Non, le cerveau n’a pas de genre. Non, il n’est pas “programmé". La première fois que j'ai entendu Catherine Vidal, c'était comme si je respirais un grand bol d'air frais. Blogger ne prend pas en charge DailyMotion mais vous découvrirez (si vous ne la connaissez pas encore) cette neurobiologiste iconoclaste en copiant collant le lien suivant :
http://www.dailymotion.com/video/xryaxx_catherine-vidal-neurobiologiste_webcam?start=3
Pour continuer de vous réjouir, lisez http://www.slate.fr/story/81229/femmes-hommes-sexe-partenaires-multiples-pragmatisme-evolution et après ça, passez de joyeuses fêtes.
samedi 28 décembre 2013
vendredi 22 novembre 2013
Des questions complexes
Pourquoi dit-on madame aux prostituées et mademoiselle aux actrices ? Historiquement, les actrices étaient considérées comme des prostituées, l'Eglise leur refusait d'être enterrées avec les chrétiens. C'est la raison pour laquelle on a pris l'habitude leur dire mademoiselle, même quand elles sont mariées. La logique voudrait que l'on dise aussi mademoiselle aux prostituées. On les qualifie bien de filles. Alors pourquoi leur dit-on systématiquement madame, souvent même avec emphase ?
Le débat sur la prostitution fait rage. Une pétition de célébrités contre la pénalisation du client rappelle que cette loi enverra les personnes prostituées dans une clandestinité accrue. Un autre article montre qu'elle aggravera leur état de santé et rendra plus difficile la lutte contre la traite et l'exploitation. Mademoidame Esther Benbassa souligne dans une tribune le paradoxe qu'il y a à pénaliser le client tout en abolissant le délit de raccolage, puisqu'il '"sera permis de vendre des services sexuels mais interdit d'en acheter". Les auteurs d'un rapport sur la précarisation sociale et sanitaire des personnes prostituées donnent quant à eux l'exemple intéressant de l'Italie, où des maisons de fuite ont été créées pour permettre aux victimes des réseaux de prostitution de s'extirper des griffes de leurs proxénètes. On pourrait citer encore bien d'autres articles qui permettent de douter de l'efficacité de la politique abolitionniste que l'on veut mettre en place en France. Mais nos contemporain(e)s préfèrent les réponses simples aux questions complexes, et il se peut que la tendance abolitionniste l'emporte.
Bon, alors, qui essayera de comprendre pourquoi les comédiennes et les chanteuses sont appelées mademoiselle, alors que les prostituées reçoivent du madame ? Comme souligné tout au long de ce blog, la question des civilités réservées aux femmes relève du tabou. Si ce n'était pas le cas, elle aurait déjà été largement étudiée par les linguistes, les sociologues, les anthropologues, les historiens, etc.
Il est possible que le lancement de mademoidame en 2010-2011 ait contribué à accélérer la mise en place de la campagne pour l'abolition de mademoiselle, ce qui n'est déjà pas si mal. J'ai dit l'autre jour à une amie que j'envisageais d'arrêter ce blog faute d'y consacrer assez de temps mais elle s'est écriée : "Non ! Ne t'arrête pas ! Il faut continuer ! "
Bien Mademoidame.
Le débat sur la prostitution fait rage. Une pétition de célébrités contre la pénalisation du client rappelle que cette loi enverra les personnes prostituées dans une clandestinité accrue. Un autre article montre qu'elle aggravera leur état de santé et rendra plus difficile la lutte contre la traite et l'exploitation. Mademoidame Esther Benbassa souligne dans une tribune le paradoxe qu'il y a à pénaliser le client tout en abolissant le délit de raccolage, puisqu'il '"sera permis de vendre des services sexuels mais interdit d'en acheter". Les auteurs d'un rapport sur la précarisation sociale et sanitaire des personnes prostituées donnent quant à eux l'exemple intéressant de l'Italie, où des maisons de fuite ont été créées pour permettre aux victimes des réseaux de prostitution de s'extirper des griffes de leurs proxénètes. On pourrait citer encore bien d'autres articles qui permettent de douter de l'efficacité de la politique abolitionniste que l'on veut mettre en place en France. Mais nos contemporain(e)s préfèrent les réponses simples aux questions complexes, et il se peut que la tendance abolitionniste l'emporte.
Bon, alors, qui essayera de comprendre pourquoi les comédiennes et les chanteuses sont appelées mademoiselle, alors que les prostituées reçoivent du madame ? Comme souligné tout au long de ce blog, la question des civilités réservées aux femmes relève du tabou. Si ce n'était pas le cas, elle aurait déjà été largement étudiée par les linguistes, les sociologues, les anthropologues, les historiens, etc.
Il est possible que le lancement de mademoidame en 2010-2011 ait contribué à accélérer la mise en place de la campagne pour l'abolition de mademoiselle, ce qui n'est déjà pas si mal. J'ai dit l'autre jour à une amie que j'envisageais d'arrêter ce blog faute d'y consacrer assez de temps mais elle s'est écriée : "Non ! Ne t'arrête pas ! Il faut continuer ! "
Bien Mademoidame.
dimanche 27 octobre 2013
Tous clients, tous coupables ?
Une nouvelle campagne vise à "abolir" la prostitution. Les abolitionnistes veulent pénaliser le "client prostitueur". Il a même déjà été question d' "état prostitueur", comme si des femmes se retrouvaient sur le trottoir par décision gouvernementale. On vous explique qu'après l'abolition de l'esclavage et celle de la peine de mort est venu le temps de l'abolition de la prostitution. On voudrait bien y croire, si, si. Mais les véritables prostitueurs, les réseaux de proxénétisme, sont relativement peu mentionnés et pas du tout analysés (du moins dans ce que j'ai pu lire). Par nature volatiles, ils semblent moins intéresser les abolitionnistes que le client, sur qui la faute est rejetée. On finit par perdre de vue que la prostitution profite avant tout aux mafias, qui font en permanence un doigt d'honneur aux états.
Ce n'est pas parce qu'une chose est réprimée qu'elle n'est pas pratiquée. Malgré une politique de prohibition soutenue, la consommation de cannabis en France reste l'une des plus élevées en Europe, et on voit depuis plus de quarante ans que la pénalisation du client ne fait pas disparaître le phénomène.
Il y a dans l'appellation de "client prostitueur" quelque chose de très grave, dû en partie au mot tueur contenu dans prostitueur (mot récent). Le client est directement assimilé au proxénète. De simple consommateur de service offert dans une société toute entière vouée au commerce, il se retrouve coupable. Si la culpabilité du client devient un principe, alors nous devenons tous coupables de soutenir de nouvelles formes d'esclavage. Tous nous achetons à bas prix des ordinateurs et des vêtements fabriqués en Asie dans des conditions qui s'apparentent à l'enfer. Un ordinateur en commerce équitable coûterait trop cher pour la plupart des bourses. Donc, si le client de la prostitution doit renoncer à sa consommation pour des motifs moraux, nous devrions en toute logique, pour des motifs moraux, nous débarrasser de nos ordinateurs et de nos téléphones portables. On devrait appeller "clients esclavagistes" ceux qui continuent à acheter des tee-shirts à cinq euros. Mesdemoidames et Messieurs les abolitionnistes, commencez les premiers. Montrez par votre exemple que vous ne tolérez aucune forme d'exploitation dégradante de l'être humain. Débarrassez-vous de vos gadgets électroniques. Portez comme vos ancêtres une chemise de lin ou de coton fabriquée localement. Vous en changerez une fois par semaine, le dimanche, en même temps que vous ferez votre toilette hebdomadaire.
