samedi 15 décembre 2012

Des sujets anecdotiques

Dès que l'on parle de mademoidame (ou du tout-madame des féministes orthodoxes ), certaines personnes s'empressent de qualifier le sujet d'anecdotique. D'après ces personnes, l'emploi de madame ou de mademoiselle dans la vie courante et administrative n'aurait aucune incidence sur la vie des femmes ; il serait vain de s'y intéresser, et encore plus vain de vouloir changer les pratiques ; ces questions détourneraient l'attention de sujets plus graves.
Il est vrai qu'il se passe des choses infiniment dramatiques de par le monde et même en bas de chez moi. Mais, à ce compte-là, il ne faudrait plus jamais parler de Carla Bruni ni d'aucun footballeur. Nous sommes dans une civilisation de l'anecdote. On ne cesse de nous échauffer l'esprit sur des questions marginales pour  nous faire oublier que de graves décisions sont en train de se prendre sans notre consentement. Le mariage pour tous est un de ces sujets à mes yeux. Je n'ai rien contre les homosexuel(le)s :  qu'ils et elles se marient si ça leur chante bien que je comprenne mal ce désir de conformité. Si, si, je sais, ils et elles veulent se marier pour avoir des enfants. Mais je n'en parlerais pas si je ne venais pas de lire sur lemonde.fr un article signé par Yvette Roudy, Thalia Breton et plusieurs autres personnalités. On vous y explique que le mariage pour tous doit - au nom de l'égalité, s'il vous plaît - mener à la procréation médicalement assistée mais surtout pas à la gestation pour autrui. En d'autre termes, seules les lesbiennes auraient le droit d'avoir des enfants ; les hommes gay, eux, seraient exclus de ce droit au nom de l'égalité.  On en rirait si ce n'était que ridicule. Mais c'est aussi, derrière une facade progressiste, carrément rétrograde puisqu'il il s'agit d'une exaltation du mariage et de la maternité. Ce combat prétendument féministe rappelle un peu celui des jeunes filles qui se battent pour porter le voile au nom de la liberté... Ce n'est pas en exaltant le mariage et la maternité qu'on va faire évoluer la condition des femmes. Ce combat touche une minorité de personnes ; il est infiniment plus anecdotique que la question madame/mademoiselle, qui concerne absolument toutes les femmes.


mercredi 5 décembre 2012

Spectacle

Il se donne à Paris un spectacle d'une heure quinze au cours duquel le présentateur dit au moins quarante fois  :  " Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ".  Vous vous représentez un vieux bonhomme postillonnant ?  Ce présentateur n'a pas trente ans. Il se croit super cool. Il introduit la seule fille du spectacle en évoquant son charme. Pour les autres, il parle de talent. La fille se donne le genre un peu dinde, comme pour répondre à ce qu'on attend d'elle. Entre deux numéros, le présentateur fait un tour de magie. Il fait monter sur scène un spectateur dont il se moque ouvertement. Tout le monde rigole, y compris l'intéressé. Même traitement pour les spectatrices bien entendu, après quoi on enchaîne : "Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Voici maintenant..." Affligeant. Je ne parle pas seulement de la médiocrité du spectacle, mais de ce "Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs" répété comme un mantra, et aussi de cette façon de ridiculiser les spectateurs. Le public, 27 ans d'âge moyen, trouve que tout est normal.
Personnellement, quand il m'arrive de présenter un spectacle, je dis " Mesdemoidames et Messieurs". Et vous ?

dimanche 25 novembre 2012

Des violences faites aux femmes

Dans une usine de textile au Bengladesh, un incendie a tué une centaine de personnes. L'usine emploie  plus de mille personnes, principalement des femmes, et ne respecte pas les normes de sécurité. C'est parce que les issues de secours étaient trop étroites que tant de personnes sont mortes. Cette usine fournit des marques telles que H&M. Ne suffirait-il pas de boycotter H&M pour faire évoluer les conditions de travail de ces femmes ? Et pourquoi ne boycotterait-on pas TOUTES les marques qui ne respectent pas - directement ou par le biais de leurs sous-traitants -des conditions de travail et de rémunération décentes pour leurs salarié(e)s  partout dans le monde ? Et si on faisait une loi pénalisant les client(e)s de H&M ? Non ? Vous vous récriez ? Pourquoi ?  On pourrait pourtant classer les conditions de travail dans cette usine au Bengladesh dans la catégorie des violences faites aux femmes. Pourquoi pas ? Il y a une différence de nature, dites-vous, entre une enseigne commerciale et un réseau de proxénétisme ? Mais est-ce vraiment certain ? Après tout, un réseau de proxénétisme est aussi - et avant tout - une entreprise commerciale. Ne pourrait-on pas soutenir que, dans les deux cas, il y a exploitation d'individus qui ne peuvent pas faire autrement ?

