mardi 18 novembre 2014

Quatre ans et demi de mademoidame

Déjà ?!

Ceci est le 99ème post de ce blog. L'occasion de changer  prochainement de formule, de format, de plateforme. Ce blog existe depuis trois ans et demi, quatre ans et demi si on tient compte du premier article paru en 2010 (d'abord sur un autre blog, puis rapatrié ici).
Au départ, je croyais naïvement qu'il suffisait de s'adresser à l'intelligence des gens : on leur expliquait en quoi la différenciation madame/mademoiselle est aberrante, illogique, ringarde et discriminatoire, et - sauf pour les plus cons - ils changeaient de vocabulaire. Soit ils adoptaient mademoidame, soit ils trouvaient un autre terme, soit ils se contentaient du madame universel, ce n'est pas la meilleure solution mais c'est toujours mieux que le binôme madame/mademoiselle.
Pourquoi, demandent les nouveaux venus, le madame universel n'est-il pas la bonne solution ? Parce que le mot madame renvoie à la femme mariée, à l'épouse de monsieur. Parce qu'il ramène les femmes à la maternité, alors que la vraie libération passe par un affranchissement de la maternité, laquelle devrait être une option et non une norme. Et, enfin, parce qu'il est plus facile d'ajouter un mot que d'en enlever un ; plus facile d'introduire le mademoidame universel que d'interdire aux gens de dire mademoiselle. Pour résumer.

Petit rappel historique

Depuis mes dix-huit ans, j'attendais sagement que les féministes veuillent bien s'emparer de la question des civilités. Les décennies passaient. J'ai fini par retrousser mes manches, écrire un premier article puis, en mars 2011, j'ai commencé ce blog. J'ai diffusé un communiqué de presse, mobilisé quelques amies, un magazine féminin a publié un entrefilet. J'écrivais à toutes sortes de sites et d'associations féministes, en vain. En mai 2011, finalement, j'ai reçu un mail d'Osez Le Féminisme : elles entamaient une réflexion sur le sujet. Il était temps. Une grosse association ne pouvait quand même pas se laisser doubler par une franc-tireuse.
Elles m'ont invitée à une réunion. Elles étaient une bonne vingtaine autour de tables disposées en  rectangle. J'avais fait une insomnie la veille et j'avais l'impression que mon oral ne se déroulait pas au mieux. À part les deux responsables, qui avaient du savoir-vivre, les autres étaient ouvertement hostiles : des filles de vingt-cinq trente ans, certaines terriblement prout-prout, qui pinçaient les narines et repoussaient avec mépris le papier que j'avais distribué. J'étais quand même drôlement contente d'être là, drôlement contente de voir que ça bougeait enfin. La suite de l'histoire est connue : grâce à leur force de frappe, les demoidames d'OLF ont lancé un débat quasi national en septembre 2011. Pour la première fois en France, on a évoqué à grande échelle, dans les médias, ce qu'implique d'être appelée mademoiselle ou madame. Encore ne s'agissait-il que du traitement administratif (suppression de la case mademoiselle), mais c'était déjà énorme.

Vous avez dit "indépendante" ?

Tout au long de ce blog, j'ai essayé de montrer la complexité de l'emploi des civilités, ainsi que le véritable tabou que ce sujet constitue. À l'époque où j'essayais de nouer des contacts avec les féministes, j'écrivais aussi à des universitaires, sans plus de succès. Il y aurait des thèses à faire sur les occurrences et les polysémies de madame et de mademoiselle. Mais nous sommes en France, pays du snobisme intellectuel, à l'époque du conformisme absolu instauré par les réseaux sociaux. Une petite bonne femme sur Blogger ne peut pas avoir quoi que ce soit d'intéressant à dire, voyons ! Si encore chacun de ses articles était suivi de cinquante commentaires et d'autant de partages sur Facebook ! C'est vrai que je ne me suis pas foulée pour la promo. Je n'ai pas entretenu le réseau des mademoidames, pas sollicité mes amis pour poster des commentaires, pas écrit au moins un article par semaine, bref, je n'ai rien fait de ce qu'il aurait fallu pour devenir populaire - ce mot détestable. Pire, j'ai tenu des propos antinatalistes et je suis contre la pénalisation des clients de la prostitution, qui sera impossible à appliquer et rendra la condition des prostituées encore plus difficile. Le discours ambiant nous enjoint à l'authenticité, mais la seule authenticité admise est celle qui reste dans les rails.

La suite

Alors, quelle suite à donner à cette centaine d'articles ? Ce blog a peut-être déjà rempli sa fonction et il n'y a rien de plus à faire. D'un autre côté, j'aime toujours autant le mot mademoidame et je n'ai pas envie de le laisser tomber. Mais comment promouvoir un mot ? Il faudrait s'y prendre autrement. Oui, mais comment ? Euh, je peux obtenir un délai de réflexion jusqu'au centième article ?








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