PS (31 octobre) : le scepticisme - quant à l'efficacité des poursuites contre le client - ne me fait pas pour autant adhérer à l'affreux "manifeste des 343 salauds" avec son "Touche pas à ma pute". Les 343 salopes prenaient de vrais risques en signant leur manifeste ; les 343 salauds n'en prennent aucun. Quand au détournement du slogan historique "Touche pas à mon pote", il est tout aussi déplacé que le manisfeste. Imposture est le mot qui me vient à l'esprit. Mais au fait, pourquoi m'intéresser à ce débat ? Peut-être parce qu'on dit invariablement madame aux prostituées ?
mardi 15 octobre 2013
Quand la bise fut venue
Une habitude sociale relativement récente consiste à faire la bise à de parfaits inconnus. Ou, plus exactement, à recevoir la bise de parfaits inconnus, au motif que l'on est une femme. Cette pratique est apparue dans les dernières décennies. Son développement coïnciderait avec l'émancipation des femmes - sans toutefois en relever. Elle mériterait en tout cas l'attention soutenue de sociologues et d'historiens des moeurs.
Les hommes entre eux se serrent la main. Ils s'embrassent quand ils sont amis ou parents, mais c'est là encore un phénomène très récent. Je n'imagine pas, par exemple, mon père faisant la bise à un autre homme. Cette idée le ferait probablement hurler. Les hommes des anciennes générations redoutaient tout ce qui aurait pu les faire passer pour efféminés et/ou homosexuels - pour eux c'était la même chose. Effusions envers leurs pairs, attention à leur apparence physique, larmes, tout cela leur était interdit. Si leurs fils et petits-fils répugnent moins aux embrassades, la poignée de main demeure la salutation virile par excellence. Quand un homme arrive dans un groupe pour la première fois, il tend la main aux autres hommes et les salue en les regardant dans les yeux. Mais il agit tout autrement envers les femmes : sans leur accorder un regard - ou alors juste une oeillade - il trouve normal de coller sa joue râpeuse contre la leur, une fois de chaque côté. Car une autre évolution sociale nous vaut en France, depuis Serge Gainsbourg, des hommes perpétuellement mal rasés. En été, la barbe de trois jours s'accompagne d'une sueur abondante. Et comme la toilette bi-quotidienne reste une pratique largement féminine, rien ne garantit que l'homme qui se permet de vous embrasser sans vous connaître sente bon...
En général, je contre l'offensive de la bise en tendant la main et en invoquant la fragilité de ma peau. C'est vrai, je ne supporte pas ce qui pique. Mon chéri a pris l'habitude de se raser le soir pour ne pas irriter mon épiderme délicat. Certains inconnus prennent mal mon refus de leur faire la bise. Tant pis. Je préfère passer pour une pimbêche plutôt que de frotter ma joue contre du papier de verre. Je ne fais d'effort que pour les amis. Et encore, je n'hésite pas à leur dire qu'ils piquent, comme je le disais à mon grand-père. Pourquoi devrait-on se soumettre à une pratique sociale désagréable et discriminante ? Pourquoi la franche poignée de main devrait-elle demeurer l'apanage de ces messieurs ? Que diraient-ils, si on leur demandait de frotter leur visage contre un paillasson ?
Les hommes entre eux se serrent la main. Ils s'embrassent quand ils sont amis ou parents, mais c'est là encore un phénomène très récent. Je n'imagine pas, par exemple, mon père faisant la bise à un autre homme. Cette idée le ferait probablement hurler. Les hommes des anciennes générations redoutaient tout ce qui aurait pu les faire passer pour efféminés et/ou homosexuels - pour eux c'était la même chose. Effusions envers leurs pairs, attention à leur apparence physique, larmes, tout cela leur était interdit. Si leurs fils et petits-fils répugnent moins aux embrassades, la poignée de main demeure la salutation virile par excellence. Quand un homme arrive dans un groupe pour la première fois, il tend la main aux autres hommes et les salue en les regardant dans les yeux. Mais il agit tout autrement envers les femmes : sans leur accorder un regard - ou alors juste une oeillade - il trouve normal de coller sa joue râpeuse contre la leur, une fois de chaque côté. Car une autre évolution sociale nous vaut en France, depuis Serge Gainsbourg, des hommes perpétuellement mal rasés. En été, la barbe de trois jours s'accompagne d'une sueur abondante. Et comme la toilette bi-quotidienne reste une pratique largement féminine, rien ne garantit que l'homme qui se permet de vous embrasser sans vous connaître sente bon...
En général, je contre l'offensive de la bise en tendant la main et en invoquant la fragilité de ma peau. C'est vrai, je ne supporte pas ce qui pique. Mon chéri a pris l'habitude de se raser le soir pour ne pas irriter mon épiderme délicat. Certains inconnus prennent mal mon refus de leur faire la bise. Tant pis. Je préfère passer pour une pimbêche plutôt que de frotter ma joue contre du papier de verre. Je ne fais d'effort que pour les amis. Et encore, je n'hésite pas à leur dire qu'ils piquent, comme je le disais à mon grand-père. Pourquoi devrait-on se soumettre à une pratique sociale désagréable et discriminante ? Pourquoi la franche poignée de main devrait-elle demeurer l'apanage de ces messieurs ? Que diraient-ils, si on leur demandait de frotter leur visage contre un paillasson ?
vendredi 27 septembre 2013
Mademoidame la chève
Dans Le Sexe des mots (Belfond, 1889), Marina Yaguello explique que le féminin de chef devrait être chève, sur le modèle de bref, brève. Il semble que la féminisation de chef se soit plutôt fixée sur cheffe. De même, remarque une blogueuse, auteur aurait gagné à se féminiser en autrice, sur le modèle d'auditeur, auditrice, au moins la différence se serait entendue.
Pendant longtemps, je n'ai vu aucun intérêt à féminiser les noms de métiers. Il me semblait que ça ne changeait rien à la situation des femmes. J'étais particulièrement exaspérée d'entendre, depuis les années 80, des gens débattre de la féminisation des noms de métiers au nom du féminisme, sans jamais évoquer la question du madame/mademoiselle. Le Sexe des mots aborde une kyrielle de mots consacrés aux femmes sans mentionner les civilités. D'accord, c'est un livre un peu ancien, mais il est écrit par une universitaire : comment a-t-elle pu oublier de remarquer le binôme madame/mademoiselle, alors même qu'elle travaillait sur le traitement linguistique dont les femmes sont l'objet ? Les civilités traditionnelles sont si profondément ancrées qu'elles échappent à la sagacité des spécialistes. Ceci dit, je suis en train de dévorer les livres de mademoidame Yaguello. J'aimais très moyennement la linguistique à la fac ; je me rattrape. Encore quelques lectures et je reviens vers vous, mesdemoidames et messieurs.
Pendant longtemps, je n'ai vu aucun intérêt à féminiser les noms de métiers. Il me semblait que ça ne changeait rien à la situation des femmes. J'étais particulièrement exaspérée d'entendre, depuis les années 80, des gens débattre de la féminisation des noms de métiers au nom du féminisme, sans jamais évoquer la question du madame/mademoiselle. Le Sexe des mots aborde une kyrielle de mots consacrés aux femmes sans mentionner les civilités. D'accord, c'est un livre un peu ancien, mais il est écrit par une universitaire : comment a-t-elle pu oublier de remarquer le binôme madame/mademoiselle, alors même qu'elle travaillait sur le traitement linguistique dont les femmes sont l'objet ? Les civilités traditionnelles sont si profondément ancrées qu'elles échappent à la sagacité des spécialistes. Ceci dit, je suis en train de dévorer les livres de mademoidame Yaguello. J'aimais très moyennement la linguistique à la fac ; je me rattrape. Encore quelques lectures et je reviens vers vous, mesdemoidames et messieurs.
jeudi 29 août 2013
Quand il faut appeler un chat une chatte
Sachant qu'il y a en France 11 millions de chats, soit cinq millions et demi de femelles, nous sommes face à un véritable problème de vocabulaire. Faut-il lancer le mot matoute, forme féminine de matou ? Matoute serait autrement plus utile que bombasse chelou, qui font partie des nouveaux mots du dictionnaire. J'imagine déjà les commentaires : " Matoute ? Mais c'est affreux ! Trop long ! Ridicule ! " Comme s'il n'était pas ridicule de ne pas appeler une chatte une chatte. Les gens n'ont aucun problème à évoquer leur chienne. Il faut des mots pour désigner la réalité qui nous entoure. Quand ces mots n'existent pas, il faut les inventer. Quand les mots existent mais ne remplissent plus leur fonction parce que leur sens a été détourné, ou quand ils désignent des catégories obsolètes comme madame et mademoiselle, il faut en trouver de nouveaux. Ne pas nommer cinq millions et demi d'animaux est une aberration. Diviser les femmes en catégories, leur dire madame ou mademoiselle est une aberration (en plus d'être toujours plus ou moins une insulte). Ne pas poser de mots adéquats sur la réalité est le plus sûr moyen de devenir cinglé.
