vendredi 26 avril 2013

Mais c'est quoi au juste, le féminisme ?

Voici un lien vers une interview de Delphine Beauvois dans Rage Magazine.  http://ragemag.fr/delphine-beauvois-le-feminisme-est-indissociable-de-la-lutte-des-classes Gros titre : "Le féminisme est indissociable de la lutte des classes". Juste au-dessus du titre, dans un vidéoclip intitulé We Might Be Dead By Tomorrow, deux femmes nues en train de s'embrasser dans le bleu turquoise d'une piscine. Ce message subliminal dit que le féminisme est en fait indissociable de l'homosexualité - ce qui est complètement faux bien sûr. C'est juste une manière de manipuler l'internaute. Il s'agit de faire du féminisme un phénomène minoritaire dans lequel la majorité des femmes ne puisse pas se reconnaître. Quant à la lutte des classes prétendument associée au féminisme, elle est démentie par le fait que des féministes de droite comme de gauche s'accordent sur nombre de sujets. Le féminisme n'est pas une orientation sexuelle, même si des féministes sont lesbiennes, et ce n'est pas non plus une lutte de classes (les femmes ne constituent pas une classe sociale) même si les féministes médiatisées sont souvent (avant tout) des politiciennes.
Il ne faut pas avoir honte du mot féminisme dès lors que l'on aspire à l'égalité entre les sexes. Toute personne révoltée par le fait que des femmes puissent ne pas avoir les mêmes droits que les hommes est féministe. Les féministes officielles n'ont pas le monopole du féminisme, pas plus que les mouvements nationalistes n'ont le monopole du patriotisme. Vous trouvez injuste que les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes ? Alors vous êtes féministe. Que vous soyez une femme ou un homme. A moins d'être masochiste, toute femme devrait se dire féministe. Tout homme aussi. Pourquoi ? Parce qu'il y gagne, si, si ! Historiquement, le féminisme a libéré les hommes autant que les femmes. L'avènement de la contraception a transformé la vie des femmes et des hommes. Votre grand-père était obligé de pratiquer le coïtus interruptus, sinon vous auriez six oncles et tantes supplémentaires. Vous voyez bien, Monsieur, que le féminisme est une bonne chose pour vous aussi.







dimanche 14 avril 2013

Seins dessus dessous

Je viens encore de lire une critique virulente des Femen. On leur reproche, entre autres choses, d'être trop bien roulées. Leur plastique avantageuse serait une insulte à la majorité des femmes. Cette accusation ferait rire si elle n'était pas si largement relayée. La semi-nudité des Femen devrait être un non-événement ; c'est une révolution. A croire qu'on n'avait jamais vu la moindre paire de nénés avant !  "Nous voyons souvent des hommes torse nu à la plage, cela ne choque personne, ...." remarque de son côté Amina, 19 ans, qui a tenté d'introduire le mouvement Femen en Tunisie. Qu'a-t-elle commis, Amina, pour recevoir des menaces de mort et se retrouver séquestrée par sa famille? Les mamelons pudiquement dissimulés derrières des carrés, elle s'est exposée sur Facebook avec, écrit sur le torse : "Mon corps m'appartient et il n'est l'honneur de personne". De ce corps qui lui appartient bel et bien, elle ne dévoilait rien de plus que ce qu'elle aurait montré à la piscine. Il est de toute manière impossible de montrer sa poitrine sur Facebook. La censure sur le réseau social s'étend aux femmes qui allaitent. Cachez ce sein que je ne saurais voir ! Les Tartufe se frottent les mains.
Les seins font encore parler d'eux, cette fois suite à une pseudo étude consacrée au soutien-gorge. L'auteure de l'article rappelle qu'en 1968, les femmes envoyèrent valser le soutien-gorge en signe de libération. Ce qu'elle ne dit pas, c'est que le soutien-gorge fut longtemps interdit dans les prisons françaises. C'était une façon d'humilier les détenues, peut-être aussi de les empêcher de se pendre. Elles se retrouvaient en position d'infériorité face à des gardiennes dûment soutenues.  Le soutien-gorge peut donc être, aussi, l'attribut de la liberté. C'est toute l'ambivalence des symboles.
Et enfin, une étude montre que les hommes pauvres seraient attirés par les gros seins, qui seraient une promesse de bien manger... http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/03/28/le-plantureux-mystere-du-sein-permanent_3149806_1650684.html

mardi 2 avril 2013

Taille réelle

Les Suédois ont créé l'événement en lançant des mannequins "taille réelle". Les vêtements présentés dans les vitrines passent de la taille 36 à la taille 42. Tout l'internet s'en est félicité, au motif que cela représente mieux la majorité des femmes et que le diktat de la minceur extrême encourage des jeunes filles à devenir anorexiques. Certes. Mais le surpoids est en augmentation dans la population. Avec les problèmes qu'il entraîne, c'est un enjeu de santé publique au moins aussi inquiétant et bien plus répandu que l'anorexie. Faudra-t-il de nouveau déplacer le curseur de la norme dans vingt ans, à la taille 44 ?
Les femmes rondes étaient à la mode du temps où manger plus que nécessaire était un privilège de riche. Le glissement des valeurs auquel nous sommes en train d'assister annonce-t-il un bon en arrière où seuls les nantis auront les moyens de s'empiffrer ? Ou témoigne-t-il simplement de la victoire d'une industrie agro-alimentaire cynique et toute-puissante ? Pendant qu'on se révolte contre la norme de la minceur, pense-t-on à s'insurger contre les chaînes de fast-food qui nous empoisonnent et nous font grossir (en nous montrant de belles femmes minces se gavant de produits sucrés ) ? Une femme est-elle plus libre et plus heureuse en laissant s'accumuler des kilos superflus qui lui donnent diabète et cholestérol, réduisent sa mobilité, bref, la cantonnent une fois de plus à la maison ?

A lire aussi :  http://www.acrimed.org/article3913.html