénuder en cette saison. Et les Femen ne risquent pas seulement d'attraper une pneumonie. Certaines personnes émettent des doutes sur l'efficacité politique de leur démarche de provocation. Ce qui me plaît, chez les Femen, c'est que ce sont des artistes autant que des activistes. Leurs interventions topless s'apparentent à des happenings. Leur démarche est dangereuse, avant-gardiste et, quoi qu'on en dise, terriblement efficace.
A leur sextremism, Lydia Guirous oppose dans le Huffington Post une condamnation sans appel. Elle leur reproche de mettre à mal et le féminisme, et le pacte républicain. "La laïcité" écrit Mademoidame Guirous, "n'est pas un anticléricalisme forcené, pas plus qu'elle n'invite à l'athéisme ou à l'agnosticisme." Mademoidame Guirous s'inspire visiblement de George W. Bush. Elle ne semble pas plus férue d'histoire que lui. Elle ratisse en tout cas très à droite. Lui arrive-t-il de réfléchir au sens des mots ? Ouvrons pour elle le dictionnaire :
"Agnosticisme : doctrine d'après laquelle tout ce qui est au delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable." L'agnosticisme, dans un pacte républicain, c'est le bon sens minimum.  Une république qui ne prône pas l'agnosticisme et ne repousse pas les croyances dans la sphère du privé ouvre la porte aux créationnistes et aux ayatollahs. Et que peut bien être un féminisme qui s'accommode de la religion, premier instrument de l'oppression des femmes ? En souvenir de ma grand-mère charcutière, appelons ça de l'eau de boudin.


jeudi 14 février 2013

Sexe, vaisselle et rock'n roll

Avez-vous vu passer le 30 janvier un article intitulé "Faire la vaisselle nuit à l'activité sexuelle" ? http://next.liberation.fr/sexe/2013/01/30/faire-la-vaisselle-nuit-a-l-activite-sexuelle_877924 D'après un questionnaire auquel ont répondu 7002 personnes, les couples dans lesquels l'homme participe aux tâches ménagères feraient moins l'amour que les autres. J'ai demandé à mon chéri s'il pensait qu'on ferait plus l'amour s'il ne faisait pas la vaisselle, et on a rigolé. Mais combien de gens prennent ce genre d'étude au sérieux ? Combien de milliers d'études a-t-on déjà faites sur des sujets similaires ? Si on pouvait additionner tout l'argent investi dans ce type de "recherche" depuis quarante ans, on arriverait à des sommes invraisemblables.
M'intéresse ici le commentaire d'un des chercheurs : «Il existe une sorte de scénario sexuel bien défini par le genre, dans lequel se conduire selon ce genre est important pour la création du désir sexuel (...)" En clair : la différence sexuelle nous excite. C'est probablement vrai puisque des couples homos la reproduisent. Ce serait la preuve aussi que tout se passe largement dans la tête. Le symbolique, quoi. La psychanalyse et l'ethnologie nous avaient déjà mis sur la piste. Nous sommes mus par nos représentations. Nous voudrions croire dur comme fer qu'elles sont inscrites dans la nature parce que des institutions dépensent des milliards et des millards de dollars pour essayer de le prouver. C'est que c'est un enjeu politique, au sens premier du terme : organisation de la société. Bonne occasion de reparler du numéro de Sciences et avenir consacré au neurosexisme : http://odilesolomon.typepad.fr/files/sciencesaveni-dossier_fév2012.pdf .
Illustration trouvée sur Facebook, source inconnue mais la faute d'orthographe indiquerait plutôt une origine récente.