Alors je vous le demande, Mademoidame ou Monsieur, que préférez-vous concernant les félins femelles ? Opterez-vous pour matoute, ou oserez-vous appeler une chatte une chatte ?
dimanche 18 août 2013
Pourquoi des hommes et des femmes sont-elles aussi conservatrices ?
Une action féministe sur la grammaire vise à rétablir l'accord de proximité. En français, le masculin l'emporte sur le féminin. Voici ce qu'en dit L'égalité c'est pas sorcier :
"Cette règle de grammaire apprise dès l'enfance sur les bancs de l'école façonne un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme supérieur au féminin. En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a œuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi : « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte. »
Pourtant, avant le 18e siècle, la langue française usait d'une grande liberté. Un adjectif qui se rapportait à plusieurs noms, pouvait s'accorder avec le nom le plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec ancien, elle s'employait couramment."
La règle de grammaire que nous employons tous a donc été arbitrairement instaurée par un individu, il y a 337 ans. Elle ne reflète rien d'autre que l'opinion d'un curé dont plus personne ne devrait se souvenir. Comment expliquer, dès lors, la levée de boucliers dans les commentaires des internautes ? Ils ne crieraient pas plus fort si on voulait leur arracher un bras. Il faut dire que les médias leur tendent la perche : "Féminisme: elles s'attaquent à la grammaire" titre Le Parisien le 7 mars 2012. Un autre site annonce carrément : " Le féminisme contre la langue française." Quoi ? La langue française est mise à mal par pratiquement tout le monde, mais on ne tolèrerait pas une modification qui la rendrait moins sexiste ? Pourquoi la bêtise et la mauvaise foi sont-elles aussi largement partagées sur cette question ?
Tout comme avec mademoidame, on touche ici à un double tabou : celui de (l'idée qu'on se fait de) la langue, et celui des femmes. Dans la réalité, les Français parlent et écrivent comme bon leur semble, sans se préoccuper d'une grammaire compliquée qui n'est même plus enseignée. Pire encore, certains croient s'en préoccuper mais font des boulettes énormes. De l'Elysée même on écrit des lettres truffées de fautes. Je fais bien sûr allusion au communiqué de presse qui a suivi la mort de Mademoidame - j'ai failli écrire Madame - Mitterrand, sous le quinquennat précédent. L'évolution de la langue mériterait un blog à elle seule. Les Français ne maîtrisent plus le français tel qu'il a été codifié. Tenez, savez-vous pourquoi je mets une majuscule à les Français et pourquoi je n'en mets pas à le français ?
Le Grevisse est la bible en matière de grammaire française. Il a été écrit par un grammairien belge du nom de Maurice Grevisse. Chaque règle est illustrée par des exemples. Chaque règle ou presque s'accompagne aussi de contre-exemples empruntés à la littérature. La morale du Grevisse, c'est que les règles sont constamment transgressées, et que les transgressions successives conduisent à des évolutions. Transgressons donc la grammaire quand nous la trouvons sexiste. Transgressons les civilités traditionnelles et disons mademoidame à toutes les femmes quel que soit leur âge. Les critiques formulées au nom de la langue française par des gens qui la massacrent à longueur de journée ne valent rien. Transgression linguistique pour transgression linguistique, choisissez donc de faire partie des hommes et des femmes intelligentes. Adoptez la règle de proximité, et bien sûr employez mademoidame. Et que les hommes et les femmes vivent heureuses.
"Cette règle de grammaire apprise dès l'enfance sur les bancs de l'école façonne un monde de représentations dans lequel le masculin est considéré comme supérieur au féminin. En 1676, le père Bouhours, l'un des grammairiens qui a œuvré à ce que cette règle devienne exclusive de toute autre, la justifiait ainsi : « lorsque les deux genres se rencontrent, il faut que le plus noble l'emporte. »
Pourtant, avant le 18e siècle, la langue française usait d'une grande liberté. Un adjectif qui se rapportait à plusieurs noms, pouvait s'accorder avec le nom le plus proche. Cette règle de proximité remonte à l'Antiquité : en latin et en grec ancien, elle s'employait couramment."
La règle de grammaire que nous employons tous a donc été arbitrairement instaurée par un individu, il y a 337 ans. Elle ne reflète rien d'autre que l'opinion d'un curé dont plus personne ne devrait se souvenir. Comment expliquer, dès lors, la levée de boucliers dans les commentaires des internautes ? Ils ne crieraient pas plus fort si on voulait leur arracher un bras. Il faut dire que les médias leur tendent la perche : "Féminisme: elles s'attaquent à la grammaire" titre Le Parisien le 7 mars 2012. Un autre site annonce carrément : " Le féminisme contre la langue française." Quoi ? La langue française est mise à mal par pratiquement tout le monde, mais on ne tolèrerait pas une modification qui la rendrait moins sexiste ? Pourquoi la bêtise et la mauvaise foi sont-elles aussi largement partagées sur cette question ?
Tout comme avec mademoidame, on touche ici à un double tabou : celui de (l'idée qu'on se fait de) la langue, et celui des femmes. Dans la réalité, les Français parlent et écrivent comme bon leur semble, sans se préoccuper d'une grammaire compliquée qui n'est même plus enseignée. Pire encore, certains croient s'en préoccuper mais font des boulettes énormes. De l'Elysée même on écrit des lettres truffées de fautes. Je fais bien sûr allusion au communiqué de presse qui a suivi la mort de Mademoidame - j'ai failli écrire Madame - Mitterrand, sous le quinquennat précédent. L'évolution de la langue mériterait un blog à elle seule. Les Français ne maîtrisent plus le français tel qu'il a été codifié. Tenez, savez-vous pourquoi je mets une majuscule à les Français et pourquoi je n'en mets pas à le français ?
Le Grevisse est la bible en matière de grammaire française. Il a été écrit par un grammairien belge du nom de Maurice Grevisse. Chaque règle est illustrée par des exemples. Chaque règle ou presque s'accompagne aussi de contre-exemples empruntés à la littérature. La morale du Grevisse, c'est que les règles sont constamment transgressées, et que les transgressions successives conduisent à des évolutions. Transgressons donc la grammaire quand nous la trouvons sexiste. Transgressons les civilités traditionnelles et disons mademoidame à toutes les femmes quel que soit leur âge. Les critiques formulées au nom de la langue française par des gens qui la massacrent à longueur de journée ne valent rien. Transgression linguistique pour transgression linguistique, choisissez donc de faire partie des hommes et des femmes intelligentes. Adoptez la règle de proximité, et bien sûr employez mademoidame. Et que les hommes et les femmes vivent heureuses.
samedi 20 juillet 2013
Individualistes, ou simplement conscient(e)s ?