Pour vraiment abolir la prostitution, il faudrait abolir tout marché, jusqu'à la possibilité de faire du troc. Or, le capitalisme a triomphé. Tout s'achète et tout se vend : les semences végétales, les organes humains, la gestation pour autrui, pourquoi pas un service sexuel ?  Il se trouve des prostitué(e)s pour vouloir exercer leur activité librement : au nom de quelle morale les en empêcherait-on ? Les abolitionnistes rétorquent qu'il y a peu de prostituées indépendantes et qu'il faut abolir la prostitution pour sauver les femmes enrôlées de force. En ce cas, le débat devrait porter moins sur la prostitution que sur les organisations criminelles. Mais ce serait pour l'Etat une manière d'avouer son impuissance face aux mafias. Mieux vaut s'en prendre aux clients, plus faciles à épingler. La prostitution disparaîtra peut-être des rues de Paris mais elle refleurira dans les salons de massage, sur Internet et/ou à quelques milliers de kilomètres, la distance n'est plus un problème. Et on ne voit pas comment la prostitution, même un instant éradiquée de notre territoire, ne réapparaîtrait pas en un clin d'oeil puisqu'on est en pleine récession. A supposer qu'une politique prohibitionniste puisse être la solution,  le moment est mal choisi.

Bien que le mouvement abotionniste soit porté par les féministes, la prostitution ne concerne pas uniquement les femmes et toutes ne sont pas contraintes de se prostituer par un réseau de proxénétisme. Il existe des prostitués hommes ; il y a des prostituées femmes indépendantes qui revendiquent le droit d'exercer leur activité de manière indépendante ; c'est peut-être avant tout un problème de gangstérisme,  d' "entreprises" illégales et/ou de contrôle de l'immigration. Les prohibitionnistes, aussi bien intentionnés soient-ils, rappellent un peu la médecine allopathique qui traite les symptômes faute de savoir s'attaquer aux causes. Quant aux personnes qui en viennent à se prostituer, elles seront condamnées à une clandestinité accrue, donc à plus de dangers. Au fait, quelle reconversion proposera-t-on aux futur(e)s ex-prostitué(e)s ? Mademoidame Valaud-Belkacem aurait-elle oublié de penser à ce détail ?






mardi 13 novembre 2012

Mademoidame ou mad-maman ?

L'une des grandes conquêtes du vingtième siècle a été de dissocier la sexualité de la reproduction. Ce progrès, curieusement, semble avoir des limites. S'il est admis qu'une femme a le droit d'avoir des relations sexuelles sans encourir de grossesse, il est tout aussi communément entendu qu'elle doit avoir au moins un enfant au cours de sa vie. Comme si la maternité demeurait l'alpha et l'oméga de la féminité. Il faut que j'évoque ici les multiples pressions que j'ai subies entre trente et quarante ans - y compris de la part de médecins à qui je ne demandais rien - pour me persuader d'avoir un enfant. J'avais beau expliquer que je n'en éprouvais pas le désir, tous ces gens s'efforçaient de me convaincre du contraire. Et les jugements de pleuvoir comme des grêlons : je n'étais pas normale, j'étais égoïste, j'allais rater ma vie, je m'en mordrais les doigts... Mon petit ami de l'époque rêvait d'avoir une petite fille à mon image ; il avait mis une photo de moi bébé sur sa table de nuit. Quand les gens qui me faisaient la morale apprenaient cela, ils devenaient comme fous. Certains allaient jusqu'à me demander si  j'avais des envies de cruauté envers les enfants - comme si l'absence de désir de maternité impliquait une haine féroce et active des enfants. En voulant juste choisir ma vie, je déchaînais l'hystérie...
Bien qu'Elisabeth Badinter ait montré, dans L'Amour en plus, que le supposé "instinct maternel" est une construction historique et que les enfants n'ont pas toujours fait l'objet d'un culte béat, les mentalités ont du mal à suivre. Nos contemporains s'accrochent désespérément à l'équation femme = mère. Si encore on se contentait d'un seul enfant par femme. Il ne devrait plus échapper à personne, en cette fin 2012, que les ressources de la terre sont limitées, qu'un milliard d'êtres humains crève déjà de faim, et que le monde tourne de plus en plus au moyen de machines. Plus de machines = moins d'emplois, donc une concurrence accrue entre les êtres et les peuples, le tout dans un environnement écologique déjà fortement dégradé. Nous avons le choix entre une décroissance démographique globale d'une part, et la guerre et le fascisme d'autre part. Rappelez-vous vos cours d'histoire, l'exaltation de la maternité sous le nazisme, sous Vichy, dans l'Italie de Mussolini. Vous y êtes ? Rien n'est plus politique, Mesdemoidames et Messieurs, que le statut des femmes.
Pour finir avec le sourire, voici un exposé nudiste de Théophile de Giraud sur les dangers de la surpopulation : http://vimeo.com/35596500


