jeudi 1 mars 2012

Ecrivain ou écrivaine ?

Si je me dis écrivain plutôt qu’écrivaine, c’est pour répondre à ma vocation d’enfant. Quand j’étais petite, je voulais devenir écrivain. On ne disait pas encore écrivaine. Pour une femme, on disait romancière, mais c’était limitatif. Aujourd’hui, il y a des écrivaines, des cheffes, des agentes. Il y a des mairesses qu’on appelle Madame Le Maire ou Madame La Maire. Les femmes continuent d’être sous représentées politiquement, d’occuper majoritairement des emplois subalternes ou, quand elles montent dans la hiérarchie, de se cogner la tête contre le fameux « plafond de verre ».  Je voudrais bien croire en la féminisation des noms de métiers comme je crois en mademoidame.  Il est surprenant que je n’y croie pas, si je crois à la dimension symbolique du langage.  Il est arrivé que cette contradiction me réveille en pleine nuit. En toute logique, il faudrait croire à la féminisation des noms de métiers et me dire écrivaine. Oui, mais pourquoi ne dit-on jamais d’une femme qu’elle est médecine ? Et pourquoi cette demoidame de trente-deux ans se présente-t-elle comme avocat ? L’autre jour, à la piscine, j’ai voulu connaître le féminin de maître nageur.  La maîtresse nageuse m’a expliqué que sur son bulletin de paie, il y a écrit maître nageur. Dira-t-on un jour enfante, pour petite fille ? C’est joli, enfante, ça fait penser à infante. La vie des infantes d’Espagne ne devait pas être drôle.


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