tag:blogger.com,1999:blog-79892825900156169442024-03-04T23:31:35.819-08:00MademoidameMadame ou Mademoiselle ? Mademoidame.Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.comBlogger98125tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-5926734422514668472014-11-18T14:05:00.002-08:002014-11-19T08:07:14.595-08:00Quatre ans et demi de mademoidame<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY1B8XX6i1zcZ4X_qwOxlZeKxr1hYA7rkAhuxTvv1JwyzaLxmbLAoEmei0flj9VDKPFGi9ZKfuBPiuVnQj_E5M7-oaWa3V1345zJiEc1Z2ZuJb1ep60Q6NuTPE8jiywei-CQ7D2_Gu_ZcQ/s1600/rails.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY1B8XX6i1zcZ4X_qwOxlZeKxr1hYA7rkAhuxTvv1JwyzaLxmbLAoEmei0flj9VDKPFGi9ZKfuBPiuVnQj_E5M7-oaWa3V1345zJiEc1Z2ZuJb1ep60Q6NuTPE8jiywei-CQ7D2_Gu_ZcQ/s1600/rails.jpg" /></a></div>
<h4>
Déjà ?!</h4>
Ceci est le 99ème post de ce blog. L'occasion de
changer prochainement de formule, de format, de plateforme. Ce blog
existe depuis trois ans et demi, quatre ans et demi si on tient compte
du <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2010/03/mademoidame.html" target="_blank">premier article</a> paru en 2010 (d'abord sur un autre blog, puis rapatrié ici).<br />
Au
départ, je croyais naïvement qu'il suffisait de s'adresser à
l'intelligence des gens : on leur expliquait en quoi la différenciation <i>madame/mademoiselle</i>
est aberrante, illogique, ringarde et discriminatoire, et - sauf pour
les plus cons - ils changeaient de vocabulaire. Soit ils adoptaient <i>mademoidame</i>, soit ils trouvaient un autre terme, soit ils se contentaient du <i>madame </i>universel, ce n'est pas la meilleure solution mais c'est toujours mieux que le binôme <i>madame/mademoiselle</i>.<br />
Pourquoi, demandent les nouveaux venus, le <i>madame </i>universel n'est-il pas la bonne solution ? Parce que le mot <i>madame </i>renvoie à la femme mariée, à<i> l'épouse </i>de <i>monsieur</i>.
Parce qu'il ramène les femmes à la maternité, alors que la vraie
libération passe par un affranchissement de la maternité, laquelle
devrait être une option et non une norme. Et, enfin, parce qu'il est
plus facile d'ajouter un mot que d'en enlever un ; plus facile
d'introduire le <i>mademoidame </i>universel que d'interdire aux gens de dire <i>mademoiselle</i>. Pour résumer.<br />
<br />
<h4>
Petit rappel historique</h4>
Depuis
mes dix-huit ans, j'attendais sagement que les féministes veuillent
bien s'emparer de la question des civilités. Les décennies passaient.
J'ai fini par retrousser mes manches, écrire un premier article puis, en
mars 2011, j'ai commencé ce blog. J'ai diffusé un communiqué de presse,
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=OJlOpq57JxI" target="_blank">mobilisé quelques amies</a>, un magazine féminin a publié un <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2011/05/mademoidame-dans-la-presse.html" target="_blank">entrefilet</a>.
J'écrivais à toutes sortes de sites et d'associations féministes, en
vain. En mai 2011, finalement, j'ai reçu un mail d'Osez Le Féminisme :
elles entamaient une réflexion sur le sujet. Il était temps. Une grosse
association ne pouvait quand même pas se laisser doubler par une
franc-tireuse.<br />
Elles m'ont invitée à une réunion. Elles étaient
une bonne vingtaine autour de tables disposées en rectangle. J'avais fait une
insomnie la veille et j'avais l'impression que mon oral ne se déroulait
pas au mieux. À part les deux responsables, qui avaient du savoir-vivre,
les autres étaient ouvertement hostiles : des filles de vingt-cinq
trente ans, certaines terriblement prout-prout, qui pinçaient les
narines et repoussaient avec mépris le papier que j'avais distribué. J'étais quand même drôlement contente d'être là,
drôlement contente de voir que ça bougeait enfin. La suite de l'histoire est connue : grâce
à leur force de frappe, les demoidames d'OLF ont lancé un débat quasi
national en septembre 2011. Pour la première fois en France, on a évoqué
à grande échelle, dans les médias, ce qu'implique d'être appelée <i>mademoiselle </i>ou <i>madame</i>. Encore ne s'agissait-il que du traitement administratif (suppression de la case <i>mademoiselle</i>), mais c'était déjà énorme. <br />
<br />
<h4>
Vous avez dit "indépendante" ?</h4>
Tout au long de ce blog, j'ai essayé de montrer la complexité de l'emploi des civilités, ainsi que le véritable <i>tabou </i>que ce sujet constitue. À l'époque où j'essayais de nouer des contacts avec les
féministes, j'écrivais aussi à des universitaires, sans plus de succès.
Il y aurait des thèses à
faire sur les occurrences et les polysémies de <i>madame </i>et de <i>mademoiselle</i>.
Mais nous sommes en France, pays du snobisme intellectuel, à l'époque
du conformisme absolu instauré par les réseaux sociaux. Une petite bonne
femme sur Blogger ne peut pas avoir quoi que ce soit d'intéressant à
dire, voyons ! Si encore chacun de ses articles était suivi de cinquante
commentaires et d'autant de partages sur Facebook ! C'est vrai que je
ne me suis pas foulée pour la promo. Je n'ai pas entretenu le réseau des
<a href="https://www.youtube.com/watch?v=OJlOpq57JxI" target="_blank">mademoidames</a>,
pas sollicité mes amis pour poster des commentaires, pas écrit au moins
un article par semaine, bref, je n'ai rien fait de ce qu'il aurait
fallu pour devenir <i>populaire</i> - ce mot détestable. Pire, j'ai tenu des propos antinatalistes et je suis contre la pénalisation des clients de la prostitution, qui sera impossible à appliquer et rendra la condition des prostituées encore plus difficile. Le discours ambiant nous enjoint à l'<i>authenticité</i>, mais la seule authenticité admise est celle qui reste dans les rails. <br />
<br />
<h4>
La suite</h4>
Alors, quelle suite à donner à cette centaine d'articles ? Ce blog a peut-être déjà rempli sa fonction et il n'y a rien de plus à faire. D'un autre côté, j'aime toujours autant le mot <i>mademoidame </i>et je n'ai pas envie de le laisser tomber. Mais comment promouvoir un mot ? Il faudrait s'y prendre autrement. Oui, mais comment ? Euh, je peux obtenir un délai de réflexion jusqu'au centième article ?<br />
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<br /><br />
<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-17221000284915922572014-10-19T12:44:00.000-07:002014-10-19T12:44:17.553-07:00Coucou, fais-moi peur<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidK5rbEfhcfol0oN4cjLBlVUmed-7BnClUmKu5keWWQ7CXZuK4M5e4wJYjh9_QL6xgePYum31TPTmHv5ItmewN-SzNWS8cYV8h_DPRLQvp2gLbRN26FxSbLr3hXSm1SPFvtxoWfNCaGnKr/s1600/citrouilleSMALL.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEidK5rbEfhcfol0oN4cjLBlVUmed-7BnClUmKu5keWWQ7CXZuK4M5e4wJYjh9_QL6xgePYum31TPTmHv5ItmewN-SzNWS8cYV8h_DPRLQvp2gLbRN26FxSbLr3hXSm1SPFvtxoWfNCaGnKr/s1600/citrouilleSMALL.jpg" height="145" width="200" /></a></div>
L'approche d'Halloween est l'occasion de rappeler que les femmes ont toujours fait peur aux hommes, ou plus exactement, aux machistes. Il faudrait évoquer la Bible, Saint Paul, le Moyen-Age, Sigmund Freud, etc. On pourrait expliquer toute l'histoire de la domination des hommes sur les femmes par la trouille que celles-ci infligent à ceux-là. <br />
Cette peur est fantasmatique. Dans la réalité, ce sont les hommes qui - pour ne prendre qu'un exemple - tuent les femmes dans les violences conjugales. Le contraire est infiniment plus rare. Les hommes ont moins à craindre la violence physique des femmes que l'inverse. Leurs peurs tiennent plutôt à leurs propres désirs, et à des angoisses de castration : la peur du vertige que le désir provoque, la peur d'une défaillance érectile, la peur d'être comparé à d'autres hommes, etc. Les machistes sont terrifiés par les femmes, d'où leur agressivité. Ils transforment leur angoisse en haine. Ils inventent des ceintures de chasteté, des sociétés où la virginité d'une femme est plus importante que sa vie, des mutilations horribles telles que l'excision et l'infibulation. Dans leur optique délirante, non seulement les femmes ne doivent pas jouir, mais elles doivent souffrir. C'est que les machistes craignent moins les femmes -ils disent souvent <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2014/03/la-femme-ou-les-femmes.html" target="_blank">"la" </a>femme - que la libido des femmes. Élevés dans le culte de la compétition, ils se sentent menacés par la sexualité féminine. La <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2014/10/01/tu-veux-ou-tu-veux-pas-sophie-marceau-patrick-bruel-nymphomanie_n_5906970.html?ir=France" target="_blank">nymphomane </a>occupe une place particulière dans leurs représentations. Elle incarne avec exagération tout ce qui les épouvante et les excite à la fois. <br />
