Pour vraiment abolir la prostitution, il faudrait abolir tout marché, jusqu'à la possibilité de faire du troc. Or, le capitalisme a triomphé. Tout s'achète et tout se vend : les semences végétales, les organes humains, la gestation pour autrui, pourquoi pas un service sexuel ? Il se trouve des prostitué(e)s pour vouloir exercer leur activité librement : au nom de quelle morale les en empêcherait-on ? Les abolitionnistes rétorquent qu'il y a peu de prostituées indépendantes et qu'il faut abolir la prostitution pour sauver les femmes enrôlées de force. En ce cas, le débat devrait porter moins sur la prostitution que sur les organisations criminelles. Mais ce serait pour l'Etat une manière d'avouer son impuissance face aux mafias. Mieux vaut s'en prendre aux clients, plus faciles à épingler. La prostitution disparaîtra peut-être des rues de Paris mais elle refleurira dans les salons de massage, sur Internet et/ou à quelques milliers de kilomètres, la distance n'est plus un problème. Et on ne voit pas comment la prostitution, même un instant éradiquée de notre territoire, ne réapparaîtrait pas en un clin d'oeil puisqu'on est en pleine récession. A supposer qu'une politique prohibitionniste puisse être la solution, le moment est mal choisi.
Bien que le mouvement abotionniste soit porté par les féministes, la prostitution ne concerne pas uniquement les femmes et toutes ne sont pas contraintes de se prostituer par un réseau de proxénétisme. Il existe des prostitués hommes ; il y a des prostituées femmes indépendantes qui revendiquent le droit d'exercer leur activité de manière indépendante ; c'est peut-être avant tout un problème de gangstérisme, d' "entreprises" illégales et/ou de contrôle de l'immigration. Les prohibitionnistes, aussi bien intentionnés soient-ils, rappellent un peu la médecine allopathique qui traite les symptômes faute de savoir s'attaquer aux causes. Quant aux personnes qui en viennent à se prostituer, elles seront condamnées à une clandestinité accrue, donc à plus de dangers. Au fait, quelle reconversion proposera-t-on aux futur(e)s ex-prostitué(e)s ? Mademoidame Valaud-Belkacem aurait-elle oublié de penser à ce détail ?
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