lundi 19 décembre 2011

Mademoidame au-delà des frontières

Tout d'abord, mes excuses aux personnes qui auraient voulu laisser un commentaire sur ce blog et n'y sont pas parvenues. Il faudrait que je cherche une solution à ce problème technique. Il faudrait aussi que je fasse un vrai site, que j'anime la page facebook, le compte twitter, que j'incite les gens à s'inscrire, à "aimer" mademoidame en cliquant ici ou là... Le marketing m'ennuie profondément. Heureusement, mademoidame est une idée suffisamment intéressante pour que des gens envoient à d'autres un lien vers ce blog ou ajoutent le mot à leur correcteur d'orthographe. Notez que ce blog est lu dans un peu tous les pays. Mademoidame s'exporte bien. Le magazine suédois Avsikter publie dans son numéro de décembre une interview sur mademoidame.  Les questions liées aux femmes intéressent beaucoup les Suédois, même si eux ont résolu le problème en n'employant plus aucune formule de civilité.
Je profite de ce billet, Mesdemoidames et Messieurs, pour vous souhaiter un joyeux Noël.

mercredi 7 décembre 2011

Mademoidame toutes voiles dehors

Plusieurs fois championne du monde de char à voile, Véronique Ribaud de Gineste a commencé sa carrière sportive quand elle était adolescente. Aujourd'hui chef d'entreprise, elle dirige un bureau de style orienté mode et styles de vie (http://dressing-magazine.com/). Elle a adopté mademoidame. Elle nous explique pourquoi.

Qu'est-ce qui vous a plu dans mademoidame ?
Le fait de ne plus définir une femme par son statut marital, par son rapport à un homme. Mademoidame rattrape un fossé avec les Etats-Unis, où on dit Ms. depuis longtemps. Et puis c'est très tendance !
Plus profondément, mademoidame confirme une tendance sociétale. Dans Mademoidame, nous femmes pouvons entendre « Madame de moi ». J’aime l’affirmation positive de cette dimension psychologique.

Vous arrive-t-il d'employer mademoidame ?
Je mets un point d'honneur à répondre à toutes les candidatures spontanées que je reçois, et comme la majorité des postulants sont des postulantes, je leur envoie une lettre qui commence par "Chère Mademoidame". J'en parle aussi autour de moi. C'est le meilleur moyen de répandre ce mot hautement utile.
Photo: Philippe Petit

mardi 29 novembre 2011

Jeune homme et Mondemoiseau sont dans un bateau

J'en ai un peu marre d'entendre citer jeune homme ou proposer mondemoiseau comme solution au problème. Même s'il se trouve des hommes pour aimer qu'on leur dise jeune homme, voire pour se déclarer prêts à recevoir des courriers libellés à mondemoiseau, il s'agit d'une démonstration par l'absurde. On peut bien sûr s'amuser à dire jeune homme ou mondemoiseau. Cela pourrait peut-être s'avérer utile pour montrer le ridicule de la situation dans laquelle sont placées les femmes avec le madame/mademoiselle - à condition de réellement embêter les hommes. Il faudrait leur poser la question plusieurs fois par jour, y compris et surtout quand ce n'est pas nécessaire ; leur faire croire qu'ils n'existent pas réellement sans épouse et qu'ils louperont leur vie s'ils n'en consacrent pas au moins une partie à se reproduire ; leur mettre la pression, quoi. Alors ils pourraient traiter de chieuses les pro-mademoidame, les pro-madame, les pro-féministes de tous poils. Et rien ne changerait. L'égalité apparemment induite par l'introduction de mondemoideau ne vise qu'à discréditer les différentes tentatives d'abolition de la double appellation pour les femmes. Pardon pour cette phrase trop longue. Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il ne s'agit pas d'emmerder les hommes, juste de laisser les femmes tranquilles. De les appeler Mademoidame, sans distinction de niveau esthétique, d'âge ou de statut marital. Mademoidame. Mademoidame.

lundi 21 novembre 2011

Mad, (é)moi, dame

On peut très bien employer mademoidame par amour du langage poétique, goût des jeux de mots, plus que par engagement politique. Je connais une Mademoidame convaincue qui ne supporte pas la référence au féminisme. Sans me reconnaître dans aucun mouvement (je suis une féministe franc-tireuse), j'ai du mal à comprendre qu'une femme se déclare anti-féministe. Du reste, cette personne revendique toutes les libertés modernes. Sa position n'est pas facile à cerner. Sur un sujet comme celui-ci, les discussions peuvent rapidement devenir houleuses. Les questions de féminisme et les questions de langue française ont en commun de susciter des réactions passionnelles. Alors qu'elles sont très complexes. Et appelleraient des entretiens calmes. Il y a des gens qui deviennent comme fous dès qu'on parle des femmes et de leur statut. Les gens s'énervent par manque d'arguments. Si votre interlocuteur/trice s'agite en élevant le ton, inspirez, expirez, inspirez à nouveau. Attendez que l'autre personne se soit vidée de son flot de paroles pour repartir à voix calme. Parlons de mademoidame, de la langue française, de la condition des femmes en ce début du vingt-et-unième siècle. Ne nous entretuons pas.

vendredi 11 novembre 2011

Le paradoxe de la femme divorcée

Selon l'usage, une femme divorcée reprend son nom de naissance (si elle l'avait abandonné pour celui de son mari) mais continue d'être appelée madame.  Tout le monde trouve alors normal de définir cette femme en référence à un homme qui ne lui est plus rien depuis longtemps.
Déclarez-vous célibataire, et vos courriers resteront libellés à "Mademoiselle Schmoll" quoi que vous tentiez de dire ou de faire. Mariez-vous avec le premier venu, divorcez six mois plus tard, et on trouvera normal de vous appeller "Madame Schmoll" jusqu'à la fin de votre vie. Ou bien élevez-vous contre ce système absurde, et contribuez à généraliser l'usage de mademoidame.