Dans le film <i><a href="https://www.youtube.com/watch?v=1bk_6dwL6hM" target="_blank">Calmos</a></i> (1975), deux hommes partent à la campagne pour fuir les femmes et leurs désirs. Bien que ce film soit vu comme un monument de misogynie et que <a href="http://www.telerama.fr/cinema/bertrand-blier-pour-moi-il-n-y-a-plus-de-cinema,59345.php" target="_blank">Bertrand Blier lui-même le renie dans une interview</a>, je le trouve intéressant et beau comme une œuvre surréaliste. Il me fait penser à Fellini, à Buñuel, à <i>La Grande Bouffe</i> de Marco Ferreri. Je ne révèle pas la fin pour préserver l'effet de surprise mais je vous garantis que c'est du grand délire, et qu'il y a dans tout ce film des moments de grand cinéma. <br />
Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-5160770574660606982014-10-05T04:25:00.001-07:002014-10-05T05:16:32.751-07:00Nom d'un chien<span id="goog_380891743"></span><span id="goog_380891744"></span>"C'est votre nom de jeune fille ou votre nom d'épouse ?" demande la secrétaire du laboratoire d'analyses médicales. Je lui réponds que c'est mon nom. Elle réitère sa question. Je réitère ma réponse. Elle prend une grande inspiration et demande, pour la troisième fois, si c'est mon nom de jeune fille ou d'épouse. "Ecoutez, c'est mon nom, mon nom tout court. Je n'ai pas d'autre réponse à vous faire." "Alors c'est votre nom de jeune fille !" conclut-elle triomphalement. Je réplique : "D'une part, on ne dit plus nom de jeune fille mais nom de naissance, d'autre part, aucune loi n'oblige une femme à prendre le nom de son mari, vous n'êtes pas au courant ? " "Oh, ça va, ne ne vous énervez pas !" Elle se tourne vers sa collègue avec un geste de l'index en direction de la tempe, comme pour douter de ma santé mentale. Moi aussi, je doute de sa santé mentale. Je n'arrive pas à croire qu'elle ne soit jamais tombée sur un <a href="http://rue89.nouvelobs.com/2014/09/26/sexisme-mariee-jai-bataille-a-banque-conserver-nom-254998" target="_blank">article traitant de cette question</a> - il en existe un certain nombre - ni, surtout, qu'elle ne se sente aucunement concernée. En tant que femme, elle pourrait au moins y réfléchir. Il y va de son intérêt personnel. C'est quand même pas compliqué à comprendre, nom d'un chien !<br />
<br />
<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-21374213982791924992014-09-22T05:06:00.000-07:002014-10-18T14:21:58.107-07:00Climat<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLj8DH77eVlsDb5gedP6VbF1gQPkj6OtI_Vp69KVkdNP6XJQ1AgRSyn83EeQsuZf02KKWE4l_ecmhXQGMhumFuZE6hhEq5QUy9L9HgR7Cpv7yEzUBds_TEjKLzMf5GxmQuvLKhDxyUWEzQ/s1600/PopulationChart.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiLj8DH77eVlsDb5gedP6VbF1gQPkj6OtI_Vp69KVkdNP6XJQ1AgRSyn83EeQsuZf02KKWE4l_ecmhXQGMhumFuZE6hhEq5QUy9L9HgR7Cpv7yEzUBds_TEjKLzMf5GxmQuvLKhDxyUWEzQ/s1600/PopulationChart.jpg" height="193" width="320" /></a></div>
Des gens se sentent suffisamment concernés par le dérèglement climatique pour participer à une <a href="http://www.lemonde.fr/planete/article/2014/09/21/climat-manifestation-a-paris-pour-mettre-la-pression-sur-les-chefs-d-etat_4491530_3244.html" target="_blank">manifestation</a>. Les générations futures sont évoquées, mais on ne fait pas le lien entre <a href="http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2014/09/21/lexplosion-demographique-ne-sarretera-pas-au-cours-de-ce-siecle/" target="_blank">croissance démographique</a> et dégradation de l'environnement. La <a href="http://www.sciencesetavenir.fr/decryptage/20140919.OBS9738/chiffre-plus-de-12-milliards-d-habitants-en-2100.html" target="_blank">surpopulation </a>reste un sujet tabou. Que les prévisions nous fassent arriver à douze ou "seulement" <a href="http://tempsreel.nouvelobs.com/planete/20140919.OBS9688/nous-serons-11-milliards-d-habitants-a-la-fin-du-21e-siecle.html" target="_blank">onze milliards d'humains</a> en 2100, on continue de raisonner comme si les ressources sur terre étaient illimitées. Comme si un milliard de nos semblables ne mourait pas déjà de faim. Comme si les machines ne remplaçaient pas les gens partout, condamnant les enfants qui naissent à un chômage certain. Des rats affamés dans une cage finissent par se dévorer entre eux. Paradoxalement, l'instinct qui pousse les humains à se
reproduire (dans un but de survie illusoire) pourrait bien causer la perte de l'espèce toute entière.<br />
Selon une étude anglaise, <a href="http://www.express.be/joker/fr/platdujour/plus-une-femme-est-intelligente-et-moins-elle-est-susceptible-de-devenir-mere/194059.htm" target="_blank">les femmes les plus intelligentes</a> seraient moins enclines que les autres à faire des enfants. Faut-il en conclure que les Françaises ne sont pas futées ? <a href="http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2013/03/28/01016-20130328ARTFIG00377-les-francais-champions-de-la-natalite-malgre-la-crise.php" target="_blank">Malgré la crise,</a> elles continuent à faire de la France un des pays d'Europe où la natalité est la plus forte. Il faut dire que la pression sociale s'exerce sans relâche. Sans parler des allocations familiales, versées même aux plus riches en ces temps de disette budgétaire. <br />
Heureusement, des voix divergentes commencent à se faire entendre. L'expression <a href="http://gadiouka.wordpress.com/2014/07/14/childfree-pourquoi-comment/comment-page-1/#comment-24" target="_blank"><i>childfree </i></a>entre peu à peu dans le langage courant. Il faut déconstruire le conditionnement selon lequel une femme est par définition une mère. Les femmes ont tout à y gagner. On ne les empêchera pas de faire des bébés si vraiment elles le désirent, mais toutes devraient lire <a href="http://www.voici.fr/news-people/actu-people/anemone-l-actrice-regrette-d-avoir-eu-des-enfants-402288" target="_blank">les courageuses déclarations d'Anémone</a>. Et puis, <a href="http://www.liberation.fr/terre/2012/06/15/le-scenario-de-l-effondrement-l-emporte_826664" target="_blank">on vous le dit</a>, l'avenir de la terre n'est pas au beau fixe. A moins d'être un(e) égoïste forcené(e) et/ou un(e) imbécile, il faut prendre le temps d'y réfléchir avant de foncer tête baissée.Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-2565376101108103582014-09-04T12:56:00.000-07:002014-09-04T13:13:26.922-07:00Encore un nouveau mot<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
Il faut reparler du voile. Quelque chose ne va pas dans <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2014/08/mademoidame-la-plage-souvenir-de.html" target="_blank">l'argumentation culpabilisante de mademoidame Delphy</a>. Il est un peu facile de ramener toutes les prises de position contre le voile à des motivations racistes. Il y a des racistes en France, mais il y a aussi des gens réellement soucieux d'émancipation et de laïcité. Le malaise provoqué par la vue d'une femme intégralement voilée ne relève pas uniquement de ce qu'on appelle à tout bout de champ l'<i>islamophobie</i>. Voilà encore un mot qui brouille tout. Le problème n'est pas l'islam mais l'islamisme, et il serait plus exact de parler d'<i>islamismophobie</i>. Ainsi on ne viserait ni les personnes ni leur religion, mais une idéologie relativement récente, importée à coups de pétrodollars, où les femmes forment une sorte de bétail uniquement destiné à la reproduction. Où elles sont <a href="http://www.tunisiadaily.com/2013/12/05/fatwa-la-femme-qui-se-baigne-dans-la-mer-commet-ladultere-et-doit-etre-punie/#" target="_blank">interdites de bains de mer</a>. Même si, bien sûr, le bain de mer n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan de leur condition. <br />
<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-44926654010171097512014-08-29T14:52:00.000-07:002014-08-29T15:06:38.366-07:00Mademoidame à la plage (souvenir de vacances)<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYPW4WA0mr4IwYgSo0KRklDpBDVCbo0GNWbbs9Me9EUS6sUfxw89GaQcT72v7akfSBJ3U5qN5WeeF-Gz4e2QDm94dw98jA3t9AOlvPKJPVjFZaO2PySKu23s2sryWq8Q1zMRjhWj9TUTbS/s1600/la+plage3.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiYPW4WA0mr4IwYgSo0KRklDpBDVCbo0GNWbbs9Me9EUS6sUfxw89GaQcT72v7akfSBJ3U5qN5WeeF-Gz4e2QDm94dw98jA3t9AOlvPKJPVjFZaO2PySKu23s2sryWq8Q1zMRjhWj9TUTbS/s1600/la+plage3.jpg" height="76" width="400" /></a></div>