vendredi 19 octobre 2012

Mademoidame ou Mademoidame

" Bonjour Mademoidame ou Mademoiselle ?", me demande une femme qui croit bien faire. Sa question me jette dans un abîme de perplexité. Aurais-je mal expliqué mon affaire ? Peut-on passer trente secondes sur ce blog sans comprendre que mademoidame remplace madame ET mademoiselle ? Si vraiment vous êtes hostile à l'innovation et à une réelle égalité entre les sexes, il vaut toujours mieux employer madame que mademoiselle. C'est la recommandation des manuels de savoir-vivre. Mais le madame universel est un pis aller. L'idéal est de dire mademoidame.  Quant à la sempiternelle question,  "Madame ou Mademoiselle?", elle est tout simplement déplacée.  Ma vie intime  ne vous regarde pas. Vous devriez comprendre, Mademoidame, que la vôtre ne regarde personne non plus et que vous avez le droit, que dis-je, le devoir d'exister indépendamment de votre mari ou de vos enfants. C'est la raison pour laquelle je vous appelle Mademoidame.
Non, je ne lui dis pas exactement ça. En fait elle n'est même pas venue sur ce blog avant de me contacter. Elle voudrait juste me faire rencontrer son patron pour que je parle de leur boîte.

jeudi 27 septembre 2012

La courbe de Rogers

Quiconque a travaillé dans l'informatique connaît la courbe de Rogers. Elle décrit le processus de diffusion d’une innovation technologique. Une nouveauté est d’abord adoptée par une petite minorité, les early adopters, avant de se répandre progressivement dans la société. Tout le défi consiste à passer d’une diffusion confidentielle à une diffusion de masse. Cette diffusion a peu à voir avec la qualité du produit ou du concept concerné ; tout est question de marketing. La courbe de Rogers est une façon polie de dire que les gens sont en majorité des moutons.
Appliquée à mademoidame, la courbe de Rogers montre 1., que je ne suis pas faite pour le marketing et, 2. que les mademoidames militantes sont des avant-gardistes et qu’elles en ont dans l’estomac. Je n’oublie pas non plus les quelques messieurs visionnaires qui nous ont envoyé leurs encouragements. Ni même les simples curieux qui passent voir, juste voir, mais ne demanderaient qu'à manifester leur soutien si je ne répugnais pas tant à le leur demander... J'ai quand même un peu réussi à mobiliser le monde pour le concours Marie-Claire et, rappelez-vous, mademoidame a gagné.