samedi 5 novembre 2011

Comparaison n'est pas raison

Certaines personnes brandissent les violences faites aux femmes pour dénoncer la supposée frivolité de mademoidame. Les appellations traditionnellement réservées aux femmes et les violences qui leur sont faites ont pourtant un lien évident : elles incarnent un type de société où  les femmes sont assimilées à du mobilier appartenant à tel ou tel homme : au père d'abord (mademoiselle), au mari ensuite (madame). La discrimination entre "dames" et "demoiselles" correspond à ce qu'on appelle une société patriarcale. Plus la société l'est (patriarcale), moins les femmes ont de droits, plus elles sont considérées comme des choses. Répandre l'usage de mademoidame est donc loin d'être anodin. Appeler ou se faire appeler mademoidame, c'est une manière de sortir des schémas traditionnels. Mademoidame est l'équivalent exact de monsieur : une appellation neutre et pérenne qui fait des femmes des êtres à part entière, et non plus seulement des satellites ou du mobilier...

samedi 29 octobre 2011

Jeune ou vieille, moche ou belle...

La classification madame/mademoiselle est d'autant plus difficile à appréhender qu'elle porte sur plusieurs paramètres : la situation maritale bien sûr, la situation "parentale" (une femme avec enfant est appelée Madame, même si elle n'est pas mariée), l'âge supposé ou, plus exactement - et surtout plus cruellement : le niveau esthétique. Une jolie femme recevra du "mademoiselle" jusqu'à un âge avancé, tandis qu'une grosse avec du poil au menton sera appelée "madame" dès sa prime adolescence. Mais oui, c'est révoltant. C'est aussi terriblement ambigü. Sles femmes acceptent encore d'être appelées mademoiselle, c'est bien parce qu'elles sont sensibles au compliment que peut véhiculer, sous certaines conditions, l'emploi de "mademoiselle". Il ne faut pourtant pas se leurrer : les plus belles et les plus coquettes finissent tôt ou tard par systématiquement recevoir de ce "madame" prétendument respectueux, qui les renvoie dans la catégorie des chairs plus très fraîches... On ne fait pas remarquer aux hommes qu'ils sont beaux ou laids ou qu'ils ont pris de l'âge ; alors, pourquoi s'obstiner à le faire remarquer aux femmes ?
Adopter mademoidame, c'est revendiquer le droit d'être jeune, et aussi le droit de vieillir ; le droit d'être belle, et aussi le droit d'être moche. Et, par-dessus tout, le droit de ne pas se l'entendre dire.

mercredi 19 octobre 2011

Mademoidame se projette dans le futur (par Mademoidame Agnès)


Marque de civilité pour les femmes, le terme Mademoidame est apparu au XXIe siècle. Il  fusionne les termes  mademoiselle et  madame, tombés en désuétude, et  qui  distinguaient jusqu’au XXe siècle les femmes mariées de celles qui ne l’étaient pas. En  2012, en direct de l’Élysée,  la première présidente française, Eva Joly, s’adresse à la Nation en commençant son discours par ‘Mesdemoidames, Messieurs’. Auparavant, le terme est entré dans le langage populaire, particulièrement aux États-Unis, au Canada et au Japon, popularisé par des artistes comme Mademoidame Gaga, qui revendique ce nom de scène lors d’une tournée internationale, tandis que le tube de Patricia Kass, ‘mademoidame chante le blues’ est une nouvelle fois consacré, avec plus de 10 millions d’exemplaires vendus. Dans un autre genre, Catherine Ringer, reprend la célèbre chanson grivoise de Colette Renard, ‘Que c’est bon d’être une mademoidame’ qui se fredonne sur toutes les lèvres. Il faut attendre 2040 que pour que l’Académie française admette officiellement ce terme dans le dictionnaire, depuis longtemps en usage dans la langue française.
Petite Encyclopédie terrienne, Mademoidame Agnes


Mademoidame Agnès habite à New York et collabore à http://egalités-info.fr/.

lundi 10 octobre 2011

Dis, tu me payes un sondage ?

L'Institut Harris a réalisé - du 30 septembre au 3 octobre, sur un échantillon de 744 femmes âgées de plus de 18 ans - un sondage en ligne pour le compte du magazine Grazia. Les questions portaient sur les trois dernières campagnes d'Osez le féminisme. Déjà, là, je tique : pourquoi un magazine payerait-il pour mesurer les campagnes d'une association ? C'est un peu comme si je demandais à mes voisins d'aller faire mes courses et de les payer de leur poche... Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
A la question "Cela vous dérange-t-il d'être appelée Mademoiselle ?", la majorité des femmes, tous âges confondus, répond "non". Mais la question prête à confusion. Ce n'est pas du tout la même chose d'être appelée Mademoiselle dans la rue, et Mademoiselle Unetelle. Autant l'appellation peut être flatteuse dans le premier cas, autant elle est problématique dans le second. Il aurait fallu poser deux questions plutôt qu'une. Les résultats complets du sondage sont disponibles sur http://www.harrisinteractive.fr/news/2011/Results_HIFR_Grazia_07102011.pdf.
Notez que nous, les mademoidames, on regarde ça d'un peu loin... On n'en est pas à faire des campagnes nationales. Il paraît quand même que le mot mademoidame a été entendu dans des débats radiophoniques et télévisés. Si seulement mes informateurs pouvaient être plus précis ! Mademoidame est évidemment la meilleure solution. On y viendra, un jour. Il faut laisser mûrir.