Sur le front de mer se promenaient quatre jeunes filles voilées, chaperonnées par leur mère également voilée. L'aînée triturait son i-phone en se donnant l'air affairé. La plus jeune lorgnait vers le large. Les deux autres fixaient le sol avec résignation. Leurs habits et leurs voiles étaient faits d'un tissu très épais, marron pour les unes, noir pour les autres. Il faisait bien trente degrés. Elles devaient crever de chaud. Quelle idée leur mère avait-elle eue en les emmenant là ? A quoi bon leur montrer la plage quand le maillot de bain, et par conséquent la baignade, leur étaient interdits ?<br />
De l'autre côté du parapet, des femmes bronzaient seins nus. <br />
Pour <a href="http://lmsi.net/Antisexisme-ou-antiracisme-Un-faux,828" target="_blank">Christine Delphy</a>, l'interdiction du voile est une mesure raciste qui, même sous couvert d'antisexisme, est une mesure <i>contre </i>les femmes concernées. Mademoidame Delphy met sur le même plan le voile et la "<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/antoine-montpellier/180813/l-islamophobie-la-francaise-entretien-avec-christine-delphy-seconde-partie" target="_blank">disponibilité sexuelle requise des femmes et signifiée notamment par les vêtements sexy</a>". Sans doute n'aurait-elle vu qu'un muret entre les femmes aux seins nus et les femmes voilées, et elle aurait compté pour rien la possibilité de se baigner. Mais au fait, pourquoi n'existe-t-il pas de costumes de bain islamiques ? Il y avait bien en 1900 des accoutrements cent pour cent conformes à la pudeur.<br />
Les femmes voilées ont continué leur pénible promenade. De loin, on aurait dit des corbeaux. Puis un type est arrivé, sur son tee-shirt était écrit : "Make love, not babies", c'était quand même plus drôle.<br />
<br />
<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-57369955146459118322014-08-08T00:01:00.000-07:002014-08-08T01:57:18.062-07:00Mademoidame, Monsieur, bonjour<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWrTxNbZt70H-dLZnx1sVJU2PEYJJ0EPtU8vz_vFsj8LFIiQwSGpFgQzffupCOlPFVMpl5adfVnQ6CEK1v1MsCWFm63sBy6iEpSUDDeHeS62ve3U6tRsNSgH44EjY8mOrUH9BABxT9mOnQ/s1600/poup%C3%A9es.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWrTxNbZt70H-dLZnx1sVJU2PEYJJ0EPtU8vz_vFsj8LFIiQwSGpFgQzffupCOlPFVMpl5adfVnQ6CEK1v1MsCWFm63sBy6iEpSUDDeHeS62ve3U6tRsNSgH44EjY8mOrUH9BABxT9mOnQ/s1600/poup%C3%A9es.jpg" height="200" width="149" /></a></div>
Au wagon-bar du train est arrivée une toute jeune fille qui portait un bébé dans un kangourou. Elle avait 14 ou 15 ans. Le barman lui a dit <i>madame</i>.<br />
Le bébé n'était peut-être que le petit frère de l'adolescente. Le barman disait peut-être <i>madame </i>à toutes les femmes. Cette deuxième hypothèse semble toutefois improbable. La SNCF reste passéiste concernant les civilités : quand vous achetez un billet en ligne, vous avez le choix entre <i>Monsieur</i>, <i>Mademoiselle </i>et <i>Madame</i>, et tout voyage débute par un "<i>Madame, Mademoiselle, Monsieur</i> bonjour" particulièrement irritant. Je parierais que le barman pensait avoir affaire à une jeune maman, et qu'il lui disait <i>madame </i>à ce titre.<br />
<br />
La maternité est un critère déterminant pour distinguer les <i>dames </i>des <i>demoiselles </i>dans la société française d'aujourd'hui. La société française reste très nataliste, et s'accroche de toutes ses forces à la distinction madame/mademoiselle. Il faut s'en étonner. Pourquoi serait-il normal de dire <i>madame </i>à une maman ? Pourquoi serait-il normal de distinguer certaines femmes des autres ? Serait-il normal d'employer un mot différent selon la couleur de la personne à qui l'on s'adresse ? Ce serait du racisme. Appliqué aux femmes, on appelle ça du sexisme. Notez que la tonitruante campagne menée par OLF en 2011 pour la "suppression de la case mademoiselle" prônait le <i>madame </i>universel plutôt qu'une civilité nouvelle telle que <i>mademoidame</i>. C'est que la plupart des féministes officiel(le)s sont natalistes, comme le reste de la société. Le <i>madame </i>généralisé s'inscrit dans une vision du monde où les femmes sont des mères en puissance. L'injonction nataliste ne faiblit pas, alors même que les machines remplacent partout les gens et que de plus en plus de femmes osent dire qu'elles n'ont pas envie de se reproduire.<br />
Les civilités sont peut-être un détail, mais un détail qui en dit long sur la mentalité ambiante. Le fait même qu'elles soient peu étudiées montre à quel point elles sont ancrées dans l'<i>inconscient </i>collectif. Posez-vous la question la prochaine fois que vous entendrez <i>madame </i>ou <i>mademoiselle</i>. Voyez comme, derrière la façade de l'évidence, les choses ne vont pas de soi. Bienvenue, Mademoidame, Monsieur, dans ce champ de réflexion encore peu fréquenté. Et bravo pour votre audace et votre curiosité ! Il en faut, pour ne pas se cantonner aux sites où tout le monde va.<br />
<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-58044172694480645892014-07-22T11:56:00.000-07:002014-07-23T00:12:07.549-07:00Passera, passera pas ? <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGPCk5PTd-D9GDGpqwZTFG8GV-U65Xlcbi8GZ5GUxral-J1qbsjlc8UsTID5G2nBGG-nClh5zicBVeJgtXMnPmtBZVR5sJ8R_3OgnzfLY_DoTzT1cOcXLxt5gLt4QQ7Q3gVxRU5bkrjj6R/s1600/pte+bonnne+femme.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGPCk5PTd-D9GDGpqwZTFG8GV-U65Xlcbi8GZ5GUxral-J1qbsjlc8UsTID5G2nBGG-nClh5zicBVeJgtXMnPmtBZVR5sJ8R_3OgnzfLY_DoTzT1cOcXLxt5gLt4QQ7Q3gVxRU5bkrjj6R/s1600/pte+bonnne+femme.jpg" height="320" width="239" /></a></div>
Alors que le débat sur la prostitution s'était un peu calmé et que <a href="http://www.liberation.fr/societe/2014/07/09/loi-sur-la-prostitution-des-senateurs-trappent-la-penalisation-des-clients_1060858" target="_blank">la pénalisation du client semblait acquise, on apprend que les sénateurs en ont rejeté l'article</a>. La proposition de loi sera réexaminée ultérieurement. De quoi alimenter les réseaux sociaux encore tout l'été. Les partisans de la pénalisation du client voient la prostitution comme un effet de la domination des hommes sur les femmes, oubliant qu'elle résulte au moins autant d'une société de l'argent où tout s'achète et se <i>consomme</i>. Ils mettent en avant que les prostituées sont avant tout des femmes, alors que des hommes aussi se prostituent, et que leurs clients sont parfois des clientes.<br />
Il m'est arrivé, dans la rue, d'être abordée par un jeune type qui proposait ses services. Il racolait, exactement comme ses consœurs, à quelques différences près bien sûr : c'était moins dangereux pour lui que pour une femme, et il mettait probablement plus de temps à lever une cliente. Les féministes officielles objecteront que cette prostitution-là est marginale, pourtant elle est bien réelle, et quelle réponse lui apporter ? Faut-il pénaliser les client<u>es</u> qui auraient recours à <u>un </u>prostit<u>ué</u> ? Et faut-il protéger les prostit<u>ués</u> gay de la domination masculine <u>au nom des droits des femmes</u> ? Voilà qui ne manquerait pas de piquant.<br />
Et puis <a href="http://www.liberation.fr/societe/2014/07/17/les-femen-montrent-leurs-seins-aux-senateurs-qui-restent-cois_1065842" target="_blank">les Femen font irruption au Sénat.</a> J'en étais restée à quand les féministes officielles n'avaient pas de mots assez durs pour critiquer les Femen, mais maintenant les Femen leur donnent un coup de main. J'ai dû louper des épisodes. Et pourquoi ces demoidames montrent-elles leurs nénés ? <span class="userContent">Pour essayer de faire passer coûte que coûte
la pénalisation des clients, une perspective qui a pour effet
de les rendre encore plus exigeants, de faire baisser les prix, et de
