Dès que l'on parle de mademoidame (ou du tout-madame des féministes orthodoxes ), certaines personnes s'empressent de qualifier le sujet d'anecdotique. D'après ces personnes, l'emploi de madame ou de mademoiselle dans la vie courante et administrative n'aurait aucune incidence sur la vie des femmes ; il serait vain de s'y intéresser, et encore plus vain de vouloir changer les pratiques ; ces questions détourneraient l'attention de sujets plus graves.
Il est vrai qu'il se passe des choses infiniment dramatiques de par le monde et même en bas de chez moi. Mais, à ce compte-là, il ne
faudrait
plus jamais parler de Carla Bruni ni d'aucun footballeur. Nous sommes dans une civilisation de l'anecdote. On ne cesse de nous échauffer l'esprit sur des questions marginales pour nous faire oublier que de graves décisions sont en train de se prendre sans notre consentement. Le mariage pour tous est un de ces sujets à mes yeux. Je n'ai rien contre les homosexuel(le)s : qu'ils et elles se marient si ça leur chante bien que je comprenne mal ce désir de conformité. Si, si, je sais, ils et elles veulent se marier pour avoir des enfants. Mais je n'en parlerais pas si je ne venais pas de lire sur lemonde.fr un article signé par Yvette Roudy, Thalia Breton et plusieurs autres personnalités. On vous y explique que le mariage pour tous doit - au nom de l'égalité, s'il vous plaît - mener à la procréation médicalement assistée mais surtout pas à la gestation pour autrui. En d'autre termes, seules les lesbiennes auraient le droit d'avoir des enfants ; les hommes gay, eux, seraient exclus de ce droit au nom de l'égalité. On en rirait si ce n'était que ridicule. Mais c'est aussi, derrière une facade progressiste, carrément rétrograde puisqu'il il s'agit d'une exaltation du mariage et de la maternité. Ce combat prétendument féministe rappelle un peu celui des jeunes filles qui se battent pour porter le voile au nom de la liberté... Ce n'est pas en exaltant le mariage et la maternité qu'on va faire évoluer la condition des femmes. Ce combat touche une minorité de personnes ; il est infiniment plus anecdotique que la question madame/mademoiselle, qui concerne absolument toutes les femmes.
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