mardi 4 octobre 2011

Madame ou Madame ou mieux encore : Mademoidame

La campagne Madame ou Madame, lancée la semaine dernière, arrive un peu tard en ce qui me concerne. Elle a tout de même le mérite de faire parler à grande échelle de l'inégalité de traitement social entre les hommes et les femmes. Même si le résultat n'est pas toujours beau à voir : à constater la bêtise et la virulence de certains commentaires en ligne sur Libé ou les Inrocks, on se demande dans quel pays et à quel siècle on vit...
Les oppositions sont toujours plus ou moins les mêmes : il y a les gens qui ne comprennent pas le problème, ou font semblant de ne pas le comprendre, et ceux qui proposent une autre solution que le madame généralisé. 
Dans la première catégorie se rangent les indignations vertueuses du type : " Il y a des questions plus urgentes à régler pour les femmes : l'écart des salaires et la représentation politique par exemple ! " Cette posture, qui se veut réaliste, méconnaît complètement la force symbolique du langage. Et si les femmes gagnaient moins d'argent et étaient sous-représentées en politique précisément parce que le langage induit qu'une femme ne peut être que l'épouse (madame) ou la fille (mademoiselle) d'un homme ?
La première catégorie regroupe aussi les personnes qui suggèrent de dire mondemoiseau aux hommes non mariés. Mais Mondemoiseau ne constitue nullement une solution, c'est plutôt un démontage par l'absurde. Et puis, pourquoi voudrait-on infliger aux hommes ce dont on essaye de libérer les femmes ?
La deuxième catégorie, celle des gens qui comprennent le problème mais prônent une autre solution que le madame généralisé, comprend les pro mademoiselle et les partisans du citoyen-citoyenne. Si ces derniers connaissaient ce blog, ils seraient pro mademoidame. Mademoidame et monsieur équivalent à citoyenne et citoyen, la terreur révolutionnaire en moins. Optez pour mademoidame et soyez sans crainte, vous ne risquez pas d'y perdre la tête.

mardi 27 septembre 2011

Génération mademoidame

C'est tout de même étrange qu'on dise backstage plutôt que coulisses, qu'on adopte tous les mots anglais et tous les concepts américains - à l'exception du Ms. qui libérerait vraiment les femmes. Ms., en français, c'est mademoidame. Les féministes préconisent de dire madame à toutes, y compris aux petites filles, mais je me vois mal dire madame à une gamine. Ce serait d'une certaine manière la priver de sa jeunesse. Madame sent l'encaustique des intérieurs bourgeois d'autrefois. Madame est avant tout l'épouse de Monsieur. Mademoidame, au contraire, est un mot neuf et sans connotations. Commençons donc à dire mademoidame aux filles dès leur plus jeune âge, et laissons-les grandir avec ce mot. Qu'elles se marient ou pas, qu'elles aient ou non des enfants, appelons-les mademoidame tout au long de leur vie. Dans cinquante ans, le mot sera si courant qu'on aura oublié qu'il n'a pas toujours existé. Allez, ce soir je joue à Martin Luther King : "I have a dreeaaam !"


lundi 5 septembre 2011

Rue Mademoidame











- Pardon Mademoidame, pourriez-vous m'indiquer le bureau de poste le plus proche ?
- Vous prenez la première à droite puis la deuxième à gauche.
- Merci.
- De rien.
Comme dans 90% des cas, cette personne ne s'étonne pas d'être appelée mademoidame. Il s'agit moins d'indifférence que du fait que tout est normal. Mademoidame est le mot le plus naturel qui soit. Comme s'il avait toujours existé. (Photomontage : Xavier Ramillon)

mardi 23 août 2011

Mademoidame de Beauvoir

J'ai eu envie cet été de relire Le deuxième sexe. Simone de Beauvoir a beaucoup compté dans mon imaginaire. Elle incarnait l'intellligence, l'égalité avec les hommes, la liberté. J'enviais sa puissance de travail. Je partageais son refus de la maternité. J'ai lu tous ses livres de mémoires. Mon souvenir d'elle le plus prégnant - qui m'a donné par la suite l'audace de voyager seule - est celui de ses excursions solitaires. Elle a alors vingt et quelques années. Elle enseigne la philosophie à Marseille, dont elle explore l'arrière-pays pendant ses jours de congé. Elle se chausse d'espadrilles, emporte pour tout pique-nique une tranche de jambon. Des gens lui demandent si elle n'a pas peur, toute seule dans la garrigue; mais non, elle n'a pas peur. Nous sommes dans les années 1930. Jeune femme célibataire, elle est invariablement appelée mademoiselle. Et puis un jour, dans La Force de l'âge, quelqu'un lui dit madame pour la première fois. Ce n'est pas elle qui le remarque, c'est moi. Le madame correspond bien à une promotion, mais laquelle ? S'agit-il d'une reconnaissance personnelle ou d'un hommage à "Madame Sartre"?
Il n'est pas une seule fois question des civilités dans les mille pages du Deuxième sexe. Il aurait fallu que Beauvoir vive centenaire et constate les mutations démographiques pour être amenée à réfléchir sur la nécessité de faire évoluer le langage. Elle montre bien que l'homme est systématiquement posé comme le destin de la femme. Elle aurait admis sans difficulté que le distingo madame/mademoiselle est aliénant. A choisir entre l'extension du bourgeois madame à toutes les femmes et la nouveauté libératrice de mademoidame, je crois savoir ce qu'elle aurait préféré...

