mardi 13 novembre 2012

Mademoidame ou mad-maman ?

L'une des grandes conquêtes du vingtième siècle a été de dissocier la sexualité de la reproduction. Ce progrès, curieusement, semble avoir des limites. S'il est admis qu'une femme a le droit d'avoir des relations sexuelles sans encourir de grossesse, il est tout aussi communément entendu qu'elle doit avoir au moins un enfant au cours de sa vie. Comme si la maternité demeurait l'alpha et l'oméga de la féminité. Il faut que j'évoque ici les multiples pressions que j'ai subies entre trente et quarante ans - y compris de la part de médecins à qui je ne demandais rien - pour me persuader d'avoir un enfant. J'avais beau expliquer que je n'en éprouvais pas le désir, tous ces gens s'efforçaient de me convaincre du contraire. Et les jugements de pleuvoir comme des grêlons : je n'étais pas normale, j'étais égoïste, j'allais rater ma vie, je m'en mordrais les doigts... Mon petit ami de l'époque rêvait d'avoir une petite fille à mon image ; il avait mis une photo de moi bébé sur sa table de nuit. Quand les gens qui me faisaient la morale apprenaient cela, ils devenaient comme fous. Certains allaient jusqu'à me demander si  j'avais des envies de cruauté envers les enfants - comme si l'absence de désir de maternité impliquait une haine féroce et active des enfants. En voulant juste choisir ma vie, je déchaînais l'hystérie...
Bien qu'Elisabeth Badinter ait montré, dans L'Amour en plus, que le supposé "instinct maternel" est une construction historique et que les enfants n'ont pas toujours fait l'objet d'un culte béat, les mentalités ont du mal à suivre. Nos contemporains s'accrochent désespérément à l'équation femme = mère. Si encore on se contentait d'un seul enfant par femme. Il ne devrait plus échapper à personne, en cette fin 2012, que les ressources de la terre sont limitées, qu'un milliard d'êtres humains crève déjà de faim, et que le monde tourne de plus en plus au moyen de machines. Plus de machines = moins d'emplois, donc une concurrence accrue entre les êtres et les peuples, le tout dans un environnement écologique déjà fortement dégradé. Nous avons le choix entre une décroissance démographique globale d'une part, et la guerre et le fascisme d'autre part. Rappelez-vous vos cours d'histoire, l'exaltation de la maternité sous le nazisme, sous Vichy, dans l'Italie de Mussolini. Vous y êtes ? Rien n'est plus politique, Mesdemoidames et Messieurs, que le statut des femmes.
Pour finir avec le sourire, voici un exposé nudiste de Théophile de Giraud sur les dangers de la surpopulation : http://vimeo.com/35596500


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