pousser les prostituées à prendre toujours plus de risques. Et on voudrait nous faire croire que c'est un progrès. </span>Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-73013967170681233932014-06-21T02:51:00.001-07:002014-11-28T08:51:56.229-08:00Mince alorsDans le métro, un jeune homme a cédé sa place à une énorme jeune femme en lui disant : "Tenez Madame, asseyez-vous." Ravie, elle a pris le strapontin. Je me suis dit qu'à sa place, j'aurais eu honte d'être traitée comme une handicapée. Elle avait l'âge auquel toutes les autres sont appelées <i>mademoiselle</i>. Comme déjà remarqué sur ce blog, les grosses reçoivent systématiquement du <i>madame</i>. Ont-elles plus de poids social pour autant ? Le <i>madame </i>constitue-t-il une promotion ? <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2013/04/taille-reelle.html" target="_blank">Les mannequins grande taille</a> font-ils avancer la cause des femmes ? Comment expliquer la persistance de cette discrimination que font presque tous les gens entre les grosses (<i>madame</i>) et les minces ( <i>mademoiselle</i>) ? Et bien sûr entre les vieilles (<i>madame</i>) et les jeunes ( <i>mademoiselle</i>) ? Imaginerait-on employer un mot différent selon qu'une personne est blanche ou noire ? N'est-ce pas que c'est choquant ? Alors, pourquoi continue-t-on ? Quand il suffit de dire<i> mademoidame</i>. Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-39050663564163186982014-06-01T08:30:00.000-07:002014-06-01T08:30:32.717-07:00Mamie dans le métro<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHU-VUNLsmWyN2WNvowNKHE5DdDxNRxxAJxA6Uf_KT5wiTXn0y5KeRx1yxBRNOKTOfBpe3D-QgNO7Xlb0QZdOwA_rqHWA7WJFuQ26hujizIA4V3Gi0DpCDZY-c6urk1-std3bjrbByr2kN/s1600/m%C3%A9tro+tunnel+small.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgHU-VUNLsmWyN2WNvowNKHE5DdDxNRxxAJxA6Uf_KT5wiTXn0y5KeRx1yxBRNOKTOfBpe3D-QgNO7Xlb0QZdOwA_rqHWA7WJFuQ26hujizIA4V3Gi0DpCDZY-c6urk1-std3bjrbByr2kN/s1600/m%C3%A9tro+tunnel+small.jpg" height="320" width="227" /></a></div>
Au hasard de la toile, je suis tombée sur une <a href="http://tvmag.lefigaro.fr/programme-tv/article/fiction/81645/corinne-touzet%C2%A0-%C2%A0en-amour-j-ai-arrete-de-mentir%C2%A0-.html" target="_blank">interview de Corinne Touzet, comédienne</a>, qui déclare : "C'est viscéral chez une femme d'avoir envie de donner un enfant à l'homme qu'elle aime." C'est sans doute vrai pour elle si elle le dit, mais faut-il pour autant en faire une généralité ? L'équation <i>amour = faire un enfant</i> ne résulte-t-elle pas surtout d'une injonction normative répétée comme un mantra ? Ce que nous prenons pour des vérités indiscutables est susceptible d'évoluer au cours du temps. Ainsi, <a href="http://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/2013/04/07/quand-les-femmes-partie-1/" target="_blank">le désir sexuel des femmes supposé moindre que celui des hommes</a> est une construction historique de deux siècles à peine.<br />
Pour en revenir à la déclaration de mademoidame Touzet, notez que le désir <i>viscéral </i>d'enfant est prêté à la femme, pas à l'homme. <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2014/03/la-femme-ou-les-femmes.html" target="_blank">"La" femme</a> est toujours ramenée à ses organes, à sa fonction reproductrice. Dans ce contexte, la ménopause est vécue comme un drame absolu. Notre société déteste les vieux. On les laisse debout dans les transports en commun avant de les entasser dans des mouroirs en répétant qu'ils ne servent à rien - alors que la gériatrie est un secteur en plein essor. Les jeunes mamans qui laissent leurs enfants s'étaler sur les banquettes du métro devant une octogénaire qui tient à peine sur ses jambes pourraient quand même se dire qu'elles aussi, peut-être, un jour, seront vieilles et fatiguées, non ? Finalement, c'est souvent moi qui laisse ma place aux vieilles dames. Quand c'est une femme enceinte en revanche, plusieurs personnes se disputent l'honneur de lui céder un strapontin. Chaque rame de métro sans chauffeur transporte donc des centaines de gens sans emplois, des vieux qu'on laisse debout, des enfants promis à un chômage certain, des mendiants, mais la priorité serait de faire toujours plus de bébés, c'est-à-dire au moins un à chaque histoire d'amour ? Y aurait pas par hasard quelque chose qui cloche, dans cette société ? Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-32222334272013665122014-05-17T02:56:00.002-07:002014-05-17T09:10:07.034-07:00De l'égoïsme<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxurytUMhffK-EGc07d85ie36ZxKDPhyXdKK7ujEgx_fgVqOTQrn4RrMHfrYvpzPgaOBj4cZS6WAOZGs6sLGx2F-ZQSlarSnNHdj1zAshRToQwJo76THtMUqVukLJvUjLB4A26HmZ1994e/s1600/m%C3%A9tamorchose68.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxurytUMhffK-EGc07d85ie36ZxKDPhyXdKK7ujEgx_fgVqOTQrn4RrMHfrYvpzPgaOBj4cZS6WAOZGs6sLGx2F-ZQSlarSnNHdj1zAshRToQwJo76THtMUqVukLJvUjLB4A26HmZ1994e/s1600/m%C3%A9tamorchose68.jpg" height="233" width="320" /></a></div>
L'idée selon laquelle il serait égoïste de ne pas faire d'enfant est encore répandue dans la société française. Égoïste envers qui ? Les enfants ne demandent pas à venir au monde. Ils naissent d'une envie de leurs parents qui ensuite se servent d'eux pour justifier leur indifférence au sort des autres et leur avidité. <br />
Récemment, un ami sans enfant s'est fait traiter d'égoïste. Il était si choqué qu'il n'a rien trouvé à répondre. Il aurait pu le prendre de haut : "Est-ce que je me permets, moi, de porter un jugement sur vos choix de vie ?" Il aurait pu se montrer conciliant : "Réjouissez-vous que je n'aie pas d'enfants : ça laisse plus de place et d'opportunités pour les vôtres". Ou employer la manière forte : "Est-ce que vous vous demandez comment sera le monde dans trente, cinquante ou cent ans ? Est-ce que vous pensez un quart de seconde à la vie qu'aura votre fille en 2060? Vous vous en foutez royalement. Alors, lequel de nous deux est le plus égoïste ?" Il aurait même pu s'amuser : "Si je comprends bien, vous êtes d'accord pour me donner les cinq cent mille euros qui me feraient peut-être changer d'avis et me reproduire ?"<br />
Nos grand-parents ne se posaient pas la question de faire ou non des enfants. A moins d'être stériles ou de vivre dans l'abstinence, ils en avaient des flopées. La vie venait, s'en allait ; les humains ne contrôlaient pas grand-chose. Du coup, ils n'étaient pas responsables de ce qui attendait leur progéniture.<br />
Tout a changé avec la contraception. Donner la vie est devenu un acte lourd de conséquences. Donner la vie est peut-être un cadeau pour celle et celui qui la donnent, mais pas forcément pour le récipiendaire. Les gens le sentent obscurément, ou comment expliquer qu'ils s’aplatissent au moindre caprice de leur bambin ? C'est pour s'excuser, je crois, du mauvais tour qu'ils jouent aux générations futures que des adultes en viennent à céder leur place aux enfants dans le métro. Alors, qui sont les égoïstes ? Ceux qui ont des enfants pour leur propre plaisir, comme prolongement d'eux-mêmes, parfois sans se demander comment ils les nourriront, ou ceux qui ont conscience de leurs responsabilités ?Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-53624196698705442992014-05-04T11:04:00.000-07:002014-05-17T02:58:57.977-07:00C'est le printemps<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5xnhKotrQU4IwoSLtf7Tw5H7i-O70t6zq41seCPTHp8DEoOXHHAeaCoq4OKIvAarMiO49VryvpCL_xJ4hs2Gqo00gaku4vGgTjAy79A-ketJZ4vnbhEihwE-j4d5KXxOFKVaH6UK7lXy6/s1600/pigeons+ram.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5xnhKotrQU4IwoSLtf7Tw5H7i-O70t6zq41seCPTHp8DEoOXHHAeaCoq4OKIvAarMiO49VryvpCL_xJ4hs2Gqo00gaku4vGgTjAy79A-ketJZ4vnbhEihwE-j4d5KXxOFKVaH6UK7lXy6/s1600/pigeons+ram.jpg" height="207" width="320" /></a></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgwwlbc_9Bbz64k7n_M4HChQ8ccdQXRAIJ_yUMW5Hfafe6XwwO8VwHMdMKmHh-DFEuShgttzmxOPa4awVxo6PySKczguyNnjN1xgxBI36x9uRbDtwrVdJKdlZJz93JSf_k7IEHqOEmFedX/s1600/013d.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><br /></a>
C'est le printemps. Nous sommes au marché, mon compagnon et moi. Nous avons plus de cent ans à nous deux, nous formons de toute évidence un couple, pourtant le vendeur juge utile de me dire <i>mademoiselle </i>à longueur de phrases, et <i>mademoiselle </i>par ci, et <i>mademoiselle </i>par là. Il me vient à l'esprit que c'est un sujet pour ce blog. Du coup, je n'écoute plus ce que dit le vendeur. Les sandales ne m'intéressent pas vraiment. Pour ne pas les essayer, je prétexte une ampoule au pied. Quand le vendeur comprend qu'il ne me vendra rien, il se met à dire <i>madame</i>.<br />
<br />
N'hésitez pas à partager vos anecdotes sur le sujet Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-68068223103292896022014-03-30T12:34:00.001-07:002014-03-31T22:37:19.360-07:00Nous sommes tou(te)s des prostitué(e)s<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtB7Mb8CIpuzV0Ftychyphenhyphen_o-lcqLL9g2QMTyfqGCsbcuJiZ_YJ_fk1K7ITyB8rnWJrhUqPNoxSuDqlnfpjBOhwoNF9usQXf-Kw_9Ti4cEDRDVteaQBEe3EUYbtu6-AX0HKH4sw52lyYP9s5/s1600/fresque+rue+des+dames+%C3%A9t%C3%A9+2010.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhtB7Mb8CIpuzV0Ftychyphenhyphen_o-lcqLL9g2QMTyfqGCsbcuJiZ_YJ_fk1K7ITyB8rnWJrhUqPNoxSuDqlnfpjBOhwoNF9usQXf-Kw_9Ti4cEDRDVteaQBEe3EUYbtu6-AX0HKH4sw52lyYP9s5/s1600/fresque+rue+des+dames+%C3%A9t%C3%A9+2010.jpg" height="235" width="320" /></a></div>
