samedi 29 octobre 2011

Jeune ou vieille, moche ou belle...

La classification madame/mademoiselle est d'autant plus difficile à appréhender qu'elle porte sur plusieurs paramètres : la situation maritale bien sûr, la situation "parentale" (une femme avec enfant est appelée Madame, même si elle n'est pas mariée), l'âge supposé ou, plus exactement - et surtout plus cruellement : le niveau esthétique. Une jolie femme recevra du "mademoiselle" jusqu'à un âge avancé, tandis qu'une grosse avec du poil au menton sera appelée "madame" dès sa prime adolescence. Mais oui, c'est révoltant. C'est aussi terriblement ambigü. Sles femmes acceptent encore d'être appelées mademoiselle, c'est bien parce qu'elles sont sensibles au compliment que peut véhiculer, sous certaines conditions, l'emploi de "mademoiselle". Il ne faut pourtant pas se leurrer : les plus belles et les plus coquettes finissent tôt ou tard par systématiquement recevoir de ce "madame" prétendument respectueux, qui les renvoie dans la catégorie des chairs plus très fraîches... On ne fait pas remarquer aux hommes qu'ils sont beaux ou laids ou qu'ils ont pris de l'âge ; alors, pourquoi s'obstiner à le faire remarquer aux femmes ?
Adopter mademoidame, c'est revendiquer le droit d'être jeune, et aussi le droit de vieillir ; le droit d'être belle, et aussi le droit d'être moche. Et, par-dessus tout, le droit de ne pas se l'entendre dire.

mercredi 19 octobre 2011

Mademoidame se projette dans le futur (par Mademoidame Agnès)


Marque de civilité pour les femmes, le terme Mademoidame est apparu au XXIe siècle. Il  fusionne les termes  mademoiselle et  madame, tombés en désuétude, et  qui  distinguaient jusqu’au XXe siècle les femmes mariées de celles qui ne l’étaient pas. En  2012, en direct de l’Élysée,  la première présidente française, Eva Joly, s’adresse à la Nation en commençant son discours par ‘Mesdemoidames, Messieurs’. Auparavant, le terme est entré dans le langage populaire, particulièrement aux États-Unis, au Canada et au Japon, popularisé par des artistes comme Mademoidame Gaga, qui revendique ce nom de scène lors d’une tournée internationale, tandis que le tube de Patricia Kass, ‘mademoidame chante le blues’ est une nouvelle fois consacré, avec plus de 10 millions d’exemplaires vendus. Dans un autre genre, Catherine Ringer, reprend la célèbre chanson grivoise de Colette Renard, ‘Que c’est bon d’être une mademoidame’ qui se fredonne sur toutes les lèvres. Il faut attendre 2040 que pour que l’Académie française admette officiellement ce terme dans le dictionnaire, depuis longtemps en usage dans la langue française.
Petite Encyclopédie terrienne, Mademoidame Agnes


Mademoidame Agnès habite à New York et collabore à http://egalités-info.fr/.

lundi 10 octobre 2011

Dis, tu me payes un sondage ?

L'Institut Harris a réalisé - du 30 septembre au 3 octobre, sur un échantillon de 744 femmes âgées de plus de 18 ans - un sondage en ligne pour le compte du magazine Grazia. Les questions portaient sur les trois dernières campagnes d'Osez le féminisme. Déjà, là, je tique : pourquoi un magazine payerait-il pour mesurer les campagnes d'une association ? C'est un peu comme si je demandais à mes voisins d'aller faire mes courses et de les payer de leur poche... Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
A la question "Cela vous dérange-t-il d'être appelée Mademoiselle ?", la majorité des femmes, tous âges confondus, répond "non". Mais la question prête à confusion. Ce n'est pas du tout la même chose d'être appelée Mademoiselle dans la rue, et Mademoiselle Unetelle. Autant l'appellation peut être flatteuse dans le premier cas, autant elle est problématique dans le second. Il aurait fallu poser deux questions plutôt qu'une. Les résultats complets du sondage sont disponibles sur http://www.harrisinteractive.fr/news/2011/Results_HIFR_Grazia_07102011.pdf.
Notez que nous, les mademoidames, on regarde ça d'un peu loin... On n'en est pas à faire des campagnes nationales. Il paraît quand même que le mot mademoidame a été entendu dans des débats radiophoniques et télévisés. Si seulement mes informateurs pouvaient être plus précis ! Mademoidame est évidemment la meilleure solution. On y viendra, un jour. Il faut laisser mûrir.

mardi 4 octobre 2011

Madame ou Madame ou mieux encore : Mademoidame

La campagne Madame ou Madame, lancée la semaine dernière, arrive un peu tard en ce qui me concerne. Elle a tout de même le mérite de faire parler à grande échelle de l'inégalité de traitement social entre les hommes et les femmes. Même si le résultat n'est pas toujours beau à voir : à constater la bêtise et la virulence de certains commentaires en ligne sur Libé ou les Inrocks, on se demande dans quel pays et à quel siècle on vit...
Les oppositions sont toujours plus ou moins les mêmes : il y a les gens qui ne comprennent pas le problème, ou font semblant de ne pas le comprendre, et ceux qui proposent une autre solution que le madame généralisé. 
Dans la première catégorie se rangent les indignations vertueuses du type : " Il y a des questions plus urgentes à régler pour les femmes : l'écart des salaires et la représentation politique par exemple ! " Cette posture, qui se veut réaliste, méconnaît complètement la force symbolique du langage. Et si les femmes gagnaient moins d'argent et étaient sous-représentées en politique précisément parce que le langage induit qu'une femme ne peut être que l'épouse (madame) ou la fille (mademoiselle) d'un homme ?
La première catégorie regroupe aussi les personnes qui suggèrent de dire mondemoiseau aux hommes non mariés. Mais Mondemoiseau ne constitue nullement une solution, c'est plutôt un démontage par l'absurde. Et puis, pourquoi voudrait-on infliger aux hommes ce dont on essaye de libérer les femmes ?
La deuxième catégorie, celle des gens qui comprennent le problème mais prônent une autre solution que le madame généralisé, comprend les pro mademoiselle et les partisans du citoyen-citoyenne. Si ces derniers connaissaient ce blog, ils seraient pro mademoidame. Mademoidame et monsieur équivalent à citoyenne et citoyen, la terreur révolutionnaire en moins. Optez pour mademoidame et soyez sans crainte, vous ne risquez pas d'y perdre la tête.