mercredi 19 septembre 2012

Cachez ce féminisme que je ne saurais voir

Je comprends mal l'antiféminisme primaire qui s'exprime quotidiennement dans la société française, y compris par la bouche d'un bon nombre de femmes. Les gens semblent avoir oublié que la liberté personnelle dont ils jouissent est le résultat des luttes féministes du siècle dernier. Vous aussi, Monsieur, devez votre liberté aux féministes : il y a cinquante ans, vous auriez engrossé votre première petite amie et vous auriez été obligé de l'épouser - si vous aviez un minimum de conscience, bien sûr. Les hommes comme les femmes ont profité des évolutions de la société. Oui, me répond-on, mais ces problématiques sont dépassées - ah bon ? - les hommes et les femmes sont complémentaires - sans blague ?!
Je m'empresse de préciser que je n'appartiens à aucune organisation et que je ne me reconnais pas dans le féminisme officiel. Par exemple, je ne suis pas d'accord avec le projet de loi visant à pénaliser les clients de la prostitution ; je pense qu'il aura pour effet de rendre la vie des personnes prostituées encore plus dangereuse et que Morgane Merteuil a raison de dire que les féministes veulent penser à sa place.
http://www.minorites.org/index.php/2-la-revue/1352-on-est-des-putes-et-vous-etes-quoi.html
Voir aussi : http://next.liberation.fr/sexe/2012/09/04/le-feminisme-prosexe-proporno-proputes-de-morgane-merteuil_843615
Ne pas être d'accord avec le féminisme gouvernemental n'empêche pas d'être féministe. Il suffit, pour être féministe, de questionner un peu le monde au lieu de le prendre pour argent comptant. Il y a des hommes féministes comme il y a des femmes antiféministes. Rien n'est simple, et surtout pas cette histoire de madame/mademoiselle. J'attends toujours qu'un(e) universitaire s'empare de cette question. Il faut être patient. Si je ne blogue pas plus souvent, ce n'est pas parce que je laisse tomber mademoidame, au contraire. C'est plutôt que l'histoire ne fait que commencer.
Alors pour ceux qui débarquent, ici on dit mademoidame à toute personne de sexe féminin, quel que soit son âge.
Mesdemoidames et Messieurs, bien le bonsoir.

mardi 14 août 2012

Etes-vous commode ou bahut ?

En commentaire de Comparaison n'est pas raison, un monsieur trouve que j'exagère de dire que la différenciation madame/mademoiselle assimile les femmes à du mobilier. Ne fait-on pas, ajoute-t-il candidement, la différence entre une commode et un bahut ? J'ai trouvé cette remarque amusante et terriblement pertinente. Ce monsieur aurait pu évoquer des meubles insignifiants tels qu'une table ou une chaise. Mais son inconscient - qui lui fait dire le contraire de ce qu'il comptait dire, parce que le refoulé ressurgit toujours - a vraiment trouvé les images adéquates. Oui, le système traditionnel divise bien les femmes en commodes et en bahuts : d'un côté les commodes, sexuellement bien pratiques, de l'autre les bahuts, dans lesquelles un homme place sa préciseuse semence pour assurer sa descendance ; d'un côté les femmes réservées à la gaudriole, de l'autre celles réservées à l'élevage. Remarquez que le terme mademoiselle désigne à la fois les commodes et les futurs bahuts : cette contradiction n'est qu'apparente, l'essentiel étant que les femmes restent assimilées à des meubles et demeurent des propriétés.
J'ai assisté la semaine dernière à une scène presque insoutenable. Dans un wagon de métro est montée une femme entièrement voilée, avec un masque comme en portent les chirurgiens, accompagnée de son mari. Le voile intégral est interdit en France depuis avril 2011; si ces gens avaient croisé la police, ils auraient été verbalisés. Est-ce le plaisir de la transgression qui donnait à cet homme son air imbécile et autosatisfait ? On aurait dit qu'il promenait son doberman en laisse. Le doberman portait une muselière. Sauf que ce n'était pas un doberman, c'était un être humain. C'était si pénible à voir que les gens se dandinaient sur leur siège. La plus folle de colère était une vieille Marocaine qui ne portait pas le moindre foulard et qui les fusillait des yeux en poussant des soupirs d'indignation.
Dans un système tel que celui incarné par ce couple, une frontière très étanche sépare les dames des demoiselles. Aucune liberté sexuelle n'est possible. Le mariage s'assimile à une transaction par laquelle l'homme acquiert une maison qu'il n'a pas visitée.
Meuble, maison, mais quand donc les femmes cesseront-elles d'être considérées comme des choses dans l'inconscient collectif ? Quand on cessera de les définir par rapport à un homme. Quand enfin on emploiera une civilité qui ne signifie ni fille de, ni femme de, mais qui soit l'exact équivalent de monsieur. Quand, en lieu et place de mademoiselle ou madame, on dira mademoidame.