En lisant cet article d'Acrimed /Les entrailles de Mademoiselle, j'ai d'abord bien rigolé. Il y est question d'un article de la presse féminine selon lequel 10% des femmes se déroberaient à leur soi-disant devoir reproductif. Ce segment de population ne se confond pas avec le féminisme. Des mouvements féministes font des campagnes pour augmenter le nombre de places en crèche ; comme presque toute la société, ils tiennent un discours nataliste.
Le second article est un entretien avec un sociologue. Question de l'interviewer (Eric Deschavanne): "Le besoin d'avoir des enfants peut-il s'expliquer par la perception sociale négative que nous avons de ceux qui font le choix de ne pas en avoir ?" ( En d'autres termes : a-t-on des enfants par conformisme ? ) Réponse de Michel Maffesoli : "Plus profondément que cela, je crois que cette volonté de ne pas avoir d'enfant va progressivement disparaître. Cette tendance correspond en effet à la fin de la modernité, moment auquel l'individualisme était exacerbé, alors que nous revenons à présent à ce que j'appelle le tribalisme ou le familialisme."
Ce mot de tribalisme fait froid dans le dos. En outre, l'équation "refus d'enfant = individualisme" ne va pas de soi. On peut même la renverser, et démontrer que faire un enfant aujourd'hui est une preuve d'individualisme, pour ne pas dire d'égoïsme absolu. Pourquoi serait-il urgent de se reproduire quand les machines remplacent progressivement les humains, que les ressources naturelles sont amenées à se raréfier et qu'une compétition de plus en plus féroce attend ces chers bambins ? Et si le comble de l'individualisme consistait justement à faire des bébés parce que c'est mignon, pour laisser une trace de soi-même, en croyant que les problèmes se résoudront par magie ? On nous parle du besoin de renouveler les générations pour assurer les cotisations sociales alors même que l'emploi se dégrade et se raréfie. Qui peut croire que des armées de chômeurs régleront la question des retraites ? Personne bien sûr, on fait semblant. Une bonne guerre relancera l'économie. Chacun pense qu'il s'en sortira, que sa progéniture s'en sortira, et au diable le reste du monde ! Pour un aperçu de ce que la société des machines est en train de nous faire, regardez cette vidéo. Elle est très longue et de plus en plus ahurissante à mesure qu'on s'achemine vers la fin. Bonne journée quand même. Carpe diem, quoi.
Le second article est un entretien avec un sociologue. Question de l'interviewer (Eric Deschavanne): "Le besoin d'avoir des enfants peut-il s'expliquer par la perception sociale négative que nous avons de ceux qui font le choix de ne pas en avoir ?" ( En d'autres termes : a-t-on des enfants par conformisme ? ) Réponse de Michel Maffesoli : "Plus profondément que cela, je crois que cette volonté de ne pas avoir d'enfant va progressivement disparaître. Cette tendance correspond en effet à la fin de la modernité, moment auquel l'individualisme était exacerbé, alors que nous revenons à présent à ce que j'appelle le tribalisme ou le familialisme."
Ce mot de tribalisme fait froid dans le dos. En outre, l'équation "refus d'enfant = individualisme" ne va pas de soi. On peut même la renverser, et démontrer que faire un enfant aujourd'hui est une preuve d'individualisme, pour ne pas dire d'égoïsme absolu. Pourquoi serait-il urgent de se reproduire quand les machines remplacent progressivement les humains, que les ressources naturelles sont amenées à se raréfier et qu'une compétition de plus en plus féroce attend ces chers bambins ? Et si le comble de l'individualisme consistait justement à faire des bébés parce que c'est mignon, pour laisser une trace de soi-même, en croyant que les problèmes se résoudront par magie ? On nous parle du besoin de renouveler les générations pour assurer les cotisations sociales alors même que l'emploi se dégrade et se raréfie. Qui peut croire que des armées de chômeurs régleront la question des retraites ? Personne bien sûr, on fait semblant. Une bonne guerre relancera l'économie. Chacun pense qu'il s'en sortira, que sa progéniture s'en sortira, et au diable le reste du monde ! Pour un aperçu de ce que la société des machines est en train de nous faire, regardez cette vidéo. Elle est très longue et de plus en plus ahurissante à mesure qu'on s'achemine vers la fin. Bonne journée quand même. Carpe diem, quoi.
mardi 9 juillet 2013
Bienvenue à Mademoidame
Bienvenue à la demoidame récemment rencontrée qui s'intéresse à mademoidame, elle se reconnaîtra. Elle a commencé à employer mademoidame et à en parler autour d'elle. Elle n'en revient pas des résistances de certaines personnes.
"C'est trop long" et "C'est moche" sont les objections classiquement rencontrées. L'argument de la longueur se veut rationnel mais la réalité est que mademoidame a onze lettres alors que mademoiselle en a douze : mademoidame est en fait plus court que mademoiselle, que personne n'a jamais songé à trouver trop long.
L'argument soi-disant esthétique (le "c'est moche") est lui aussi complètement irrationnel. D'abord, mademoidame est un très joli mot : frais comme un dessin d'enfant, insolent comme toute affirmation de liberté, il a la force poétique du mot-valise et la beauté insolite qui échappe à toute classification. Il faut porter mademoidame comme un bijou de créateur, fièrement, et ignorer les commentaires de gens sans goût. J'injecte mademoidame à petites doses répétées dans ma vie de tous les jours. Aujourd'hui, à la piscine, j'ai interpelé des gamines de douze treize ans qui glapissaient et se bousculaient dans les vestiaires : "Eh, mesdemoidames, un peu de calme ! " J'avais l'impression d'être leur prof.
"C'est trop long" et "C'est moche" sont les objections classiquement rencontrées. L'argument de la longueur se veut rationnel mais la réalité est que mademoidame a onze lettres alors que mademoiselle en a douze : mademoidame est en fait plus court que mademoiselle, que personne n'a jamais songé à trouver trop long.
L'argument soi-disant esthétique (le "c'est moche") est lui aussi complètement irrationnel. D'abord, mademoidame est un très joli mot : frais comme un dessin d'enfant, insolent comme toute affirmation de liberté, il a la force poétique du mot-valise et la beauté insolite qui échappe à toute classification. Il faut porter mademoidame comme un bijou de créateur, fièrement, et ignorer les commentaires de gens sans goût. J'injecte mademoidame à petites doses répétées dans ma vie de tous les jours. Aujourd'hui, à la piscine, j'ai interpelé des gamines de douze treize ans qui glapissaient et se bousculaient dans les vestiaires : "Eh, mesdemoidames, un peu de calme ! " J'avais l'impression d'être leur prof.
jeudi 6 juin 2013
Mademoidame dans le dictionnaire
Plan cul est paraît-il entré dans l'édition 2014 du Robert. Impossible de savoir à ce stade s'il est accompagné de plan galère et de bon plan son antonyme, mais ça multiplie les ambitions pour l'avenir. Extrait de l'édition (année illisible) du dictionnaire :
MADEMOIDAME [ madmwadam ] n.f. ( XXIème siècle; de mademoiselle et madame; plur. MESDEMOIDAMES [ medmwadam ]. abbrev. Mde, Mdes). - Titre donné à toute femme, jeune ou âgée, mariée ou non. Mademoidame une Telle. Mademoidame la directrice. Mesdemoidames et Messieurs.
Votez pour mademoidame en envoyant un mail dans lequel vous aurez copié/collé la définition ci-dessus à : m6actu@m6.fr.
MADEMOIDAME [ madmwadam ] n.f. ( XXIème siècle; de mademoiselle et madame; plur. MESDEMOIDAMES [ medmwadam ]. abbrev. Mde, Mdes). - Titre donné à toute femme, jeune ou âgée, mariée ou non. Mademoidame une Telle. Mademoidame la directrice. Mesdemoidames et Messieurs.
