dimanche 2 juin 2013

Cachez ce sein que certaines ne sauraient voir

Ces derniers jours, pendant que des militantes d’OLF manifestaient contre un défilé de lingerie en forme de strip tease dans un grand magasin parisien, des Femen se dénudaient en Tunisie pour protester contre l’emprisonnement d’Amina. Deux féminismes s’affrontent ici : celui qui veut dissimuler le corps féminin, et celui qui l’exhibe à titre de protestation. D’un côté la censure, de l’autre la provocation.
Les demoidames d’OLF ont obtenu sans difficulté l’annulation du défilé de lingerie. Personne n’a eu l’air de se préoccuper de savoir ce qu’en pensaient les mannequins. Tu es belle alors tais-toi ! On ne te demande pas ton avis ! Et tant pis si tu comptais gagner un peu d’argent grâce à ce défilé. D’autres en ont décidé autrement. Tiens, tu n’as qu’à devenir caissière, ou stagiaire, enfin n’importe quel job sous-payé, tu verras comme ta dignité sera respectée ! Tout, plutôt que d'utiliser ta jolie silhouette.
Ce féminisme puritain, remarquablement bien organisé, a des contacts et de l’argent. Il accapare si bien les médias qu’il passe pour être LE féminisme. Si les Femen ne s’étaient pas déshabillées, jamais elles n’auraient obtenu la moindre attention. Elles l’ont bien expliqué : au début, elles manifestaient habillées, et leurs actions n’avaient aucun retentissement.
La radicalité des Femen ne fait pas pour autant d’elles les représentantes du féminisme radical.
Le féminisme radical, ce serait plutôt Andrea Dworkin, dont un des livres a paru en français récemment. Je vous prie de m’excuser, Mesdemoidames et Messieurs, d’évoquer un auteur que je n’ai pas lu directement. Mes sources sont Antisexisme et Hypathie.
Le féminisme radical postule que les femmes constituent une classe sociale à part entière. Il met en avant la guerre des sexes et se distingue du féminisme réformiste, accusé de composer avec la société patriarcale. Dworkin annoncerait l’élimination programmée de presque toutes les femmes, c’est-à-dire la volonté masculine de commettre un véritable génocide ou, plus exactement, un “ gynocide ”. Celui-ci serait rendu possible par les techniques futures de reproduction, lesquelles rendraient les femmes inutiles ou presque. Cette vision binaire, délirante et paranoïaque n’est exposée que dans l’article d’Antisexisme.
En toute logique, il aurait fallu commander le livre et le lire en détail avant de pouvoir en dire quoi que ce soit. Mais pourquoi consacrer du temps à de telles inepties ? La guerre des sexes n’est pas mon combat. Et Mademoidame, est-ce que c'est un combat ?

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