mercredi 11 juillet 2012

Les yeux au ciel

Les religions m'horripilent. J'ignore si Dieu existe - personne ne peut répondre à cette question - mais s'il avait deux sous de jugeotte, Dieu aurait tellement honte de ce qu'on fait en son nom qu'il sortirait de son mutisme. En Afghanistan, une femme soupçonnée d'adultère vient encore d'être assassinée au nom de la religion. C'est qu'une religion est avant tout un mode d'organisation sociale, une manière de faire de la politique et un terrible instrument de pouvoir. On dirait même Dieu ne sert qu'à opprimer les femmes. C'est bien la preuve qu'il n'existe pas, tous comptes faits...
Les traditions ont la vie dure. Le week-end dernier, Le Monde a consacré tout un dossier à la virginité :
http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/07/06/la-symbolique-de-la-virginite-reste-tres-forte_1729909_3224.html
Yvonne Knibiehler, historienne présentée comme féministe, déclare que le rite de passage pour les femmes se fait en trois étapes, la troisième étant la maternité. "Pour passer de l'état de fille à l'état de femme, je pense qu'il faut ces trois étapes", déclare-t-elle sans que la journaliste trouve quoi que ce soit à y redire.
Ce genre de propos me fait bondir. Non, féminité ne se confond pas avec maternité !  Oui, on est une femme complète même sans enfants ! La maternité est optionnelle, comme le mariage. C'est même une des grandes conquêtes du vingtième siècle. La maternité est d'autant moins obligatoire que nous sommes déjà trop nombreux, eu égard au nombre d'emplois et aux ressources disponibles. Personne ne le dit parce qu'il faut pousser à la consommation. Le "Croissez et multipliez" de la Bible, à une époque où l'humanité ne se comptait qu'en millions et où la mortalité infantile était élevée, ne se justifie plus au 21ème siècle. Rien ne vous oblige, Mesdemoidames, à être des pondeuses. N'écoutez pas les prétendues féministes, les religieux, les vendeurs de lessive, ni aucun de ceux qui au nom d'une norme vous ramènent encore et toujours à vos fonctions reproductives. Le désir d'enfant n'est pas automatique, c'est à chacune de décider pour elle-même. Dans tous les cas, ce ne sont ni les enfants, ni les hommes qui vous définissent. C'est bien pour ça que je m'évertue à vous appeler Mesdemoidames.

mercredi 27 juin 2012

Mademoidame Trierweiler

Début mai, je me suis bien sûr demandé si le nouveau président et sa compagne allaient devoir se marier pour des raisons de protocole. Et là, stupeur, je découvre que Valérie Trierweiler porte en fait le nom de son ex-mari. Une Canadienne s'étonne des habitudes hexagonales en la matière sur :
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/548367-valerie-trierweiler-future-hollande-ces-francaises-qui-changent-de-nom-comme-de-mari.html
Arrive l'affaire du tweet. Aïe, aïe, aïe ! Revoilà les clichés sur la femme jalouse, méchante et - personne ne le dit mais ça transpire - bête au point de nuire à l'homme qu'elle aime. Elle a beau vouloir continuer à travailler pour subvenir aux besoins de ses enfants, Valérie T. ne véhicule pas l'image d'une femme bien moderne. Surtout que dans Le Point du 21 juin (en ligne), un journaliste suggère de donner des postes officiels aux femmes de présidents... Pour que les machos puissent se gausser de femmes qui obtiennent des promotions.- on ne dira pas canapé mais...conjugales ? Voilà qui ne va pas faire avancer les choses

mercredi 30 mai 2012

Dis bonjour à la demoidame

En toute logique, je parle d'une demoidame plutôt que d'une demoiselle ou d'une dame.  Les demoidames comprennent très bien ce que je dis. Les messieurs aussi. Les enfants de même. Quand on vous dit (sur http://mademoidame.blogspot.fr/2011/10/mademoidame-se-projette-dans-le-futur.html ) que mademoidame est un terme plein d'avenir ! Un copain fonctionnaire m'a récemment transmis une circulaire ministérielle datée du 21 février qui recommande d'utiliser madame comme équivalent (par défaut) de monsieur, mais je continue à recevoir des courriers administratifs ou commerciaux indûment libellés à mademoiselle. Preuve que le sujet est encore loin d'être clos.

mercredi 2 mai 2012

Un mot de Mademoidame

Chères Mesdemoidames, chers Messieurs,
Juste un mot pour vous assurer que ce blog n'est pas mort. Si je n'écris pas plus souvent, c'est que je suis monopolisée par d'autres projets. Au reste, le terme mademoidame est une réalité depuis plus d'un an : il suffit de l'employer, de continuer à l'employer, de susciter la curiosité des gens qui tapent le mot dans un moteur de recherche et se retrouvent ici. On m'a parlé d'une boîte qui proposait mademoidame parmi une liste de civilités possibles. Ce sujet mériterait un post à lui seul mais là je n'ai vraiment pas le temps, pas le temps, pas le temps, je note dans mon agenda de les contacter pour les interviewer, maintenant il faut que je file. 