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkQ4H9sfW4m5IjMk3P0X9SY95UudAoJTiSjGHMvr05OI7GAGjaEdHDwTxRrspr4LHIwk0TzP7AnGFaC1afGn19sUu_jadUSddbfsURH-i3Cx9NEI35KF-4CPfv7Xl1oyZvEfS2yNQa4A0h/s1600/fresque+rue+des+dames+%C3%A9t%C3%A9+2010.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a><br />
Un nouveau genre de site arrive sur la toile francophone : il s'agit de<a href="http://www.elle.fr/Societe/News/Polemique-apres-l-arrivee-des-sites-de-sugar-babies-en-France-2693230" target="_blank"> mettre en contact de jolies jeunes femmes désargentées (les sugar babies) avec des hommes mûrs et riches (les sugar daddies</a>). Les jeunes femmes gagnent ainsi plusieurs milliers d'euros par mois sous forme d'argent ou de cadeaux.<i> Osez le féminisme</i> dénonce une forme de prostitution déguisée, parle de violence faite aux femmes. En fait, c'est plus flou. Les <i>sugar babies</i> s'inscrivent de leur plein gré, choisissent leur "mécène", parfois même il n'y a pas de relation sexuelle; il ne reste plus qu'à espérer que personne n'empoche les cadeaux à leur place.<br />
Admettons néanmoins le fait de se faire entretenir comme de la prostitution. Donc, toutes les femmes au foyer sont des prostituées. Toute personne obtenant un quelconque avantage d'une personne avec qui elle a des relations sexuelles se prostitue. Où est la frontière ? Si, même en l'absence de relation sexuelle, on peut parler de prostitution, alors l'économie toute entière est prostitutionnelle. L'employeur est un proxénète, le salarié se prostitue, seul le client reste un client. La violence est-elle avant tout sexuelle ou économique ? Si on regardait plutôt un film ? D'accord, le cinéma a souvent idéalisé la prostitution mais il faut voir et revoir <a href="https://www.youtube.com/watch?v=YTOFj4eMHJk" target="_blank"><i>La Fiancée du pirate</i></a> (lien vers le film complet) de Nelly Kaplan, avec Bernardette Lafont et la chanson de Barbara, <i>Moi, je m'balance</i>. Sur le même thème, je vous recommande aussi le discours des prostituées dans <a href="http://www.youtube.com/watch?v=3B4NG5Im0lE&feature=share" target="_blank">L'aventure c'est l'aventur</a>e (à la minute 16). Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-80095165412529925632014-03-08T08:48:00.000-08:002014-03-08T08:48:26.572-08:00La femme ou les femmes ? <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNoU9mQPp5HaGVA2ItqSDqxsAh9lyDIhJ9fpCpOPaQLhiSZuhDBmZ6qGBhPsxrV5yRPEU1mKySduA-aMAWEBgUKDmCm0rG6JqNb4w81VEy4e7R_IqVjSrZGQjUETavo9rfOBt1CDmqDovL/s1600/DSCF4557aDDS.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhNoU9mQPp5HaGVA2ItqSDqxsAh9lyDIhJ9fpCpOPaQLhiSZuhDBmZ6qGBhPsxrV5yRPEU1mKySduA-aMAWEBgUKDmCm0rG6JqNb4w81VEy4e7R_IqVjSrZGQjUETavo9rfOBt1CDmqDovL/s1600/DSCF4557aDDS.jpg" height="136" width="200" /></a></div>
Le 8 mars est qualifié de multiples façons : c'est tantôt la journée internationale de <i>la </i>femme, tantôt la journée internationale <i>des </i>femmes, la journée internationale <i>du droit des femmes</i>, la journée du <i>droit de la femme</i> - voire la <i>fête </i>des femmes, certains croient même qu'il s'agit d'offrir des fleurs. Sans blague.<br />
<i>La femme</i> ou<i> les femmes</i>, ça ne veut pas du tout dire la même chose. <i>La </i>femme ? Quelle femme ? Il en existe actuellement trois milliards et demi. Autant dire que <i>la </i>femme n'existe pas. Associée à la lune et aux déesses mères, <i>la </i>femme est un mythe. C'est une notion essentialiste fourre-tout qui sert de réceptacle aux fantasmes les plus délirants. <i>Les femmes</i>, en revanche, existent partout sur terre. Si elles ne sont pas toutes pareilles, elles ont quand même, toutes, d'une manière ou d'une autre, maille à partir avec des organisations, des normes, des idéologies sociales patriarcales qui les assignent, et parfois même les cantonnent, à la maternité. Le vingtième siècle a permis de dissocier sexualité et reproduction. Reste maintenant à dissocier féminité et maternité. Le discours est heureusement en train de changer, pour preuve les nombreux articles mis en lien dans le <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2014/02/y-en-mere.html" target="_blank">post précédent</a>, tenez, prenez <a href="http://www.slate.fr/france/80653/maman-plus-beau-metier-du-monde" target="_blank">celui-ci</a> : elle a raison, non ? Maman n'est pas un métier. C'est peut-être une vocation pour certaines, mais c'est surtout <i>optionnel</i><u>.</u> C'est d'abord ça, le droit des femmes : choisir ou non de se reproduire, sans se laisser enfermer dans des schémas réducteurs. Mademoidame, Monsieur, bon 8 mars. Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-71700552662289631152014-02-20T06:35:00.000-08:002017-01-26T12:08:22.100-08:00Y en a mère<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhCm-mWRMyc35aeXXK79i4hIamk4YK2andZXAsAfoHn2cyCXvUq0e4ajEpxvZcljTiOJxwmDVjj7krwbur_NviQV3OXclFPHYfG3QQWUfoagYXGMcc60hL6dnMfDUj3kssBw04jgba1p_kd/s1600/y+en+a+m%C3%A8re.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"></a></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIyanS5EPHjgr5IQbz2kVZUSmSxoiCRnjzpqb2oh3lTb9y-NsH8T9baXBZOrKGihyphenhypheno263gScMYLE_iFS9Xjucqshl9ZEsYzXdmnKvQstJkkNPFciR_Z8_dIK4XLIIOGPczoggTm3uk_cpJ/s1600/y+en+a+m%25C3%25A8re.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhIyanS5EPHjgr5IQbz2kVZUSmSxoiCRnjzpqb2oh3lTb9y-NsH8T9baXBZOrKGihyphenhypheno263gScMYLE_iFS9Xjucqshl9ZEsYzXdmnKvQstJkkNPFciR_Z8_dIK4XLIIOGPczoggTm3uk_cpJ/s1600/y+en+a+m%25C3%25A8re.jpg" width="320" /></a></div>
Avez-vous vu sur le net ces pubs pour des crèmes de beauté, représentant des femmes outrageusement ridées avec des légendes du style : "Mère, 57 ans, vous révèle son astuce pour en paraître 35" ? On se demande pourquoi le mot de <i>mère </i>remplace ici celui de <i>femme</i>. C'est idiot. Toutes les femmes peuvent avoir des rides, et pas seulement celles qui ont eu des enfants. Alors, pourquoi ce ciblage ? Pourquoi ne pas avoir au contraire cherché à étendre le marché aux hommes? Eux aussi ont des rides et une partie d'entre eux consomme des produits de beauté. Je m'empresse de vous mettre en garde, mademoidame ou monsieur, contre ces offres qui sont de véritables arnaques, faites une recherche et lisez les témoignages si vous ne me croyez pas. <br />
Pour en revenir au vocabulaire, le choix d'accoler systématiquement la notion de <i>mère </i>à la notion de <i>femme</i> relève soit d'un manque total de réflexion, soit d'une volonté idéologique. L'expression "<a href="http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/28/cinq-intox-sur-la-theorie-du-genre_4355738_823448.html" target="_blank">théorie du genre</a>" est, on le sait, employée par ses détracteurs pour la discréditer. Cette "théorie" n'existe pas en tant que telle, bien que les sciences sociales tendent à montrer que les différences psychologiques entre les sexes se construisent avant tout dans la société. Mais il y a des gens pour qui ce discours est inadmissible. Écoutez-les s'époumoner en invoquant la <a href="http://mademoidame.blogspot.fr/2013/01/demoidame-nature.html" target="_blank"><i>nature</i></a>. L'idée qu'une femme doive et veuille obligatoirement avoir des enfants est largement répandue. La <a href="http://www.slate.fr/france/80653/maman-plus-beau-metier-du-monde" target="_blank">maternité </a>reste vue comme l'alpha et l’oméga de la féminité, y compris par des féministes ; la <a href="http://www.huffingtonpost.fr/2014/02/11/ne-pas-vouloir-denfant-sujet-tabou_n_4767159.html?ir=France&ref=topbar" target="_blank">pression sociale</a> s'exerce encore très fortement sur les femmes pour <a href="http://weekend.levif.be/tendance/lifestyle/societe/ne-pas-etre-mere-un-choix-mal-compris-par-la-societe/article-4000514284836.htm" target="_blank">les convaincre de procréer</a>, et ce en dépit de la précarisation de l'emploi, de la <a href="http://www.demographie-responsable.org/" target="_blank">raréfaction prévisible des ressources</a> - bref, d'un avenir qui ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices. Alors, <a href="http://mamannonmerci.blogspot.be/" target="_blank">ne vous laissez pas impressionner</a> par le matraquage nataliste. Ne cédez pas au chantage au bonheur si vous n'avez pas envie de réelle vocation parentale. On peut être très heureu(x)(se) sans enfant, très malheureu(x)(se) avec. L'inverse peut être vrai bien sûr, mais il n'y a aucune obligation d'avoir des enfants, et une femme peut très bien choisir de faire autre chose. C'est peut-être ça, être une mademoidame : faire son chemin sans se laisser dicter les décisions les plus importantes de sa vie.