samedi 15 décembre 2012

Des sujets anecdotiques

Dès que l'on parle de mademoidame (ou du tout-madame des féministes orthodoxes ), certaines personnes s'empressent de qualifier le sujet d'anecdotique. D'après ces personnes, l'emploi de madame ou de mademoiselle dans la vie courante et administrative n'aurait aucune incidence sur la vie des femmes ; il serait vain de s'y intéresser, et encore plus vain de vouloir changer les pratiques ; ces questions détourneraient l'attention de sujets plus graves.
Il est vrai qu'il se passe des choses infiniment dramatiques de par le monde et même en bas de chez moi. Mais, à ce compte-là, il ne faudrait plus jamais parler de Carla Bruni ni d'aucun footballeur. Nous sommes dans une civilisation de l'anecdote. On ne cesse de nous échauffer l'esprit sur des questions marginales pour  nous faire oublier que de graves décisions sont en train de se prendre sans notre consentement. Le mariage pour tous est un de ces sujets à mes yeux. Je n'ai rien contre les homosexuel(le)s :  qu'ils et elles se marient si ça leur chante bien que je comprenne mal ce désir de conformité. Si, si, je sais, ils et elles veulent se marier pour avoir des enfants. Mais je n'en parlerais pas si je ne venais pas de lire sur lemonde.fr un article signé par Yvette Roudy, Thalia Breton et plusieurs autres personnalités. On vous y explique que le mariage pour tous doit - au nom de l'égalité, s'il vous plaît - mener à la procréation médicalement assistée mais surtout pas à la gestation pour autrui. En d'autre termes, seules les lesbiennes auraient le droit d'avoir des enfants ; les hommes gay, eux, seraient exclus de ce droit au nom de l'égalité.  On en rirait si ce n'était que ridicule. Mais c'est aussi, derrière une facade progressiste, carrément rétrograde puisqu'il il s'agit d'une exaltation du mariage et de la maternité. Ce combat prétendument féministe rappelle un peu celui des jeunes filles qui se battent pour porter le voile au nom de la liberté... Ce n'est pas en exaltant le mariage et la maternité qu'on va faire évoluer la condition des femmes. Ce combat touche une minorité de personnes ; il est infiniment plus anecdotique que la question madame/mademoiselle, qui concerne absolument toutes les femmes.


mercredi 5 décembre 2012

Spectacle

Il se donne à Paris un spectacle d'une heure quinze au cours duquel le présentateur dit au moins quarante fois  :  " Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ".  Vous vous représentez un vieux bonhomme postillonnant ?  Ce présentateur n'a pas trente ans. Il se croit super cool. Il introduit la seule fille du spectacle en évoquant son charme. Pour les autres, il parle de talent. La fille se donne le genre un peu dinde, comme pour répondre à ce qu'on attend d'elle. Entre deux numéros, le présentateur fait un tour de magie. Il fait monter sur scène un spectateur dont il se moque ouvertement. Tout le monde rigole, y compris l'intéressé. Même traitement pour les spectatrices bien entendu, après quoi on enchaîne : "Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs ! Voici maintenant..." Affligeant. Je ne parle pas seulement de la médiocrité du spectacle, mais de ce "Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs" répété comme un mantra, et aussi de cette façon de ridiculiser les spectateurs. Le public, 27 ans d'âge moyen, trouve que tout est normal.
Personnellement, quand il m'arrive de présenter un spectacle, je dis " Mesdemoidames et Messieurs". Et vous ?