jeudi 12 avril 2012

Langage, invention, recherche

Il paraît qu'en Suède, on utilise de plus en plus hen, un pronom neutre inventé tout exprès pour remplacer han (il) ou hon (elle). J'ai aussi trouvé des féministes francophones qui voulaient changer la grammaire pour que le féminin l'emporte sur le masculin.
Vouloir refaire la langue, c'est vouloir refaire le monde. J'attends la saga qui retracerait l'histoire des créations et/ou utopies linguistiques : l'espéranto, l'hébreu moderne, etc., jusqu'à l'anarchique féminisation des noms de métiers dans le français contemporain.
Moi, si j'étais chercheur(e) ou chercheuse en sciences humaines, c'est aux civilités réservées aux femmes que je m'intéresserais plus particulièrement : madame, mademoiselle, citoyenne, mademoidame et autres madelles. Un sujet original et passionnant qui relève à la fois de la littérature, des sciences du langage, de la sociologie, de l'anthropologie, de l'histoire. Il était encore inexploré en 2006, si j'en crois un livre déjà cité. Quelle bonne idée pour quelqu'un qui cherche un sujet de thèse. Dépêchez-vous mesdemoidames et messieurs.

samedi 24 mars 2012

Mademoidame votre mère

- Et comment se porte Mademoidame votre mère ?
- Elle va bien, je vous remercie.
- Vous lui transmettrez mon bon souvenir.
- Je n'y manquerai pas.
Maman, 76 ans, a adopté mademoidame. Elle m'a demandé l'autre jour de prendre son courrier dans sa boîte à lettres. Elle avait reçu le résultat d'analyses médicales dans une enveloppe auto adressée sur laquelle elle avait écrit madmoidame, suivi de son prénom et de son nom de naissance...

samedi 10 mars 2012

Autant en emporte le mot...

Merci au lecteur qui m'a écrit pour me signaler la chronique de François Morel sur France Inter
http://www.franceinter.fr/emission-le-billet-de-francois-morel-mademoiselle-se-meurt.
Intitulée dans un élan de dramatisation Mademoiselle se meurt, cette chronique illustre à merveille les malentendus implicites et inhérents au débat madame/mademoiselle. Elle montre aussi que, tout comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir, M. Morel est peut-être, à son insu, un partisan de mademoidame...
Premièrement - il ne devrait pas être utile de le rappeler mais les réactions sur ce sujet sont tellement dictées par l'émotion : personne n'est en train de mourir à cause d'une évolution de langage. On est ici dans une métaphore nostalgique, proustienne, les chapeaux à voilettes, les déjeuners sur l'herbe, le cinématographe, le Paris des photos de Doisneau... Tout passe irrémédiablement. La nostalgie peut se comprendre car elle trahit notre inquiétude à propos de nous-mêmes : nous aussi, nous passerons, tous autant que nous sommes. On ne peut pourtant pas laisser la nostalgie dicter nos choix, à moins d'être rétrograde. Qui voudrait revenir à la tuberculose, aux guerres coloniales, aux aiguilles à tricoter pour avorter ?
Comme souvent dans ce débat, il y a confusion entre les différents usages des mots madame et mademoiselle. Madame et mademoiselle sont des termes polysémiques. Melle Truc sur une enveloppe ne veut pas du tout dire la même chose que "Hep, mademoiselle!" dans la rue. L'abandon de mademoiselle par l'administration n'empêchera nullement M. Morel de continuer à utiliser ce mot dans sa vie de tous les jours s'il le souhaite. C'est sûr, à force d'apostropher les jeunes femmes à coups de mademoiselle, il finira par avoir l'air d'un vieux machin... A ce propos, il semble regretter qu'on ne lui dise plus jeune homme à la boulangerie. Mais ni l'emploi de jeune homme, ni celui de mademoiselle ne vous rendent la frimousse et la vigueur de vos vingt ans.  La mise en parallèle de jeune homme avec mademoiselle est par ailleurs une erreur ou une imposture, puisque jeune homme n'a jamais figuré sur le moindre courrier. Elle sert à discréditer les tentatives de faire évoluer le langage, il en a déjà été question.
Là où je suis d'accord avec M. Morel, c'est sur le caractère triste et conformiste du mot madame. Moi non plus, je n'ai pas envie de dire madame à des adolescentes. C'est bien pour ça que je les appelle mademoidame. Mademoiselle est aussi triste et conformiste que madame.
Madame et mademoiselle sont des mots connotés qui relèvent d'une même aliénation. Ils forment un système binaire dans lequel une femme est toujours définie par rapport au mariage. Avec mademoidame, on arrive enfin à quelque chose de neuf. Un monde où les femmes s'affirment par elles-mêmes et où les hommes ne se sentent nullement menacés par cette évolution. Un monde où les poètes chantent encore les joues roses des jeunes filles, mais où ils ont aussi ont la délicatesse, à mesure que s'additionnent les années, de ne pas leur faire remarquer les ravages du temps qui passe... Belle idée, n'est-ce pas M. Morel ?