Votez pour mademoidame en envoyant un mail dans lequel vous aurez copié/collé la définition ci-dessus à : m6actu@m6.fr.
dimanche 2 juin 2013
Cachez ce sein que certaines ne sauraient voir
Ces derniers jours, pendant que des militantes d’OLF manifestaient contre un défilé de lingerie en forme de strip tease dans un grand magasin parisien, des Femen se dénudaient en Tunisie pour protester contre l’emprisonnement d’Amina. Deux féminismes s’affrontent ici : celui qui veut dissimuler le corps féminin, et celui qui l’exhibe à titre de protestation. D’un côté la censure, de l’autre la provocation.
Les demoidames d’OLF ont obtenu sans difficulté l’annulation du défilé de lingerie. Personne n’a eu l’air de se préoccuper de savoir ce qu’en pensaient les mannequins. Tu es belle alors tais-toi ! On ne te demande pas ton avis ! Et tant pis si tu comptais gagner un peu d’argent grâce à ce défilé. D’autres en ont décidé autrement. Tiens, tu n’as qu’à devenir caissière, ou stagiaire, enfin n’importe quel job sous-payé, tu verras comme ta dignité sera respectée ! Tout, plutôt que d'utiliser ta jolie silhouette.
Ce féminisme puritain, remarquablement bien organisé, a des contacts et de l’argent. Il accapare si bien les médias qu’il passe pour être LE féminisme. Si les Femen ne s’étaient pas déshabillées, jamais elles n’auraient obtenu la moindre attention. Elles l’ont bien expliqué : au début, elles manifestaient habillées, et leurs actions n’avaient aucun retentissement.
La radicalité des Femen ne fait pas pour autant d’elles les représentantes du féminisme radical.
Le féminisme radical, ce serait plutôt Andrea Dworkin, dont un des livres a paru en français récemment. Je vous prie de m’excuser, Mesdemoidames et Messieurs, d’évoquer un auteur que je n’ai pas lu directement. Mes sources sont Antisexisme et Hypathie.
Le féminisme radical postule que les femmes constituent une classe sociale à part entière. Il met en avant la guerre des sexes et se distingue du féminisme réformiste, accusé de composer avec la société patriarcale. Dworkin annoncerait l’élimination programmée de presque toutes les femmes, c’est-à-dire la volonté masculine de commettre un véritable génocide ou, plus exactement, un “ gynocide ”. Celui-ci serait rendu possible par les techniques futures de reproduction, lesquelles rendraient les femmes inutiles ou presque. Cette vision binaire, délirante et paranoïaque n’est exposée que dans l’article d’Antisexisme.
En toute logique, il aurait fallu commander le livre et le lire en détail avant de pouvoir en dire quoi que ce soit. Mais pourquoi consacrer du temps à de telles inepties ? La guerre des sexes n’est pas mon combat. Et Mademoidame, est-ce que c'est un combat ?
Les demoidames d’OLF ont obtenu sans difficulté l’annulation du défilé de lingerie. Personne n’a eu l’air de se préoccuper de savoir ce qu’en pensaient les mannequins. Tu es belle alors tais-toi ! On ne te demande pas ton avis ! Et tant pis si tu comptais gagner un peu d’argent grâce à ce défilé. D’autres en ont décidé autrement. Tiens, tu n’as qu’à devenir caissière, ou stagiaire, enfin n’importe quel job sous-payé, tu verras comme ta dignité sera respectée ! Tout, plutôt que d'utiliser ta jolie silhouette.
Ce féminisme puritain, remarquablement bien organisé, a des contacts et de l’argent. Il accapare si bien les médias qu’il passe pour être LE féminisme. Si les Femen ne s’étaient pas déshabillées, jamais elles n’auraient obtenu la moindre attention. Elles l’ont bien expliqué : au début, elles manifestaient habillées, et leurs actions n’avaient aucun retentissement.
La radicalité des Femen ne fait pas pour autant d’elles les représentantes du féminisme radical.
Le féminisme radical, ce serait plutôt Andrea Dworkin, dont un des livres a paru en français récemment. Je vous prie de m’excuser, Mesdemoidames et Messieurs, d’évoquer un auteur que je n’ai pas lu directement. Mes sources sont Antisexisme et Hypathie.
Le féminisme radical postule que les femmes constituent une classe sociale à part entière. Il met en avant la guerre des sexes et se distingue du féminisme réformiste, accusé de composer avec la société patriarcale. Dworkin annoncerait l’élimination programmée de presque toutes les femmes, c’est-à-dire la volonté masculine de commettre un véritable génocide ou, plus exactement, un “ gynocide ”. Celui-ci serait rendu possible par les techniques futures de reproduction, lesquelles rendraient les femmes inutiles ou presque. Cette vision binaire, délirante et paranoïaque n’est exposée que dans l’article d’Antisexisme.
En toute logique, il aurait fallu commander le livre et le lire en détail avant de pouvoir en dire quoi que ce soit. Mais pourquoi consacrer du temps à de telles inepties ? La guerre des sexes n’est pas mon combat. Et Mademoidame, est-ce que c'est un combat ?
vendredi 26 avril 2013
Mais c'est quoi au juste, le féminisme ?
Voici un lien vers une interview de Delphine Beauvois dans Rage Magazine. http://ragemag.fr/delphine-beauvois-le-feminisme-est-indissociable-de-la-lutte-des-classes Gros titre : "Le féminisme est indissociable de la lutte des classes". Juste au-dessus du titre, dans un vidéoclip intitulé We Might Be Dead By Tomorrow, deux femmes nues en train de s'embrasser dans le bleu turquoise d'une piscine. Ce message subliminal dit que le féminisme est en fait indissociable de l'homosexualité - ce qui est complètement faux bien sûr. C'est juste une manière de manipuler l'internaute. Il s'agit de faire du féminisme un phénomène minoritaire dans lequel la majorité des femmes ne puisse pas se reconnaître. Quant à la lutte des classes prétendument associée au féminisme, elle est démentie par le fait que des féministes de droite comme de gauche s'accordent sur nombre de sujets. Le féminisme n'est pas une orientation sexuelle, même si des féministes sont lesbiennes, et ce n'est pas non plus une lutte de classes (les femmes ne constituent pas une classe sociale) même si les féministes médiatisées sont souvent (avant tout) des politiciennes.
Il ne faut pas avoir honte du mot féminisme dès lors que l'on aspire à l'égalité entre les sexes. Toute personne révoltée par le fait que des femmes puissent ne pas avoir les mêmes droits que les hommes est féministe. Les féministes officielles n'ont pas le monopole du féminisme, pas plus que les mouvements nationalistes n'ont le monopole du patriotisme. Vous trouvez injuste que les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes ? Alors vous êtes féministe. Que vous soyez une femme ou un homme. A moins d'être masochiste, toute femme devrait se dire féministe. Tout homme aussi. Pourquoi ? Parce qu'il y gagne, si, si ! Historiquement, le féminisme a libéré les hommes autant que les femmes. L'avènement de la contraception a transformé la vie des femmes et des hommes. Votre grand-père était obligé de pratiquer le coïtus interruptus, sinon vous auriez six oncles et tantes supplémentaires. Vous voyez bien, Monsieur, que le féminisme est une bonne chose pour vous aussi.