lundi 15 août 2011

Les vacances de Mademoidame

Je peux passer plusieurs jours en nombreuse compagnie sans prononcer mademoidame une seule fois. J'aurais pu faire des émules, enflammer la conversation, inviter de nouvelles personnes à visiter ce blog... L'occasion ne s'en est pas présentée. Et puis quoi, il faut savoir être en vacances.
De retour à Paris, j'ai le plaisir de trouver un message d'encouragement : "Merci pour votre excellente idée. Le vocable est joli, le Ms. nous manque grandement." Puis mon chéri m'emmène au restaurant. Au serveur qui s'apprête à déposer les brochettes devant lui, il déclare: "C'est pour Mademoidame."

vendredi 22 juillet 2011

Madame Philippe Tartempion

Certaines femmes commencent par dire :" Moi, ça m'est égal qu'on me dise Madame ou Mademoiselle." Puis on creuse un peu le sujet, et on s'aperçoit que ça ne leur est pas du tout égal. "Ce que qui m'énerve vraiment, c'est qu'on me pose la question. Que les gens m'appellent comme ils veulent mais qu'ils ne me demandent pas bêtement "madame ou mademoiselle ?" Je trouve ça d'un niais !"
Aucune femme n'est indifférente à la question des civilités.
Une des mes amies ne supporte pas de recevoir des courriers libellés à "Madame Philippe Tartempion". Elle a pris le nom de son mari parce qu'elle n'aimait pas son nom de naissance, mais de là à perdre son prénom... " C'est révoltant ! Parles-en sur ton blog ! " C'est sûr, elle préférerait être appelée Mademoidame Elisabeth Tartempion.
Et hop, une recrue de plus.

lundi 11 juillet 2011

Mademoidame s'installe

Sans budget, sans inféodation d 'aucune sorte, quelques allumé(e)s du verbe sont en train de répandre, goutte à goutte, ce petit mot de mademoidame. Rien de spectaculaire a priori. Et pourtant, ça marche ! Mademoidame est immédiatement compris. On sourit, on donne son avis. Les jeunes adorent. Les hommes réagissent très bien. Curieusement, ce sont des femmes qui hésitent ou font la grimace, et leur degré d'opposition semble proportionnel à leur âge. Je me prends parfois à rêver de l'essort que prendrait mademoidame avec une bonne campagne de communication. Et puis non finalement, c'est très bien ainsi. Mademoidame creuse son lit comme une rivière: discrètement, lentement, mais sûrement.

mardi 5 juillet 2011

Mademoidame et son chéri

Ah, l'amour!... Mon homme est merveilleux, pourtant je ne saurais me contenter d'être sa femme. J'ai besoin d'exister socialement par moi-même. Les civilités habituelles, madame et mademoiselle, me font l'effet d'un vêtement étriqué. Je ne me reconnais pas dans les rôles féminins traditionnels. Je ne peux me résoudre à être seulement l'ombre d'un tiers. C'est normal après tout. Les femmes sont des hommes comme les autres. Il y a des différences bien sûr, mais pas autant que ce qu'on nous inculque. Mon homme le comprend très bien. Lui non plus ne pourrait pas se contenter d'être mon satellite. Il ne supporterait pas que la civilité sur les enveloppes qu'il reçoit fasse référence à son état marital, ni que l'appellation qu'on lui donne dans la rue l'informe sur son niveau d'attractivité sexuelle. Pour toutes ces bonnes raisons, il a adopté mademoidame.

jeudi 30 juin 2011

Evolutions

Nous avons adopté l'euro, nous nous sommes massivemment arrêtés de fumer, même les plus réfractaires à la technologie se sont mis à Internet... Le changement semble terrible à première vue ; une fois le pas franchi, on se rend compte que ce n'était pas si difficile. Il n'y a pas d'habitude qui ne puisse être modifiée.
Pour quelles raisons voudrait-on donc conserver ces termes de madame et de mademoiselle, qui ravalent la femme à un rôle secondaire ? Qui autorisent un contrôle social de sa vie personnelle ? Quand on me demande "Madame ou mademoiselle ?", j'ai toujours l'impression qu'on veut regarder dans ma culotte. Mais ça ne vous regarde pas enfin ! Laissez-moi tranquille et appelez-moi Mademoidame !

samedi 25 juin 2011

Français(es), encore un effort !

Il y a seulement cinquante ans, la terreur de tout parent était que sa fille devienne ce qu'on appelait alors une "fille-mère". Un enfant né hors mariage - on parlait d'enfant "naturel - était vécu dans les familles comme une véritable honte.
Aujourd'hui, les demoiselles ne sont plus que très rarement de "vraies" jeunes filles, et le mariage ne sert plus guère qu'à recevoir des cadeaux ou à faciliter la situation d'un compagnon étranger. Quand 55% des enfants d'un pays naissent hors mariages (chiffres INSEE pour 2010), les termes madame et mademoiselle n'ont vraiment plus aucun sens - hormis celui de faire perdurer les discriminations dont les femmes sont victimes.
Pourquoi s'obstinerait-on à conserver un système de civilités qui ne correspond plus à la réalité ?
Pourquoi, alors qu'on ne cesse de parler d'égalité professionnelle et de parité, refuserait-on de faire évoluer le langage ? C'est une question de bon sens et d'équité. Alors prononcez le mot à voix haute, mademoidame. Gardez-le un peu en bouche comme vous le feriez d'un bon vin. N'est-ce pas qu'il est délicieux, passée la première surprise ?

vendredi 24 juin 2011

Dialogue de demoidames dans le métro

- Mademoidame, votre sac est ouvert.
- Vous m'avez appelée comment ?!
- Mademoidame.
- Mademoidame ?
- Mademoidame. Ben quoi, on ne fait pas de différence entre les hommes jeunes et les hommes vieux, entre les hommes mariés et ceux qui ne le sont pas ; on leur dit Monsieur à tous. Et bien pour les femmes, maintenant, c'est pareil : on leur dit Mademoidame.
- Mais c'est super ! Pourquoi j'en ai pas entendu parler avant ?
- C'est encore un peu d'avant-garde, ça se répand petit à petit. Bon, j'arrive à ma station, il faut que je descende. Je vous dis au revoir, Mademoidame.
- Au revoir Mademoidame !

dimanche 19 juin 2011

Madame ou Mademoidame ?