mercredi 7 mars 2012

Célébrations

Grâce à vous, chères lectrices, chers lecteurs, Mademoidame vient de remporter le troisième prix du concours de blogs organisé par marieclaire.fr http://www.marieclaire.fr/,grand-concours-blogs-ces-femmes-qui-s-engagent-les-resultats,20395,460005.asp. Merci d'avoir voté, merci de votre soutien. Ce 7 mars est aussi le premier anniversaire de ce blog. Mais c'est le 8 mars 2010 que j'ai publié un premier article intitulé Mademoidame sur mon blog officiel. Difficile, donc, de dire si l'initiative mademoidame a un an ou deux, en tout cas elle fait ses premiers pas, comme une grande. Bon, je vous laisse, il faut que je descende acheter une bouteille de champagne !

jeudi 1 mars 2012

Ecrivain ou écrivaine ?

Si je me dis écrivain plutôt qu’écrivaine, c’est pour répondre à ma vocation d’enfant. Quand j’étais petite, je voulais devenir écrivain. On ne disait pas encore écrivaine. Pour une femme, on disait romancière, mais c’était limitatif. Aujourd’hui, il y a des écrivaines, des cheffes, des agentes. Il y a des mairesses qu’on appelle Madame Le Maire ou Madame La Maire. Les femmes continuent d’être sous représentées politiquement, d’occuper majoritairement des emplois subalternes ou, quand elles montent dans la hiérarchie, de se cogner la tête contre le fameux « plafond de verre ».  Je voudrais bien croire en la féminisation des noms de métiers comme je crois en mademoidame.  Il est surprenant que je n’y croie pas, si je crois à la dimension symbolique du langage.  Il est arrivé que cette contradiction me réveille en pleine nuit. En toute logique, il faudrait croire à la féminisation des noms de métiers et me dire écrivaine. Oui, mais pourquoi ne dit-on jamais d’une femme qu’elle est médecine ? Et pourquoi cette demoidame de trente-deux ans se présente-t-elle comme avocat ? L’autre jour, à la piscine, j’ai voulu connaître le féminin de maître nageur.  La maîtresse nageuse m’a expliqué que sur son bulletin de paie, il y a écrit maître nageur. Dira-t-on un jour enfante, pour petite fille ? C’est joli, enfante, ça fait penser à infante. La vie des infantes d’Espagne ne devait pas être drôle.


vendredi 24 février 2012

Mademoidame dans Libé : Mademadame ou Madadame ?

Non, mademoidame n'a pas vocation à remplacer mademoiselle dans les formulaires de l'administration ! Cette erreur d'interprétation est étrange, car nous avons longuement évoqué les retombées de la campagne d'OLF avec la journaliste de Libération. Il n'est pas question de défaire les acquis d'une campagne dont le tort est d'arriver si tardivement. J'ai passé ma vie d'adulte à (essayer de) me faire appeler madame, et je me battais déjà à ce propos avec une banque en 1988.
Mademoidame se situe sur un autre registre. Destiné à remplacer mademoiselle ET madame, le terme est à la fois plus radical et plus ludique que le madame généralisé. Il est à la disposition de qui veut s'en servir. Il est particulièrement intéressant pour les très jeunes filles, dans la mesure où c'est une appellation neutre et pérenne qu'elles pourront conserver toute leur vie.
Autre coquille journalistique, le Mademadame du titre. Je sais pour avoir été pigiste qu'un article est toujours retravaillé par un(e) rédac chef qui ne connaît pas le sujet et que les gens de presse sont par nature pressés. Il ne reste donc qu'à rire de ce mademadame malencontreux. Et tant qu'à rire, pourquoi pas madadame ?
http://pdf.lu/KW0q