Il ne faut pas avoir honte du mot féminisme dès lors que l'on aspire à l'égalité entre les sexes. Toute personne révoltée par le fait que des femmes puissent ne pas avoir les mêmes droits que les hommes est féministe. Les féministes officielles n'ont pas le monopole du féminisme, pas plus que les mouvements nationalistes n'ont le monopole du patriotisme. Vous trouvez injuste que les femmes gagnent en moyenne 25% de moins que les hommes ? Alors vous êtes féministe. Que vous soyez une femme ou un homme. A moins d'être masochiste, toute femme devrait se dire féministe. Tout homme aussi. Pourquoi ? Parce qu'il y gagne, si, si ! Historiquement, le féminisme a libéré les hommes autant que les femmes. L'avènement de la contraception a transformé la vie des femmes et des hommes. Votre grand-père était obligé de pratiquer le coïtus interruptus, sinon vous auriez six oncles et tantes supplémentaires. Vous voyez bien, Monsieur, que le féminisme est une bonne chose pour vous aussi.
dimanche 14 avril 2013
Seins dessus dessous
Je viens encore de lire une critique virulente des Femen. On leur reproche, entre autres choses, d'être trop bien roulées. Leur plastique avantageuse serait une insulte à la majorité des femmes. Cette accusation ferait rire si elle n'était pas si largement relayée. La semi-nudité des Femen devrait être un non-événement ; c'est une révolution. A croire qu'on n'avait jamais vu la moindre paire de nénés avant ! "Nous voyons souvent des hommes torse nu à la plage, cela ne choque personne, ...." remarque de son côté Amina, 19 ans, qui a tenté d'introduire le mouvement Femen en Tunisie. Qu'a-t-elle commis, Amina, pour recevoir des menaces de mort et se retrouver séquestrée par sa famille? Les mamelons pudiquement dissimulés derrières des carrés, elle s'est exposée sur Facebook avec, écrit sur le torse : "Mon corps m'appartient et il n'est l'honneur de personne". De ce corps qui lui appartient bel et bien, elle ne dévoilait rien de plus que ce qu'elle aurait montré à la piscine. Il est de toute manière impossible de montrer sa poitrine sur Facebook. La censure sur le réseau social s'étend aux femmes qui allaitent. Cachez ce sein que je ne saurais voir ! Les Tartufe se frottent les mains.
Les seins font encore parler d'eux, cette fois suite à une pseudo étude consacrée au soutien-gorge. L'auteure de l'article rappelle qu'en 1968, les femmes envoyèrent valser le soutien-gorge en signe de libération. Ce qu'elle ne dit pas, c'est que le soutien-gorge fut longtemps interdit dans les prisons françaises. C'était une façon d'humilier les détenues, peut-être aussi de les empêcher de se pendre. Elles se retrouvaient en position d'infériorité face à des gardiennes dûment soutenues. Le soutien-gorge peut donc être, aussi, l'attribut de la liberté. C'est toute l'ambivalence des symboles.
Et enfin, une étude montre que les hommes pauvres seraient attirés par les gros seins, qui seraient une promesse de bien manger... http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/03/28/le-plantureux-mystere-du-sein-permanent_3149806_1650684.html
Les seins font encore parler d'eux, cette fois suite à une pseudo étude consacrée au soutien-gorge. L'auteure de l'article rappelle qu'en 1968, les femmes envoyèrent valser le soutien-gorge en signe de libération. Ce qu'elle ne dit pas, c'est que le soutien-gorge fut longtemps interdit dans les prisons françaises. C'était une façon d'humilier les détenues, peut-être aussi de les empêcher de se pendre. Elles se retrouvaient en position d'infériorité face à des gardiennes dûment soutenues. Le soutien-gorge peut donc être, aussi, l'attribut de la liberté. C'est toute l'ambivalence des symboles.
Et enfin, une étude montre que les hommes pauvres seraient attirés par les gros seins, qui seraient une promesse de bien manger... http://www.lemonde.fr/sciences/article/2013/03/28/le-plantureux-mystere-du-sein-permanent_3149806_1650684.html
mardi 2 avril 2013
Taille réelle
Les Suédois ont créé l'événement en lançant des mannequins "taille réelle". Les vêtements présentés dans les vitrines passent de la taille 36 à la taille 42. Tout l'internet s'en est félicité, au motif que cela représente mieux la majorité des femmes et que le diktat de la minceur extrême encourage des jeunes filles à devenir anorexiques. Certes. Mais le surpoids est en augmentation dans la population. Avec les problèmes qu'il entraîne, c'est un enjeu de santé publique au moins aussi inquiétant et bien plus répandu que l'anorexie. Faudra-t-il de nouveau déplacer le curseur de la norme dans vingt ans,
à la taille 44 ?
Les femmes rondes étaient à la mode du temps où manger plus que nécessaire était un privilège de riche. Le glissement des valeurs auquel nous sommes en train d'assister annonce-t-il un bon en arrière où seuls les nantis auront les moyens de s'empiffrer ? Ou témoigne-t-il simplement de la victoire d'une industrie agro-alimentaire cynique et toute-puissante ? Pendant qu'on se révolte contre la norme de la minceur, pense-t-on à s'insurger contre les chaînes de fast-food qui nous empoisonnent et nous font grossir (en nous montrant de belles femmes minces se gavant de produits sucrés ) ? Une femme est-elle plus libre et plus heureuse en laissant s'accumuler des kilos superflus qui lui donnent diabète et cholestérol, réduisent sa mobilité, bref, la cantonnent une fois de plus à la maison ?
A lire aussi : http://www.acrimed.org/article3913.html
Les femmes rondes étaient à la mode du temps où manger plus que nécessaire était un privilège de riche. Le glissement des valeurs auquel nous sommes en train d'assister annonce-t-il un bon en arrière où seuls les nantis auront les moyens de s'empiffrer ? Ou témoigne-t-il simplement de la victoire d'une industrie agro-alimentaire cynique et toute-puissante ? Pendant qu'on se révolte contre la norme de la minceur, pense-t-on à s'insurger contre les chaînes de fast-food qui nous empoisonnent et nous font grossir (en nous montrant de belles femmes minces se gavant de produits sucrés ) ? Une femme est-elle plus libre et plus heureuse en laissant s'accumuler des kilos superflus qui lui donnent diabète et cholestérol, réduisent sa mobilité, bref, la cantonnent une fois de plus à la maison ?
A lire aussi : http://www.acrimed.org/article3913.html
vendredi 8 mars 2013
L'âge de Mademoidame
Ce blog est né il y a exactement deux ans, mais j'ai publié le tout premier article "mademoidame" il y a trois ans sur http://sojfer.blogspot.com. Deux ans, c'est déjà ancien pour un blog. Une évolution s'impose, mais laquelle ? Vais-je céder aux sirènes des marketeurs qui me disent qu'un blog ne vaut rien s'il ne rapporte pas d'argent ? Mais je répugne, Mesdemoidames, à vous vendre comme du bétail à des annonceurs ! A vous faire cracher vos adresses électroniques pour mieux vous posséder ! A jouer le jeu des affiliations pour - disent-ils - me faire des fouilles en or ! Le blogging est peut-être un business mais je me plais à considérer mademoidame comme une oeuvre d'utilité publique. Je sais bien que 70% des visiteurs d'un blog ne reviennent jamais si on ne leur arrache pas leur adresse pour les relancer. Et alors ? Une fois suffit pour savoir que mademoidame existe. Et puis je n'écris pas pour la majorité des gens. Je n'écris pas pour les suivistes. J'écris pour les précurseurs, quel peut bien être le féminin de précurseur ? Précurseuse ? Voilà un mot presque aussi beau et intéressant que mademoidame. Donc, vous êtes un précurseur, une précurseuse. Bravo. Bienvenue. Vous êtes assez grand(e) pour vous abonner au flux RSS de ce blog si ce que vous lisez vous intéresse, ou pour le marquer dans vos favoris, ou pour envoyer un lien à des ami(e)s via Twitter, Facebook ou que sais-je encore, cela ne me regarde pas. Je ne vous demande pas non plus votre âge. Si vous êtes une femme, je ne vous dis pas madame ou mademoiselle selon que je vous trouve quelconque ou jolie. Pourquoi vous accablerais-je d'un jugement sur votre physique et votre âge supposé ? Je vous dis donc mademoidame. C'est plus poli. Plus élégant.
samedi 23 février 2013
Des demoidames qui en ont
Il faut une sacrée dose de courage pour se dénuder en cette saison. Et les Femen ne risquent pas seulement d'attraper une pneumonie. Certaines personnes émettent des doutes sur l'efficacité politique de leur démarche de provocation. Ce qui me plaît, chez les Femen, c'est que ce sont des artistes autant que des activistes. Leurs interventions topless s'apparentent à des happenings. Leur démarche est dangereuse, avant-gardiste et, quoi qu'on en dise, terriblement efficace.