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-38689889167812741062014-01-12T06:53:00.000-08:002014-04-10T09:10:57.437-07:00Meilleurs voeuxDans un bar à chansons, une dame m'a dit <i>mademoiselle</i>. Je suppose que c'est parce qu'elle me voyait accorder mon instrument. Les artistes sont souvent appelées <i>mademoiselle, </i>même quand elles en ont depuis longtemps passé l'âge. A partir de maintenant, je vais systématiquement noter les emplois de <i>madame </i>et de <i>mademoiselle</i>. Si vous avez envie d'en faire autant, vous pouvez envoyer vos observations et je les ajouterai à la liste. Ce recensement sera un de mes objectifs <i>mademoidame </i>pour 2014. Au fait, meilleurs voeux, mesdemoidames et messieurs. Une liste d'exemples précis avec leur analyse devrait permettre de dégager des tendances et de mieux appréhender ce que les gens ont dans la tête quand ils choisissent une civilité plutôt qu'une autre.<br />
Le choix de l'appellation semble évident à première vue <i>: madame </i>à une femme mûre, <i>mademoiselle </i>à une jeune femme. On voit tout au long de ce blog qu'il est tout sauf évident. Il dépend non seulement de la femme mais aussi du locuteur, du contexte et d'autres paramètres encore. Il obéit à des règles informulées, des archaïsmes et des non-dits sociaux. Pourquoi vouloir distinguer les jeunes des vieilles, les minces des grosses, les belles des moches, les nullipares des mères de famille et les célibataires des femmes mariées - et ce alors même que l'institution du mariage tombe progressivement en désuétude ? En quoi cette distinction est-elle utile socialement ? Pourquoi se maintient-elle ? Dans un autre bar où je chantais, l'ingénieur du son, trente ans maximum, nous demande à ma collègue et à moi : "Mesdames ou mesdemoiselles ?" Et nous, d'une seule voix : "Mesdemoidames !" Rires. Mademoidame est un mot qui met de bonne humeur.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-15588234475794421962013-12-28T14:29:00.000-08:002013-12-28T14:41:14.394-08:00Déconstruction des stéréotypesNon, le cerveau n’a pas de genre. Non, il n’est pas “programmé". La première fois que j'ai entendu Catherine Vidal, c'était comme si je respirais un grand bol d'air frais. Blogger ne prend pas en charge DailyMotion mais vous découvrirez (si vous ne la connaissez pas encore) cette neurobiologiste iconoclaste en copiant collant le lien suivant : <br />
http://www.dailymotion.com/video/xryaxx_catherine-vidal-neurobiologiste_webcam?start=3 <br />
Pour continuer de vous réjouir, lisez http://www.slate.fr/story/81229/femmes-hommes-sexe-partenaires-multiples-pragmatisme-evolution et après ça, passez de joyeuses fêtes. Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-38768505437322421802013-11-22T02:44:00.002-08:002013-11-22T05:04:56.867-08:00Des questions complexes<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi91M_HadGlcPlMRVuOFzjhHkyKn-GWoCUcSvgVmPNZ2snJdxxg4C79QSfJudGM9KrQAqnIjXaLDitc3Sn3ByF0Wdi549Key7DQ9TGufxMRPbALSOxgyLhMrqI8oYtW07q5bjFMkH9ddm4S/s1600/DSCF4555dSMLL.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi91M_HadGlcPlMRVuOFzjhHkyKn-GWoCUcSvgVmPNZ2snJdxxg4C79QSfJudGM9KrQAqnIjXaLDitc3Sn3ByF0Wdi549Key7DQ9TGufxMRPbALSOxgyLhMrqI8oYtW07q5bjFMkH9ddm4S/s320/DSCF4555dSMLL.jpg" width="320" /></a></div>
Pourquoi dit-on <i>madame</i> aux prostituées et <i>mademoiselle</i> aux actrices ? Historiquement, les actrices étaient considérées comme des prostituées, l'Eglise leur refusait d'être enterrées avec les chrétiens. C'est la raison pour laquelle on a pris l'habitude leur dire <i>mademoiselle</i>, même quand elles sont mariées. La logique voudrait que l'on dise aussi <i>mademoiselle</i> aux prostituées. On les qualifie bien de <i>filles</i>. Alors pourquoi leur dit-on systématiquement <i>madame</i>, souvent même avec emphase ? <br />
Le débat sur la prostitution fait rage. <a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/11/16/prostitution-une-petition-de-celebrites-contre-la-penalisation_947481" target="_blank">Une pétition de célébrités contre la pénalisation</a> du client rappelle que cette loi enverra les personnes prostituées dans une clandestinité accrue. <a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/11/04/penaliser-peut-nuire-a-la-sante-des-prostituees_944512" target="_blank">Un autre article</a> montre qu'elle aggravera leur état de santé et rendra plus difficile la lutte contre la traite et l'exploitation. Mademoidame Esther Benbassa souligne <a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/11/04/l-hygienisme-social-ne-suffit-pas_944513" target="_blank">dans une tribune</a> le paradoxe qu'il y a à pénaliser le client tout en abolissant le délit de raccolage, puisqu'il '"sera permis de vendre des services sexuels mais interdit d'en acheter". Les auteurs d'un <a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/10/17/la-precarisation-de-la-prostitution-a-tres-nettement-augmente-en-dix-ans_940358" target="_blank">rapport sur la précarisation sociale et sanitaire des personnes prostituées</a> donnent quant à eux l'exemple intéressant de l'Italie, où des <i>maisons de fuite</i> ont été créées pour permettre aux victimes des réseaux de prostitution de s'extirper des griffes de leurs proxénètes. On pourrait citer encore bien d'autres articles qui permettent de douter de l'efficacité de la politique abolitionniste que l'on veut mettre en place en France. Mais nos contemporain(e)s préfèrent les réponses simples aux questions complexes, et il se peut que la tendance abolitionniste l'emporte.<br />
Bon, alors, qui essayera de comprendre pourquoi les comédiennes et les chanteuses sont appelées <i>mademoiselle</i>, alors que les prostituées reçoivent du <i>madame</i> ? Comme souligné tout au long de ce blog, la question des civilités réservées aux femmes relève du tabou. Si ce n'était pas le cas, elle aurait déjà été largement étudiée par les linguistes, les sociologues, les anthropologues, les historiens, etc.<br />
Il est possible que le lancement de <i>mademoidame </i>en 2010-2011 ait contribué à accélérer la mise en place de la campagne pour l'abolition de mademoiselle, ce qui n'est déjà pas si mal. J'ai dit l'autre jour à une amie que j'envisageais d'arrêter ce blog faute d'y consacrer assez de temps mais elle s'est écriée : "Non ! Ne t'arrête pas ! Il faut continuer ! "<br />
Bien Mademoidame.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-77852727949107420852013-10-27T07:19:00.000-07:002013-11-14T21:19:06.265-08:00Tous clients, tous coupables ? <div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-x9dQkyqc1e1qJ_EAb5RseB9vQ3YxvvUyRfgNZq6QY-aBfHYdNgDM4JgjjDEcO8Jcz4Lf-7RzP2Dai6QIZL7nuVO6bXygOutYtFzvhSeiDZ7lftXGmGucYltSsevE-EUj9x0i-7Tkzmk_/s1600/IMG_0001.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-x9dQkyqc1e1qJ_EAb5RseB9vQ3YxvvUyRfgNZq6QY-aBfHYdNgDM4JgjjDEcO8Jcz4Lf-7RzP2Dai6QIZL7nuVO6bXygOutYtFzvhSeiDZ7lftXGmGucYltSsevE-EUj9x0i-7Tkzmk_/s1600/IMG_0001.jpg" /></a></div>
Une nouvelle campagne vise à "abolir" la prostitution. Les abolitionnistes veulent pénaliser le "client prostitueur". Il a même déjà été question d' "état prostitueur", comme si des femmes se retrouvaient sur le trottoir par décision gouvernementale. On vous explique qu'après l'abolition de l'esclavage et celle de la peine de mort est venu le temps de l'abolition de la prostitution. On voudrait bien y croire, si, si. Mais les véritables prostitueurs, les réseaux de proxénétisme, sont relativement peu mentionnés et pas du tout analysés (du moins dans ce que j'ai pu lire). Par nature volatiles, ils semblent moins intéresser les abolitionnistes que le client, sur qui la faute est rejetée. On finit par perdre de vue que la prostitution profite avant tout aux mafias, qui font en permanence un doigt d'honneur aux états.<br />
Ce n'est pas parce qu'une chose est réprimée qu'elle n'est pas pratiquée. Malgré une politique de prohibition soutenue, la consommation de cannabis en France reste l'une des plus élevées en Europe, et on voit depuis plus de quarante ans que la pénalisation du client ne fait pas disparaître le phénomène.<br />