Je me demandais, depuis tant d'années, pourquoi les féministes françaises ne s'attaquaient pas à cette question du madame/mademoiselle...
Dès le début de Mademoidame, j'ai donc cherché à contacter les associations et les blogs féministes que je trouvais au hasard d'Internet. Et là, stupeur, j'ai découvert que le troisième terme n'avait pas l'heur de plaire à toutes. Les féministes semblent en majorité pro madame. Elles préconisent l'usage de madame pour toutes les femmes, y compris les petites filles. Sur une des pages web que j'ai fréquentées, le commentaire que j'avais laissé pour faire connaître mademoidame a été carrément supprimé !
Les seules à m'avoir répondu, merci à elles, sont les militantes d'Osez le féminisme. Elles entamaient au mois de mars une réflexion sur madame/mademoiselle. Un peu plus tard, elles m'ont invitée à une réunion, mais elles avaient déjà commencé à travailler sur une campagne pro madame, il n'y avait pas de place pour mademoidame.
Il y aurait pourtant un débat intéressant à avoir sur les avantages comparés de madame et de mademoidame.
C'est vrai, mademoidame semble étrange au début, mais madame n'est jamais que le pendant de mademoiselle.
Madame et mademoiselle instillent l'idée qu'une femme n'existe pas socialement par elle-même. Elle est soit en attente d'un mari (mademoiselle), soit déjà mariée (madame), comme si le destin d'une femme ne pouvait dépendre que d'un homme. On dit d'ailleurs d'une femme mariée (une madame) qu'elle est "casée" - quel vilain mot.
En fait, Madame et Mademoidame ont des usages différents. Madame, ça va bien sur un courrier des impôts. Dans la rue, Mademoidame est plus élégant : il évite aux très jeunes femmes de se sentir enfermées trop tôt dans le carcan du madame, aux moins jeunes de s'entendre remarquer qu'elles ont pris des rides - et à tous les autres de commettre des gaffes.

lundi 13 juin 2011

Ciel, mes maris !

Rares sont celles qui trouvent l'âme soeur du premier coup. Nous avons presque toutes eu, nous aurons presque toutes plusieurs compagnons au cours de notre vie. Quand ça ne va plus, enfants ou pas, on se sépare. Un couple marié sur deux finit par divorcer, deux sur trois en Ile-de-France. L'amour ne se garantit pas et le mariage de ce point de vue ne sert à rien. Voilà pourquoi, sans doute, 55% des enfants nés en France en 2010 sont nés de parents non mariés.
Ce mouvement irréversible est amorcé depuis quarante ans. Il a profondément transformé la société française. Les appellations réservées aux femmes par tradition, Madame et Mademoiselle, font référence à une société qui n'existe plus que minoritairement. Elles sont obsolètes et discriminantes. Il faut les faire évoluer. Mademoidame s'y emploie.

mercredi 8 juin 2011

Portrait d'une pionnière

Poétesse et slameuse, Camille Case est une Mademoidame de la première heure. Elle nous explique pourquoi.




Qu'est-ce qui t'a plu dans mademoidame ?



Lire Proust m'a appris qu'il se raconte bien souvent autre chose que ce qui est dit en apparence. Au cœur des mille usages qui peuvent être fait d'un mot, on a toutes vécu cette situation où un homme vous appelle "Mademoiselle" avec un petit air entendu, que vous pouvez traduire ainsi : « Je te regarde, et démerde-toi avec mes désirs." On a toutes éprouvé aussi le "Madame" qui vous fige au contraire dans une espèce de respectabilité prématurément cireuse, qui vous tiendrait à distance des joies de la vie ( si vous vous laissiez faire )... Pas besoin d'avoir lu toute la Recherche du temps perdu pour être sensible à cette dimension cachée des mots. Les mots, c'est tout un rapport au monde, à l'autre, qui est mis en circulation à travers l' usage qui en est fait, que l'on s'en rende compte ou non d'ailleurs. Des mots disparaissent et avec eux la réalité qu'ils nommaient ; des mots naissent aussi... parce qu' ils sont attendus, désirés. L'arrivée de mademoidame dans la langue française ouvre de belles perspectives relationnelles, puisque que nous sommes tous liés par les mots. Mot-valise ( deux en un), il se pose d'entrée avec humour et poésie, et il vient résonner en vous, dans tous vos recoins si vous êtes bien attentif. Mademoidame vous accorde d'être là où vous êtes, il n'exclut même pas le meilleur de la galanterie, c'est-à-dire la délicatesse d'attention. Le mot ne s'adresse qu'à vous, ne vous demande pas par-derrière si vous êtes mariée, veuve ou célibataire ; il vous laisse libre d'entrer comme bon vous semble dans l'échange. Il est sans jugement, il vous met en confiance, vous étonne, vous fait sourire, bref... il fait du bien ! On se sent femme en mademoidame !