A leur sextremism, Lydia Guirous oppose dans le Huffington Post une condamnation sans appel. Elle leur reproche de mettre à mal et le féminisme, et le pacte républicain. "La laïcité" écrit Mademoidame Guirous, "n'est pas un anticléricalisme forcené, pas plus qu'elle n'invite à l'athéisme ou à l'agnosticisme." Mademoidame Guirous s'inspire visiblement de George W. Bush. Elle ne semble pas plus férue d'histoire que lui. Elle ratisse en tout cas très à droite. Lui arrive-t-il de réfléchir au sens des mots ? Ouvrons pour elle le dictionnaire :
"Agnosticisme : doctrine d'après laquelle tout ce qui est au delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable." L'agnosticisme, dans un pacte républicain, c'est le bon sens minimum. Une république qui ne prône pas l'agnosticisme et ne repousse pas les croyances dans la sphère du privé ouvre la porte aux créationnistes et aux ayatollahs. Et que peut bien être un féminisme qui s'accommode de la religion, premier instrument de l'oppression des femmes ? En souvenir de ma grand-mère charcutière, appelons ça de l'eau de boudin.
A leur sextremism, Lydia Guirous oppose dans le Huffington Post une condamnation sans appel. Elle leur reproche de mettre à mal et le féminisme, et le pacte républicain. "La laïcité" écrit Mademoidame Guirous, "n'est pas un anticléricalisme forcené, pas plus qu'elle n'invite à l'athéisme ou à l'agnosticisme." Mademoidame Guirous s'inspire visiblement de George W. Bush. Elle ne semble pas plus férue d'histoire que lui. Elle ratisse en tout cas très à droite. Lui arrive-t-il de réfléchir au sens des mots ? Ouvrons pour elle le dictionnaire :
"Agnosticisme : doctrine d'après laquelle tout ce qui est au delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable." L'agnosticisme, dans un pacte républicain, c'est le bon sens minimum. Une république qui ne prône pas l'agnosticisme et ne repousse pas les croyances dans la sphère du privé ouvre la porte aux créationnistes et aux ayatollahs. Et que peut bien être un féminisme qui s'accommode de la religion, premier instrument de l'oppression des femmes ? En souvenir de ma grand-mère charcutière, appelons ça de l'eau de boudin.
jeudi 14 février 2013
Sexe, vaisselle et rock'n roll
Avez-vous vu passer le 30 janvier un article intitulé "Faire la vaisselle nuit à l'activité sexuelle" ? http://next.liberation.fr/sexe/2013/01/30/faire-la-vaisselle-nuit-a-l-activite-sexuelle_877924 D'après un questionnaire auquel ont répondu 7002 personnes, les couples dans lesquels l'homme participe aux tâches ménagères feraient moins l'amour que les autres. J'ai demandé à mon chéri s'il pensait qu'on ferait plus l'amour s'il ne faisait pas la vaisselle, et on a rigolé. Mais combien de gens prennent ce genre d'étude au sérieux ? Combien de milliers d'études a-t-on déjà faites sur des sujets similaires ? Si on pouvait additionner tout l'argent investi dans ce type de "recherche" depuis quarante ans, on arriverait à des sommes invraisemblables.
M'intéresse ici le commentaire d'un des chercheurs : «Il existe une sorte de scénario sexuel bien défini par le genre, dans lequel se conduire selon ce genre est important pour la création du désir sexuel (...)" En clair : la différence sexuelle nous excite. C'est probablement vrai puisque des couples homos la reproduisent. Ce serait la preuve aussi que tout se passe largement dans la tête. Le symbolique, quoi. La psychanalyse et l'ethnologie nous avaient déjà mis sur la piste. Nous sommes mus par nos représentations. Nous voudrions croire dur comme fer qu'elles sont inscrites dans la nature parce que des institutions dépensent des milliards et des millards de dollars pour essayer de le prouver. C'est que c'est un enjeu politique, au sens premier du terme : organisation de la société. Bonne occasion de reparler du numéro de Sciences et avenir consacré au neurosexisme : http://odilesolomon.typepad.fr/files/sciencesaveni-dossier_fév2012.pdf .
Illustration trouvée sur Facebook, source inconnue mais la faute d'orthographe indiquerait plutôt une origine récente.
M'intéresse ici le commentaire d'un des chercheurs : «Il existe une sorte de scénario sexuel bien défini par le genre, dans lequel se conduire selon ce genre est important pour la création du désir sexuel (...)" En clair : la différence sexuelle nous excite. C'est probablement vrai puisque des couples homos la reproduisent. Ce serait la preuve aussi que tout se passe largement dans la tête. Le symbolique, quoi. La psychanalyse et l'ethnologie nous avaient déjà mis sur la piste. Nous sommes mus par nos représentations. Nous voudrions croire dur comme fer qu'elles sont inscrites dans la nature parce que des institutions dépensent des milliards et des millards de dollars pour essayer de le prouver. C'est que c'est un enjeu politique, au sens premier du terme : organisation de la société. Bonne occasion de reparler du numéro de Sciences et avenir consacré au neurosexisme : http://odilesolomon.typepad.fr/files/sciencesaveni-dossier_fév2012.pdf .
Illustration trouvée sur Facebook, source inconnue mais la faute d'orthographe indiquerait plutôt une origine récente.
samedi 26 janvier 2013
Demoidame Nature
Quand vous entendez le mot nature, quelle image vous vient immédiatement à l'esprit ? Moi, je vois les frondaisons d'une forêt. Or la forêt telle que nous la connaissons en Europe a été totalement refaite au fil du temps. Elle devait être bien différente il y a 40 000 ans, tant par son étendue que par sa flore et sa faune. Les humains sont passés par là. Peut-être aussi une glaciation. Mais ce sont les humains qui ont défriché, replanté, tracé les allées le long desquelles nous nous promenons. Ce que je me représente lorsque j'entends le mot nature relève très largement de la culture.
La science elle-même, qui se présente comme une mesure objective du monde, est loin d'être aussi neutre qu'elle le prétend. Ce n'est pas pour rien qu'une branche de la philosophie s'appelle l'épistémologie. Avec quelle énergie on a voulu faire dire aux hormones que les hommes venaient de Mars et les femmes de Vénus ! A celles et ceux qui croiraient encore à ces fables, je recommande la lecture du dossier paru dans Science et avenir : http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/fondamental/20120126.OBS9885/neurosexisme-la-guerre-est-declaree.html. Les implications de ces batailles ne sont évidemment pas anodines. Ce que l'on essaye de faire dire à la nature détermine in fine une organisation sociale. A toujours ramener les femmes à leur fonction reproductive, on perpétue les inégalités de genre. Or, pas plus qu'un homme une femme n'est faite pour avoir des enfants. Elle porte en elle cette possibilité, tout comme un homme ; libre à elle d'en user, ou pas. Rien ne l'y oblige au vingt-et-unième siècle, si ce n'est une faramineuse pression sociale dont il a déjà été question sur ce blog. On nous a tellement bassiné(e)s avec la prétendue horloge biologique qu'on a fini par la visualiser comme une pendule à la gare Saint-Lazare. C'est juste une métaphore, une vue de l'esprit et, surtout, un argument marketing : les enfants font consommer. La quête d'un homme avec qui faire un enfant est elle aussi un levier de consommation. Une population abondante représente avant tout un marché. Et peu importe que le travail soit de plus en plus fait par des machines à la place des humains voués au chômage ou que les ressources sur terre s'amenuisent à mesure que croît la population, priorité à la croissance, après nous le déluge ! Faites des petits soldats qui s'entretueront et d'autres qui reconstruiront, faites des petites bonnes femmes qui feront de petits soldats qui s'entretueront et qui reconstruiront, ça fait tourner le monde et l'économie ! Puisqu'on vous dit que la nature l'exige !