Il y a dans l'appellation de "client prostitueur" quelque chose de très grave, dû en partie au mot <i>tueur</i> contenu dans <i>prostitueur</i> (mot récent). Le client est directement assimilé au proxénète. De simple consommateur de service offert dans une société toute entière vouée au commerce, il se retrouve coupable. Si la culpabilité du client devient un principe, alors nous devenons tous coupables de soutenir de nouvelles formes d'esclavage. Tous nous achetons à bas prix des ordinateurs et des vêtements fabriqués en Asie dans des conditions qui s'apparentent à l'enfer. Un ordinateur en commerce équitable coûterait trop cher pour la plupart des bourses. Donc, si le client de la prostitution doit renoncer à sa consommation pour des motifs moraux, nous devrions en toute logique, pour des motifs moraux, nous débarrasser de nos ordinateurs et de nos téléphones portables. On devrait appeller "clients esclavagistes" ceux qui continuent à acheter des tee-shirts à cinq euros. Mesdemoidames et Messieurs les abolitionnistes, commencez les premiers. Montrez par votre exemple que vous ne tolérez aucune forme d'exploitation dégradante de l'être humain. Débarrassez-vous de vos gadgets électroniques. Portez comme vos ancêtres une chemise de lin ou de coton fabriquée localement. Vous en changerez une fois par semaine, le dimanche, en même temps que vous ferez votre toilette hebdomadaire.<br />
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PS (31 octobre) : le scepticisme - quant à l'efficacité des poursuites contre le client - ne me fait pas pour autant adhérer à l'affreux "<a href="http://www.liberation.fr/societe/2013/10/29/343-salauds-clament-leur-droit-a-leur-pute_943288" target="_blank">manifeste des 343 salauds</a>" avec son "Touche pas à ma pute". Les 343 salopes prenaient de vrais risques en signant leur manifeste ; les 343 salauds n'en prennent aucun. Quand au détournement du slogan historique "Touche pas à mon pote", il est tout aussi déplacé que le manisfeste. <i>Imposture</i> est le mot qui me vient à l'esprit. Mais au fait, pourquoi m'intéresser à ce débat ? Peut-être parce qu'on dit invariablement <i>madame</i> aux prostituées ?<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-35640057765432151352013-10-15T10:20:00.000-07:002013-10-15T10:35:13.932-07:00Quand la bise fut venueUne habitude sociale relativement récente consiste à faire la bise à de parfaits inconnus. Ou, plus exactement, à recevoir la bise de parfaits inconnus, au motif que l'on est une femme. Cette pratique est apparue dans les dernières décennies. Son développement coïnciderait avec l'émancipation des femmes - sans toutefois en relever. Elle mériterait en tout cas l'attention soutenue de sociologues et d'historiens des moeurs.<br />
Les hommes entre eux se serrent la main. Ils s'embrassent quand ils sont amis ou parents, mais c'est là encore un phénomène très récent. Je n'imagine pas, par exemple, mon père faisant la bise à un autre homme. Cette idée le ferait probablement hurler. Les hommes des anciennes générations redoutaient tout ce qui aurait pu les faire passer pour efféminés et/ou homosexuels - pour eux c'était la même chose. Effusions envers leurs pairs, attention à leur apparence physique, larmes, tout cela leur était interdit. Si leurs fils et petits-fils répugnent moins aux embrassades, la poignée de main demeure la salutation virile par excellence. Quand un homme arrive dans un groupe pour la première fois, il tend la main aux autres hommes et les salue en les regardant dans les yeux. Mais il agit tout autrement envers les femmes : sans leur accorder un regard - ou alors juste une oeillade - il trouve normal de coller sa joue râpeuse contre la leur, une fois de chaque côté. Car une autre évolution sociale nous vaut en France, depuis Serge Gainsbourg, des hommes perpétuellement mal rasés. En été, la barbe de trois jours s'accompagne d'une sueur abondante. Et comme la toilette bi-quotidienne reste une pratique largement féminine, rien ne garantit que l'homme qui se permet de vous embrasser sans vous connaître sente bon...<br />
En général, je contre l'offensive de la bise en tendant la main et en invoquant la fragilité de ma peau. C'est vrai, je ne supporte pas ce qui pique. Mon chéri a pris l'habitude de se raser le soir pour ne pas irriter mon épiderme délicat. Certains inconnus prennent mal mon refus de leur faire la bise. Tant pis. Je préfère passer pour une pimbêche plutôt que de frotter ma joue contre du papier de verre. Je ne fais d'effort que pour les amis. Et encore, je n'hésite pas à leur dire qu'ils piquent, comme je le disais à mon grand-père. Pourquoi devrait-on se soumettre à une pratique sociale désagréable et discriminante ? Pourquoi la franche poignée de main devrait-elle demeurer l'apanage de ces messieurs ? Que diraient-ils, si on leur demandait de frotter leur visage contre un paillasson ?<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-52971505235356887462013-09-27T08:23:00.001-07:002013-09-30T03:17:32.306-07:00Mademoidame la chèveDans <i>Le Sexe des mots</i> (Belfond, 1889), Marina Yaguello explique que le féminin de <i>chef</i> devrait être <i>chève</i>, sur le modèle de <i>bref, brève</i>. Il semble que la féminisation de <i>chef</i> se soit plutôt fixée sur <i>cheffe</i>. De même, <a href="http://laplumeapoil.com/2013/04/30/auteur-ou-auteure-chef-ou-cheffe/" target="_blank">remarque une blogueuse</a>, <i>auteur</i> aurait gagné à se féminiser en <i>autrice</i>, sur le modèle d'<i>auditeur</i>, <i>auditrice</i>, au moins la différence se serait entendue.<br />
Pendant longtemps, je n'ai vu aucun intérêt à féminiser les noms de métiers. Il me semblait que ça ne changeait rien à la situation des femmes. J'étais particulièrement exaspérée d'entendre, depuis les années 80, des gens débattre de la féminisation des noms de métiers au nom du féminisme, sans jamais évoquer la question du<i> madame/mademoiselle</i>. <i>Le Sexe des mots</i> aborde une kyrielle de mots consacrés aux femmes sans mentionner les civilités. D'accord, c'est un livre un peu ancien, mais il est écrit par <u>une</u> universitaire : comment a-t-elle pu <i>oublier</i> de remarquer le binôme <i>madame/mademoiselle, </i>alors même qu'elle travaillait sur
le traitement linguistique dont les femmes sont l'objet
? Les civilités traditionnelles sont si profondément ancrées qu'elles échappent à la sagacité des spécialistes. Ceci dit, je suis en train de dévorer les livres de mademoidame Yaguello. J'aimais très moyennement la linguistique à la fac ; je me rattrape. Encore quelques lectures et je reviens vers vous, mesdemoidames et messieurs.Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-679135757643792662013-08-29T16:10:00.001-07:002013-09-30T07:13:15.328-07:00Quand il faut appeler un chat une chatte<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRCRkGDnMz5DHbQViasD3Ua30zdfccUK0gg0xVtElQd2hJQhBZzzT4CtNQTqKRlySGmbGSomz5y9TMM21MkSMUF8NQ_j8AFgf7CkopcHI7cyKTwzgvfKrObwP69Hj9TKRedBIbkEFNOyk-/s1600/chat5.jpg" imageanchor="1" style="clear: left; float: left; margin-bottom: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhRCRkGDnMz5DHbQViasD3Ua30zdfccUK0gg0xVtElQd2hJQhBZzzT4CtNQTqKRlySGmbGSomz5y9TMM21MkSMUF8NQ_j8AFgf7CkopcHI7cyKTwzgvfKrObwP69Hj9TKRedBIbkEFNOyk-/s320/chat5.jpg" width="286" /></a></div>
On m'a confié une gentille petite chatte à garder pendant quelques jours. Ses maîtres disaient invariablement <i>le chat</i> et <i>il</i> à son propos. Ce n'est pas la première fois que je note ce phénomène. Les possesseurs de chats femelles, femmes et hommes, se refusent à appeler leur chat une chatte. Le mot <i>c</i><i>hatte</i> en étant venu à désigner le sexe féminin, il ne reste plus aucun mot pour le chat femelle qui est devenu tabou. Ses maîtres vous expliquent candidement : "Non, il n'a jamais eu de portée, il n'a jamais été pleine."<br />
Sachant qu'il y a en France 11 millions de chats, soit cinq millions et demi de femelles, nous sommes face à un véritable problème de vocabulaire. Faut-il lancer le mot <i>matoute</i>, forme féminine de matou ? <i>Matoute</i> serait autrement plus utile que <i>bombasse</i> <i>chelou</i>, qui font partie des nouveaux mots du dictionnaire. J'imagine déjà les commentaires : " Matoute ? Mais c'est affreux ! Trop long !