As-tu déjà employé mademoidame, et dans quelles circonstances ?



Oui, je l'emploie souvent et consciencieusement dans les ateliers d'écriture que j'anime, puisque que les mots sont mes outils de travail. J'appelle Mesdemoidames toutes les jeunes filles et les femmes avec qui je travaille - à réveiller la créativité via justement cette conscience des mots, qui se mettent à exister enfin d'une manière agissante. Elles n'ont pas besoin d'avoir été longtemps à l'école ou de maitriser parfaitement le français pour y être sensibles - et pour aimer qu'on les appelle ainsi !








Quelles ont été les réactions de tes interlocuteurs/interlocutrices ?



Les femmes sourient, se redressent ; les hommes s'étonnent et s'en saisissent. On m'appelle "Mademoidame" bien souvent désormais... Ce mot vous accepte tout entière, je l'éprouve et l'observe chez d'autres. Il faut juste un peu d'audace et d'humour pour en faire usage, à croire que ce mot incarne précisément ce qui nous manque ... D'où la nécessité de le faire entrer d'urgence dans son vocabulaire. On ne risque rien à déclarer "Mademoidame" en réponse au moindre "Madame ou mademoiselle? ", à l'utiliser avec sa banquière, sa boulangère ou avec une inconnue à qui on demande l'heure dans la rue - sauf d'allumer une lueur nouvelle dans un regard. On ne risque rien d’autre que de faire et se faire du bien."



Camille Case est sur facebook http://www.facebook.com/media/set/?set=pa.1534684264#!/profile.php?id=1534684264&sk=wall




jeudi 2 juin 2011

Le spectre de la vieille fille

S'entendre dire "mademoiselle" dans un magasin parce qu'à plus de quarante ans, on a une allure de sylphide, passe encore. Il faudrait être particulièrement bégueule pour ne pas reconnaître le compliment. Mais recevoir des enveloppes libellées "Melle", avec des lettres commençant par "Chère Mademoiselle" alors que votre carnet de chèques est depuis longtemps établi à "Madame", voilà qui dépasse l'entendement. De quoi se mêlent-ils, ces gens de l'agence immobilière ? Il leur a semblé que vous viviez seule, mais que savent-ils de vous, et au nom de quoi s'arrogent-ils le droit de vous affubler d'une civilité ridicule qui n'est même pas celle sous laquelle vous leur versez de l'argent ?
Passé vingt-cinq ans, "mademoiselle" est plus que douteux. Le spectre de la vieille fille hante notre imaginaire collectif. Avec son nez crochu, ses mitaines noires, sa verrue sur la lèvre et sa méchanceté proverbiale, la vieille fille incarne la sorcière, le repoussoir absolu. C'est à cela qu'on vous renvoie quand on s'obstine à vous appeler "mademoiselle" alors que vous ne l'avez pas demandé. Comme si aujourd'hui encore, en dépit des statistiques, il était louche de ne pas être mariée ou nantie d'au moins un enfant. Assez de ces images d'Epinal ! Puisque l'agence immobilière ne parvient pas à vous appeler Madame en dépit de votre chéquier, appelons-nous toutes Mademoidame.

dimanche 29 mai 2011

Historique

Au Moyen-Age, madame s'appliquait à une femme noble titrée, mariée ou pas, et mademoiselle à une femme noble non titrée, mariée ou pas. On date de la fin du dix-huitième siècle l'usage de ces deux termes en fonction de la situation matrimoniale. Depuis plus de deux siècles, Madame n'est donc que l'épouse de Monsieur. Une bonne raison d'opter pour Mademoidame...

mardi 24 mai 2011

Les pionnières


Elles ont opté pour mademoidame parce que ça leur va bien !
(Avec Camille Case, Doréa Sisdee, Monique Le Lann, Lilou Bach, Christine R, Yaël, Mireille, Hélène, Chani, Sophia, Cécile et Gaëlle.)

Innovation linguistique

Certaines personnes, rétives sans doute à l'innovation linguistique, accueillent mademoidame avec méfiance. Comme s'il était interdit d'inventer un mot ! Comme si l'initiative lexicale était réservée aux seuls vendeurs de lessive. Comme si de nouveaux mots ne surgissaient pas chaque jour. On adopterait sans broncher des centaines de néologismes et de noms de marques, mais on ferait la moue à l'énoncé de mademoidame ? Allons, allons... Mademoidame est loin d'être une proposition absurde. Mademoidame comble un vide dans la langue française moderne. Ni mademoiselle, ni madame, mais une définition nouvelle pour les femmes d'aujourd'hui.

Mademoidame dans Grazia




Paru dans Grazia, numéro du 6 au 12 mai 2011.

lundi 2 mai 2011

Mademoidame reçoit du courrier

J'ai reçu pour la première fois une lettre libellée à "Mademoidame" Isabelle Sojfer ! Je n'en suis pas peu fière. Si l'impact de ma démarche se mesure à ce genre de détails, on peut parler de franc succès. Chaque fois qu'une de mes relations m'accueille d'un "Tiens, c'est Mademoidame Sojfer ! ", je marque un point. Même s'il s'agit au bout du compte de convaincre à plus large échelle, la campagne mademoidame commence là, dans ma vie de tous les jours.

mardi 19 avril 2011

Nécessaires civilités

Une de mes relations - une femme de près de cinquante ans nantie d'une fille adolescente - met un point d'honneur à se faire appeler "Mademoiselle" Machin-Chose. Mais elle m'adresse depuis des années des courriers à "Isabelle Sojfer", sans autre forme de civilité. On peut se demander pourquoi.
On a beau se tutoyer de plus en plus, les civilités restent indispensables. Bonjour tout court est moins poli que bonjour Mademoidame ou bonjour Monsieur. Et comment aborder quelqu'un qu'on ne connaît pas ? Appeler "Hep, vous, là-bas !" serait carrément grossier. Heureusement qu'il y a les civilités. Surtout depuis que Mademoidame existe. Si vous aviez pu me voir, hier, hélant la serveuse à la terrasse d'un café : "On vous doit combien, Mademoidame ?" Ce mot est devenu tellement naturel que je l'emploie sans y penser. La serveuse a réagi immédiatement, comme si on l'avait appelée ainsi toute sa vie. Personne n'a même levé la tête. Essayez, c'est magique.

lundi 11 avril 2011

Conditionnement, quand tu nous tiens...

