mardi 29 novembre 2011

Jeune homme et Mondemoiseau sont dans un bateau

J'en ai un peu marre d'entendre citer jeune homme ou proposer mondemoiseau comme solution au problème. Même s'il se trouve des hommes pour aimer qu'on leur dise jeune homme, voire pour se déclarer prêts à recevoir des courriers libellés à mondemoiseau, il s'agit d'une démonstration par l'absurde. On peut bien sûr s'amuser à dire jeune homme ou mondemoiseau. Cela pourrait peut-être s'avérer utile pour montrer le ridicule de la situation dans laquelle sont placées les femmes avec le madame/mademoiselle - à condition de réellement embêter les hommes. Il faudrait leur poser la question plusieurs fois par jour, y compris et surtout quand ce n'est pas nécessaire ; leur faire croire qu'ils n'existent pas réellement sans épouse et qu'ils louperont leur vie s'ils n'en consacrent pas au moins une partie à se reproduire ; leur mettre la pression, quoi. Alors ils pourraient traiter de chieuses les pro-mademoidame, les pro-madame, les pro-féministes de tous poils. Et rien ne changerait. L'égalité apparemment induite par l'introduction de mondemoideau ne vise qu'à discréditer les différentes tentatives d'abolition de la double appellation pour les femmes. Pardon pour cette phrase trop longue. Ce que j'essaye de dire, c'est qu'il ne s'agit pas d'emmerder les hommes, juste de laisser les femmes tranquilles. De les appeler Mademoidame, sans distinction de niveau esthétique, d'âge ou de statut marital. Mademoidame. Mademoidame.

lundi 21 novembre 2011

Mad, (é)moi, dame

On peut très bien employer mademoidame par amour du langage poétique, goût des jeux de mots, plus que par engagement politique. Je connais une Mademoidame convaincue qui ne supporte pas la référence au féminisme. Sans me reconnaître dans aucun mouvement (je suis une féministe franc-tireuse), j'ai du mal à comprendre qu'une femme se déclare anti-féministe. Du reste, cette personne revendique toutes les libertés modernes. Sa position n'est pas facile à cerner. Sur un sujet comme celui-ci, les discussions peuvent rapidement devenir houleuses. Les questions de féminisme et les questions de langue française ont en commun de susciter des réactions passionnelles. Alors qu'elles sont très complexes. Et appelleraient des entretiens calmes. Il y a des gens qui deviennent comme fous dès qu'on parle des femmes et de leur statut. Les gens s'énervent par manque d'arguments. Si votre interlocuteur/trice s'agite en élevant le ton, inspirez, expirez, inspirez à nouveau. Attendez que l'autre personne se soit vidée de son flot de paroles pour repartir à voix calme. Parlons de mademoidame, de la langue française, de la condition des femmes en ce début du vingt-et-unième siècle. Ne nous entretuons pas.

vendredi 11 novembre 2011

Le paradoxe de la femme divorcée

Selon l'usage, une femme divorcée reprend son nom de naissance (si elle l'avait abandonné pour celui de son mari) mais continue d'être appelée madame.  Tout le monde trouve alors normal de définir cette femme en référence à un homme qui ne lui est plus rien depuis longtemps.
Déclarez-vous célibataire, et vos courriers resteront libellés à "Mademoiselle Schmoll" quoi que vous tentiez de dire ou de faire. Mariez-vous avec le premier venu, divorcez six mois plus tard, et on trouvera normal de vous appeller "Madame Schmoll" jusqu'à la fin de votre vie. Ou bien élevez-vous contre ce système absurde, et contribuez à généraliser l'usage de mademoidame.

samedi 5 novembre 2011

Comparaison n'est pas raison

Certaines personnes brandissent les violences faites aux femmes pour dénoncer la supposée frivolité de mademoidame. Les appellations traditionnellement réservées aux femmes et les violences qui leur sont faites ont pourtant un lien évident : elles incarnent un type de société où  les femmes sont assimilées à du mobilier appartenant à tel ou tel homme : au père d'abord (mademoiselle), au mari ensuite (madame). La discrimination entre "dames" et "demoiselles" correspond à ce qu'on appelle une société patriarcale. Plus la société l'est (patriarcale), moins les femmes ont de droits, plus elles sont considérées comme des choses. Répandre l'usage de mademoidame est donc loin d'être anodin. Appeler ou se faire appeler mademoidame, c'est une manière de sortir des schémas traditionnels. Mademoidame est l'équivalent exact de monsieur : une appellation neutre et pérenne qui fait des femmes des êtres à part entière, et non plus seulement des satellites ou du mobilier...