La science elle-même, qui se présente comme une mesure objective du monde, est loin d'être aussi neutre qu'elle le prétend. Ce n'est pas pour rien qu'une branche de la philosophie s'appelle l'épistémologie. Avec quelle énergie on a voulu faire dire aux hormones que les hommes venaient de Mars et les femmes de Vénus ! A celles et ceux qui croiraient encore à ces fables, je recommande la lecture du dossier paru dans Science et avenir : http://sciencesetavenir.nouvelobs.com/fondamental/20120126.OBS9885/neurosexisme-la-guerre-est-declaree.html. Les implications de ces batailles ne sont évidemment pas anodines. Ce que l'on essaye de faire dire à la nature détermine in fine une organisation sociale. A toujours ramener les femmes à leur fonction reproductive, on perpétue les inégalités de genre. Or, pas plus qu'un homme une femme n'est faite pour avoir des enfants. Elle porte en elle cette possibilité, tout comme un homme ; libre à elle d'en user, ou pas. Rien ne l'y oblige au vingt-et-unième siècle, si ce n'est une faramineuse pression sociale dont il a déjà été question sur ce blog. On nous a tellement bassiné(e)s avec la prétendue horloge biologique qu'on a fini par la visualiser comme une pendule à la gare Saint-Lazare. C'est juste une métaphore, une vue de l'esprit et, surtout, un argument marketing : les enfants font consommer. La quête d'un homme avec qui faire un enfant est elle aussi un levier de consommation. Une population abondante représente avant tout un marché. Et peu importe que le travail soit de plus en plus fait par des machines à la place des humains voués au chômage ou que les ressources sur terre s'amenuisent à mesure que croît la population, priorité à la croissance, après nous le déluge ! Faites des petits soldats qui s'entretueront et d'autres qui reconstruiront, faites des petites bonnes femmes qui feront de petits soldats qui s'entretueront et qui reconstruiront, ça fait tourner le monde et l'économie ! Puisqu'on vous dit que la nature l'exige !
samedi 5 janvier 2013
Mademoidame en beauté
Il paraît que quelqu'un a qualifié
mademoidame d'horrible. Ça faisait longtemps. Et puis quelle exagération. Le mot horrible se réfère à l’horreur ; je me demande bien, après ça, quels termes cette personne utilise pour qualifier le viol et le meurtre de l'étudiante de New Delhi.
Ainsi le mot mademoidame serait moche. L'argument esthétique semble imparable à première vue mais il ne veut rien dire, sinon un rejet de principe. Qu’est-ce que la beauté, la laideur ? L’histoire et la sociologie n’ont-elles pas montré que les critères du beau sont avant tout ceux de la classe dominante ? Dans notre monde de démagogie numérique, le beau est aussi devenu le marketté, le cliqué, le laïké, le retweeté, bref le médiatisé, le vulgarisé, pour ne pas dire le vulgaire. Est perçu comme beau ou bien ce qui a été vu à la télé, ce qui a été approuvé par d’autres, ce qui est lancé à grands renforts de campagnes de communication et de buzz. Personne n’a jamais pensé à trouver horrible le nom de marque Asus, pourtant c’est un mot particulièrement laid en français. Ben si, c’est comparable. Et je ne vois vraiment pas en quoi des gens de marketing seraient plus légitimes que moi pour propager un terme.
Dès mars 2011, j'ai invité les gens à suggérer des alternatives à mademoidame s’ils en trouvaient, et personne n'a jamais envoyé la moindre proposition. Attention, il faut que le mot soit immédiatement compréhensible. Les esprits chagrins auront beau dire, on comprend mademoidame d'un seul coup, à l'oral comme à l'écrit. Mademoidame est un mot que j’emploie tous les jours, et jamais personne ne m’a jamais regardée de travers. Le sens de mademoidame est limpide, évident : ce mot fonctionne.
Certaines personnes ont essayé de rationaliser leur réticence en déclarant mademoidame “ trop long ”. Or, mademoidame a une lettre de moins que mademoiselle et le même nombre de syllabes exactement. Quelqu'un aurait même reproché à mademoidame de ne pas avoir de “ fondement étymologique ”. A ce compte-là, on ne pourrait plus inventer aucun mot ; il faudrait avec vigueur rejeter nutricament, formé de deux mots existants, exactement comme mademoidame, or personne à ma connaissance ne s’est insurgé contre nutricament.
Ces critiques sont complètement irrationnelles. Elles visent à ce que surtout rien ne change. On peut se demander pourquoi. Puisqu’il est question d’esthétique, est-ce que c’est beau, de faire savoir à une femme qu’on la trouve laide et vieille ou jeune et jolie selon qu’on lui dit madame ou mademoiselle ? Au nom de quoi voudrait-on faire perdurer cette pratique insultante ?
Il me reste à vous souhaiter, Mesdemoidames et Messieurs, de belles choses pour l'année qui commence.
Ainsi le mot mademoidame serait moche. L'argument esthétique semble imparable à première vue mais il ne veut rien dire, sinon un rejet de principe. Qu’est-ce que la beauté, la laideur ? L’histoire et la sociologie n’ont-elles pas montré que les critères du beau sont avant tout ceux de la classe dominante ? Dans notre monde de démagogie numérique, le beau est aussi devenu le marketté, le cliqué, le laïké, le retweeté, bref le médiatisé, le vulgarisé, pour ne pas dire le vulgaire. Est perçu comme beau ou bien ce qui a été vu à la télé, ce qui a été approuvé par d’autres, ce qui est lancé à grands renforts de campagnes de communication et de buzz. Personne n’a jamais pensé à trouver horrible le nom de marque Asus, pourtant c’est un mot particulièrement laid en français. Ben si, c’est comparable. Et je ne vois vraiment pas en quoi des gens de marketing seraient plus légitimes que moi pour propager un terme.
Dès mars 2011, j'ai invité les gens à suggérer des alternatives à mademoidame s’ils en trouvaient, et personne n'a jamais envoyé la moindre proposition. Attention, il faut que le mot soit immédiatement compréhensible. Les esprits chagrins auront beau dire, on comprend mademoidame d'un seul coup, à l'oral comme à l'écrit. Mademoidame est un mot que j’emploie tous les jours, et jamais personne ne m’a jamais regardée de travers. Le sens de mademoidame est limpide, évident : ce mot fonctionne.
Certaines personnes ont essayé de rationaliser leur réticence en déclarant mademoidame “ trop long ”. Or, mademoidame a une lettre de moins que mademoiselle et le même nombre de syllabes exactement. Quelqu'un aurait même reproché à mademoidame de ne pas avoir de “ fondement étymologique ”. A ce compte-là, on ne pourrait plus inventer aucun mot ; il faudrait avec vigueur rejeter nutricament, formé de deux mots existants, exactement comme mademoidame, or personne à ma connaissance ne s’est insurgé contre nutricament.
Ces critiques sont complètement irrationnelles. Elles visent à ce que surtout rien ne change. On peut se demander pourquoi. Puisqu’il est question d’esthétique, est-ce que c’est beau, de faire savoir à une femme qu’on la trouve laide et vieille ou jeune et jolie selon qu’on lui dit madame ou mademoiselle ? Au nom de quoi voudrait-on faire perdurer cette pratique insultante ?
Il me reste à vous souhaiter, Mesdemoidames et Messieurs, de belles choses pour l'année qui commence.
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