Voici donc quelques semaines que je m'efforce de dire Mademoidame aux caissières dans les magasins. Je prends mon air excentrique-et-je-l'assume, pour le cas où on me regarderait bizarrement. J'ai beau m'apprêter à expliquer que Mademoidame est aux femmes ce que Monsieur est aux hommes - je suis même prête à demander d'un air incrédule : "Comment? Vous ne savez pas?! Mais tout le monde dit Mademoidame, c'est le nouveau truc !" - je guette en vain la réaction de mon interlocutrice. Elle a probablement trop de soucis pour faire attention à mon vocabulaire, la caissière du supermarché. Et puis je ne pense pas toujours à employer Mademoidame. Comme tout le monde, je suis plus encline à dire Madame, uniquement par habitude.

mardi 5 avril 2011

Pourquoi il faut un troisième terme

On nous dit que si la loi était appliquée, toutes les femmes seraient appelées Madame. Comme au Canada, le terme Mademoiselle serait relégué au rang des vieux objets qu'on ne trouve plus que sur les brocantes et dans les musées. Mademoiselle est discriminatoire, tout le monde s'accorde sur ce point. Lire à ce propos le très intéressant "Madame Mademoiselle" de Laurence Waki, paru en 2006 aux éditions Max Milo: http://www.maxmilo.com/product_info.php?products_id=98 Voir aussi sur le net: http://www.friedland.ccip.fr/1427_madame-ou-mademoiselle-stop-a-la-discrimination/ http://romy.tetue.net/madame-ou-mademoiselle#forum2757 http://www.c-e-r-f.org/nomappellation
Mais alors, si le "tout Madame" est déjà prévu, s'il ne suffit plus que d'obtenir l'application des textes, pourquoi vouloir lancer Mademoidame? Pourquoi rajouter une troisième civilité alors qu'il y en a déjà deux ? Parce que le "tout Madame" est impossible à obtenir. Les gens résistent, les femmes les premières. Nombre de femmes tiennent à être appelées Mademoiselle. Un sondage réalisé en 2009 pour Madame Figaro fait état de 71% d'opposition à la disparition de mademoiselle... Personne ne semble d'accord. Une chose est sûre : Mademoiselle contient aussi une dose de séduction à laquelle on ne renonce pas aisément. J'en entends déjà pester, comment peut-elle parler de séduction alors qu'il s'agit justement de libérer les femmes de la domination [masculine, marchande, etc] ? La séduction ne relève pas uniquement de la domination et de l'aliénation. Mademoiselle colporte aussi une part d'imaginaire et de rêve. Il est très difficile de priver les gens de leurs rêves. Madame n'est d'ailleurs que l'autre versant de Mademoiselle. Madame et mademoiselle forment un système binaire où une femme est toujours définie par rapport à un homme.  Dans tous les cas, le "madame" généralisé semble affreusement austère.
Mademoidame est un terme nouveau, fun, mignon - et hautement nécessaire. Ce n'est ni le mademoiselle suranné ni le pesant madame. Sa sonorité rappelle les deux anciennes appellations, et son sens se devine immédiatement. Mademoidame, c'est le mot pour enfin exister par soi-même.

mercredi 30 mars 2011

Mademoidame s'introduit dans la conversation

Qu'elle ait 18 ou 98 ans, qu'elle soit mariée ou pas, qu'elle ait ou non des enfants, toute femme d'apparence adulte peut être appelée Mademoidame. Mademoidame, il suffit de prononcer le mot à voix haute : mad-moi-dame. Mesdemoidames au pluriel. N'est-ce pas que ça sonne bien ? Vous qui ne portez encore que Mademoiselle ou Madame, essayez Mademoidame comme un vêtement devant une glace. Appelez-vous Mademoidame entre copines. Parlez-en dans les dîners. Mademoidame est le sujet idéal pour lancer une conversation animée. Plus le groupe est large, plus il y a de chances pour que Mademoidame rencontre une opposition. C'est normal avec un mot nouveau. Si on vous parle esthétique, brandissez Pokémon ou le verbe réseauter, et les critiques seront obligés d'admettre que Mademoidame est un mot bien plus beau. Et même qu'il a un charme fou. Voilà, Mademoidame a fait son entrée.

vendredi 25 mars 2011

L'utopie à la portée de tou(te)s

J'ai la joie d'annoncer que je ne suis pas la première sur Internet à avoir prôné l'usage généralisé de Mademoidame :
http://www.veryfriendly.fr/Oceane-la-lesbienne-invisible-veut-se-presenter-aux-elections-presidentielles--Son-programme_a812.html
Par ailleurs, beaucoup de gens ont adopté Mademoidame comme pseudo sur des forums. Une jeune femme s'est inscrite sur Facebook sous le nom de Mademoidame Mag. Preuve que nous ne sommes pas les seul(e)s, mes ami(e)s enthousiastes et moi, à apprécier le mot Mademoidame...