Ridicule !
" Comme s'il n'était pas ridicule de ne pas appeler une chatte une chatte. Les gens n'ont aucun problème à évoquer leur chienne. Il faut des mots pour désigner la réalité qui nous entoure. Quand ces mots n'existent pas, il faut les inventer. Quand les mots existent mais ne remplissent plus leur fonction parce que leur sens a été détourné, ou quand ils désignent des catégories obsolètes comme <i>madame</i> et <i>mademoiselle</i>, il faut en trouver de nouveaux. Ne pas nommer cinq millions et demi d'animaux est une aberration. Diviser les femmes en catégories, leur dire <i>madame</i> ou <i>mademoiselle</i> est une aberration (en plus d'être toujours plus ou moins une insulte). Ne pas poser de mots adéquats sur la réalité est le plus sûr moyen de devenir cinglé. <br />
Alors je vous le demande, Mademoidame ou Monsieur, que préférez-vous concernant les félins femelles ? Opterez-vous pour <i>matoute,</i> ou oserez-vous appeler une chatte une chatte ?Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-85112971926571852832013-08-18T03:35:00.000-07:002013-09-27T08:35:03.931-07:00Pourquoi des hommes et des femmes sont-elles aussi conservatrices ?Une action féministe <a href="http://queleshommesetlesfemmessoientbelles.blogspot.fr/" target="_blank">sur la grammaire</a> vise à rétablir l'accord de proximité. En français, le masculin l'emporte sur le féminin. Voici ce qu'en dit L'égalité c'est pas sorcier :<br />
<i>"Cette règle de grammaire apprise dès l'enfance sur les bancs de l'école façonne un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme supérieur au féminin. En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a œuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi : « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte. »<br />Pourtant, avant le 18e siècle, la langue française usait d'une grande liberté. Un adjectif qui se rapportait à plusieurs noms, pouvait s'accorder avec le nom le plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec ancien, elle s'employait couramment."</i><br />
La règle de grammaire que nous employons tous a donc été arbitrairement instaurée par un individu, il y a 337 ans. Elle ne reflète rien d'autre que l'opinion d'un curé dont plus personne ne devrait se souvenir. Comment expliquer, dès lors, la levée de boucliers dans les commentaires des internautes ? Ils ne crieraient pas plus fort si on voulait leur arracher un bras. Il faut dire que les médias leur tendent la perche : "Féminisme: elles s'attaquent à la grammaire" titre Le Parisien le 7 mars 2012. Un autre site annonce carrément : " Le féminisme contre la langue française." Quoi ? La langue française est mise à mal par pratiquement tout le monde, mais on ne tolèrerait pas une modification qui la rendrait moins sexiste ? Pourquoi la bêtise et la mauvaise foi sont-elles aussi largement partagées sur cette question ?<br />
Tout comme avec <i>mademoidame</i>, on touche ici à un double tabou : celui de (l'idée qu'on se fait de) la langue, et celui des femmes. Dans la réalité, les Français parlent et écrivent comme bon leur semble, sans se préoccuper d'une grammaire compliquée qui n'est même plus enseignée. Pire encore, certains croient s'en préoccuper mais font des boulettes énormes. De l'Elysée même on écrit des lettres truffées de fautes. Je fais bien sûr allusion au communiqué de presse qui a suivi la mort de Mademoidame - j'ai failli écrire Madame - Mitterrand, sous le quinquennat précédent. L'évolution de la langue mériterait un blog à elle seule. Les Français ne maîtrisent plus le français tel qu'il a été codifié. Tenez, savez-vous pourquoi je mets une majuscule à <i>les Français</i> et pourquoi je n'en mets pas à <i>le frança</i><i>is</i> ? <br />
Le Grevisse est la bible en matière de grammaire française. Il a été écrit par un grammairien belge du nom de Maurice Grevisse. Chaque règle est illustrée par des exemples. Chaque règle ou presque s'accompagne aussi de contre-exemples empruntés à la littérature. La morale du Grevisse, c'est que les règles sont constamment transgressées, et que les transgressions successives conduisent à des évolutions. Transgressons donc la grammaire quand nous la trouvons sexiste. Transgressons les civilités traditionnelles et disons <i>mademoidame</i> à toutes les femmes quel que soit leur âge. Les critiques formulées au nom de la langue française par des gens qui la massacrent à longueur de journée ne valent rien. Transgression linguistique pour transgression linguistique, choisissez donc de faire partie des hommes et des femmes <i>intelligentes</i>. Adoptez la règle de proximité, et bien sûr employez <i>mademoidame</i>. Et que les hommes et les femmes vivent <i>heureuses</i>.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-34351005167977930042013-07-20T08:12:00.000-07:002013-07-25T08:45:12.306-07:00Individualistes, ou simplement conscient(e)s ? En lisant cet<a href="http://www.acrimed.org/article3230.html" target="_blank"> article d'Acrimed</a> /Les entrailles de Mademoiselle, j'ai d'abord bien rigolé. Il y est question d'un article de la presse féminine selon lequel 10% des femmes se déroberaient à leur soi-disant devoir reproductif. Ce segment de population ne se confond pas avec le féminisme. Des mouvements féministes font des campagnes pour augmenter le nombre de places en crèche ; comme presque toute la société, ils tiennent un discours nataliste.<br />
<a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/bebe-tout-prix-comment-douleur-intime-absence-enfant-est-elle-imposee-comme-enjeu-central-nos-societes-michel-maffesoli-584115.html" target="_blank">Le second article </a> est un entretien avec un sociologue. Question de l'interviewer (Eric Deschavanne): "Le besoin d'avoir des enfants peut-il s'expliquer par la perception sociale négative que nous avons de ceux qui font le choix de ne pas en avoir ?" ( En d'autres termes : a-t-on des enfants par conformisme ? ) Réponse de Michel Maffesoli : "Plus profondément que cela, je crois que cette volonté de ne pas avoir d'enfant va progressivement disparaître. Cette tendance correspond en effet à la fin de la modernité, moment auquel l'individualisme était exacerbé, alors que nous revenons à présent à ce que j'appelle le tribalisme ou le familialisme."<br />
Ce mot de tribalisme fait froid dans le dos. En outre, l'équation "refus d'enfant = individualisme" ne va pas de soi. On peut même la renverser, et démontrer que faire un enfant aujourd'hui est une preuve d'individualisme, pour ne pas dire d'égoïsme absolu. Pourquoi serait-il urgent de se reproduire quand les machines remplacent progressivement les humains, que les ressources naturelles sont amenées à se raréfier et qu'une compétition de plus en plus féroce attend ces chers bambins ? Et si le comble de l'individualisme consistait justement à faire des bébés parce que c'est mignon, pour laisser une trace de soi-même, en croyant que les problèmes se résoudront par magie ? On nous parle du besoin de renouveler les générations pour assurer les cotisations sociales alors même que l'emploi se dégrade et se raréfie. Qui peut croire que des armées de chômeurs régleront la question des retraites ? Personne bien sûr, on fait semblant. Une bonne guerre relancera l'économie. Chacun pense qu'il s'en sortira, que sa progéniture s'en sortira, et au diable le reste du monde ! Pour un aperçu de ce que la société des machines est en train de nous faire, regardez <a href="http://www.youtube.com/watch?v=OEWOESrZDwQ" target="_blank">cette vidéo</a>. Elle est très longue et de plus en plus ahurissante à mesure qu'on s'achemine vers la fin. Bonne journée quand même. Carpe diem, quoi.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-7989282590015616944.post-37435071405413823262013-07-09T11:30:00.000-07:002013-11-11T01:28:45.717-08:00Bienvenue à MademoidameBienvenue à la demoidame récemment rencontrée qui s'intéresse à <i>mademoidame</i>, elle se reconnaîtra. Elle a commencé à employer <i>mademoidame</i> et à en parler autour d'elle. Elle n'en revient pas des résistances de certaines personnes. <br />
"C'est trop long" et "C'est moche" sont les objections classiquement rencontrées. L'argument de la longueur se veut rationnel mais la réalité est que <i>mad</i><i>emoidame</i> a onze lettres alors que <i>mademoiselle</i> en a douze : <i>ma</i><i>demoidame</i> est en fait plus court que <i>mademoiselle, </i>que personne n'a jamais songé à trouver trop long.<br />
L'argument soi-disant esthétique (le "c'est moche") est lui aussi complètement irrationnel. D'abord, <i>mademoidame</i> est un très joli mot : frais comme un dessin d'enfant, insolent comme toute affirmation de liberté, il a la force poétique du mot-valise et la beauté insolite qui échappe à toute classification. Il faut porter <i>mademoidame</i> comme un bijou de créateur, fièrement, et ignorer les commentaires de gens sans goût. J'injecte <i>mademoidame</i> à petites doses répétées dans ma vie de tous les jours. Aujourd'hui, à la piscine, j'ai interpelé des gamines de douze treize ans qui glapissaient et se bousculaient dans les vestiaires : "Eh, mesdemoidames, un peu de calme ! " J'avais l'impression d'être leur prof.<br />
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<br />Isabelle Sojferhttp://www.blogger.com/profile/10092506604215630841noreply@blogger.com0