lundi 20 février 2012

Votez pour Mademoidame



Parce qu'on a le droit d'être en couple ou célibataire, avec ou sans enfants - et que ça ne regarde pas le postier. Parce qu'on a le droit d'être jeune et de vieillir sans qu'on nous le fasse remarquer. Parce que madame et mademoiselle, c'est complètement ringard. Mademoidame, c'est une définition nouvelle pour les femmes d'aujourd'hui.
Mademoidame participe au concours de blog, Paroles de femmes, des femmes s'engagent, organisé par marieclaire.fr. Pour soutenir Mademoidame, rendez-vous sur http://www.marieclaire.fr/sap/parolesdefemmes/entrant/454637

jeudi 16 février 2012

Visite guidée

Mademoidame, Monsieur,
Bienvenue sur ce blog.
Si tant de lecture vous fait peur ou si vous préférez les vidéos, écoutez s'exprimer les pionnières.  Et puis voici un portrait de pionnière, et puis encore un autre. If you don't speak a word of French, here is where you should go. Pour jeune homme et mondemoiseau, c'est là. S'il vous faut des références, sachez que j'ai grandi à l'ombre de Mademoidame de Beauvoir. Et s'il fallait résumer ce blog en quelques lignes, c'est sans doute que je vous enverrais.

lundi 6 février 2012

Mademoidame prend l'avion

- Mais enfin Mademoidame, où étiez-vous passée ? - Je suis allée au pays des Ms., où je n'étais pas retournée depuis que j'ai lancé ce blog. Là-bas aussi, on vous dit Ma'am ou Miss selon votre apparence. Les courriers ne comportent pas de civilités ou bien sont adressés à Ms.. Si vous êtes titulaire d'un doctorat, les lettres sont libellées à Dr. So and So. Si votre correspondant sait de source sûre que vous êtes mariée, vous êtes classiquement appelée Mrs. So and So. Ms. porte sur le côté administratif - là où depuis quelques mois, les féministes françaises peinent à faire généraliser l'usage de madame. La mauvaise nouvelle, c'est que l'écart des salaires hommes/femmes aux Etats-Unis est de 25%, c'est-à-dire presque aussi élevé qu'en France...
L'usage de mademoidame n'en reste pas moins hautement souhaitable. Dans l'avion, j'ai senti la moutarde me monter au nez quand le stewart, s'adressant à deux jeunes femmes qui bavardaient ensemble, a dit madame à l'une et mademoiselle à l'autre. Cette discrimination mériterait un courrier à Air France. Tout comme l'annonce du commandant de bord qui commençait par "Madame, Mademoiselle, Monsieur", on aurait dit la télé des années soixante. La route est longue. Il y en encore bien du chemin à parcourir...

samedi 14 janvier 2012

Mademoidame, mode d'emploi

Si mademoidame vous semble encore inhabituel, ouvrez une lettre au hasard dans votre traitement de texte. Remplacez chaque Madame et chaque Mademoiselle par Mademoidame. Ajoutez Mademoidame, avec et sans majuscule, à votre correcteur d'orthographe. Remplacez les abbréviations, Melle et Mme, par Mdme. Amusez-vous à faire cet exercice avec toutes sortes de textes. Passez aux vrais courriers :  Mademoidame, Monsieur. Puis, pour finir : Veuillez agréer, Mademoidame, Monsieur, mes salutations distinguées. J'avoue qu'il m'arrive encore parfois d'écrire Madame, quand je ne veux pas me faire remarquer. Mais c'est de plus en plus rare. On ne risque absolument rien à employer mademoidame. Comme évoqué précédemment à propos d'une conversation, mademoidame est un mot si naturel, si aisément compréhensible, que les gens ne semblent même pas surpris. Prononcez mademoidame au moins cinq fois par jour. Cinq, comme pour les fruits et les légumes.

mardi 3 janvier 2012

Bonne année Mademoidame !

"Merci pour le mademoidame de 2011", m'écrit quelqu'un dans ses voeux pour 2012. Voilà qui fait bien plaisir. Un peu avant Noël, je suis entrée dans un magasin. Le monsieur m'a dit "Bonjour Mademoiselle". Je savais que c'était un compliment, même si ça me gave au plus haut point d'être appelée mademoiselle. (Ou madame.) Il était très gentil, le monsieur. Il m'a même accordé une ristourne. Au moment où je prenais congé, il a osé la question : "Madame ou Mademoiselle ?"  J'ai répondu calmement : "Mademoidame." Puis je suis sortie du magasin, emportant comme un trophée son expression d'absolue perplexité.