Un enjeu symbolique fort

Le langage structurant la pensée, le classement dame/demoiselle assigne les femmes à une place éternellement subordonnée. Il les condamne à ne se définir que par rapport au mariage, alors même que le mariage n'est plus qu'une option de vie parmi d'autres. Il est urgent d'introduire un troisième terme mieux adapté à la société contemporaine. Une appellation qui soit aux femmes ce que Monsieur est aux hommes : neutre et pérenne. Dans L'Idée qui tue (Eyrolles, 2009), Nicolas Bordas explique que plus une idée est subversive, plus elle est forte. Mademoidame est incontestablement une idée subversive - un pavé dans la mare du patriarcat ! - et donc une idée forte. C'est aussi une idée toute simple. Après tout, Mademoidame est une adaptation à la société telle qu'elle est aujourd'hui. Mademoidame est si facile à mettre en oeuvre qu'il faudra prendre garde, le moment venu, à ce que ce mot ne serve pas de prétexte à ne rien faire d'autre pour améliorer les salaires des femmes et leur condition en général. Le remplacement de Madame/Mademoiselle par Mademoidame contribuera, sur le long terme, à changer les perceptions et les mentalités.

lundi 21 mars 2011

Mademoid'homme ?

Quelqu'un à qui j'exposais mon projet a suggéré de trouver une appellation commune aux hommes et aux femmes. Mademoid'homme alors ? Voilà qui serait radical. Mais cette appellation unique, en abolissant la différence des sexes, finit par poser plus de problèmes qu'elle n'en résout... D'autres ont brandi l'expression "jeune homme", qui selon eux équivaudrait à Mademoiselle. Sauf que personne n'adresserait un courrier à "Jeune homme Thomas Trucmuche". Mademoiselle n'a pas de réel équivalent masculin. Petite note à l'intention des deux dragueurs qui ont exprimé des inquiétudes concernant Mademoidame : L'appellation Madame ne pouve pas qu'une femme est mariée, et Mademoiselle n'indique en aucune façon qu'elle est disponible. La distinction Madame/Mademoiselle ne vous sert donc à rien. En adoptant Mademoidame, vous aborderez la personne de votre choix avec originalité, engagerez une conversation passionnante, montrerez votre ouverture d'esprit, bref, vous marquerez des points !

jeudi 17 mars 2011

Vous avez dit féminisme ?!

En 1966, Betty Friedan remarquait que féminisme était devenu un gros mot. Aujourd’hui encore, les féministes ont une mauvaise image. Tout le monde est d'accord pour dire qu'à qualification et expérience égales, les femmes doivent gagner le même salaire que leurs collègues masculins, que leurs corps leur appartient et qu'elles ont droit à autant de liberté sexuelle que les hommes, pourtant peu de gens se diraient féministes. C'est bizarre parce que les féministes des années 60/70, on leur doit tout en matière d'évolution des moeurs. Nos grand-mères connaissaient un homme dans leur vie, et tant pis si ce n'était pas le bon. Nos grand-pères étaient à nos grand-mères ce qu'un geolier est à un détenu - un geolier se trouvant lui-même en prison. C’est parce que les féministes se sont battues pour la contraception puis pour l’avortement, essuyant insultes et quolibets, que nous ne sommes plus obligé(e)s de nous marier et que nous pouvons changer de partenaire quand bon nous semble. Les combats des féministes nous ont bénéficié à tous, femmes et hommes, et personne à part les fanatiques religieux ne voudrait revenir en arrière. Alors, pourquoi tant de mépris ?
Depuis un moment déjà, le mariage n'est plus la finalité sociale des femmes. Il n'est plus nécessaire. Ses chiffres chutent régulièrement, et les naissances hors mariage sont majoritaires en France. La division Madame/Mademoiselle ne correspond donc plus à rien. Alors maintenant, quand on me pose la sempiternelle question, "Madame ou Mademoiselle?", je réponds sans me démonter : "Mademoidame."

samedi 12 mars 2011

Mademoidame ou quoi d'autre ?

La principale objection rencontrée par Mademoidame concerne le mot lui-même. Il est parfois jugé trop long - alors qu'il comporte exactement le même nombre de syllabes que Mademoiselle, et même une lettre de moins. Ou bien on ne le trouve "pas beau", on le juge "laid" voire "affreux", comme si la division obsolète et ridicule des femmes en deux catégories était plus esthétique !
Cet argument ne s'appuie sur rien d'objectif. Il ne fait que masquer une peur du changement. On trouve laid ce qui est inhabituel. Mademoidame n'est pas plus vilain que les noms de marques dont nous nous martèle les oreilles à longueur de journée. Il a même une dimension ludique et rigolote qui ne devrait rebuter que les grincheux. Il présente l'avantage d'être immédiatement compréhensible. Composé de mademoi - qui entraîne automatiquement à anticiper mademoiselle - et de dame, il est le mot-valise et le mélange parfait des deux termes existants.
Toutefois, si quelqu'un trouve mieux, je veux bien changer. Je ne cherche qu'un troisième terme qui soit l'équivalent français de Ms en anglais. Madelle a été proposé par les Québécois dans les années quatre-vingt, mais le sens de ce mot ne saute pas à l'esprit. Madamoiselle à été proposé, mais ça ressemble trop à Mademoiselle. Quiconque a des idées est invité à poster ses propositions. Si on trouve mieux que Mademoidame, je suis prête à refaire ma vidéo ! D'ici là, ce sera Mademoidame...